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Au Tibet, «les restrictions sont de plus en plus nombreuses et dans … – RFI

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Alors que l’ONG Human Rights Watch publie un rapport sur la répression chinoise au Tibet, entretien avec l’ethnologue Katia Buffetrille, spécialiste du Tibet à l’École pratique des hautes études (EPHE).
« Les officiels chinois considèrent les moines comme des dissidents potentiels », peut-on lire dans un nouveau rapport de l’ONG Human Rights Watch intitulé Poursuivez-les avec une puissance impressionnante. L’organisation y dénonce la condamnation à de lourdes peines de prison de quatre moines et la répression qui s’abat sur le Tibet.
RFI : Dans son nouveau rapport, Human Rights Watch dénonce les peines de prison infligées à quatre moines du monastère Tengdro dont le seul tort était d’avoir envoyé des messages ou des dons à l’étranger. Diriez-vous qu’il s’agisse là de condamnations exceptionnelles et sans précédent ?
Katia Buffetrille : Le monastère de Tengdro est situé dans la Région autonome du Tibet, non loin de la frontière népalaise. Un moine de ce monastère ayant oublié son téléphone dans un restaurant de Lhassa où il était en déplacement, le tenancier l’a remis à la police qui en a examiné le contenu. Voyant que ce moine avait envoyé de l’argent au Népal afin d’aider ses compatriotes réfugiés qui avaient été frappés par le tremblement de 2015, la police de Lhassa a organisé une fouille du monastère et de toutes les maisons du village dont un membre était au monastère. Des moines ont été arrêtés et l’un d’eux s’est suicidé. Quatre moines ont reçu respectivement 20, 19, 17 et 5 ans de prison pour avoir échangé des messages avec des Tibétains exilés, ou donné de l’argent pour aider à la reconstruction d’un monastère, ou pour avoir possédé de la littérature sur le Dalaï-lama.
Ces peines sont d’une sévérité extrême, mais elles ont malheureusement quelques précédents. Déjà en 2008, Wangdu, un jeune Tibétain qui travaillait dans une ONG, a été condamné à la prison à vie pour avoir envoyé à l’étranger des informations sur la situation au Tibet. Dans une autre affaire, Dorje Tashi, un riche entrepreneur de Lhassa, a reçu le même châtiment en 2010 pour avoir envoyé de l’argent au Dalaï-lama.
D’après un journal tibétain de l’exil, les autorités locales ont interdit aux résidents de Lhassa de communiquer avec leurs parents vivant à l’étranger. Les restrictions sont de plus en plus nombreuses et dans tous les domaines. Les autorités locales ont tellement peur d’être accusées de ne pas « maintenir la stabilité » qu’elles édictent de nouvelles lois de plus en plus répressives.
► À  lire aussi : Chine: un moine tibétain de 19 ans décède suite aux tortures subies en détention
Le gouvernement chinois, considère-t-il d’office les moines et les nonnes tibétaines comme des éléments subversifs potentiels ?
C’est effectivement le cas. Il faut rappeler que jusqu’en 2008, l’année où tout le plateau tibétain s’est embrasé lors d’un soulèvement, toutes les manifestations contre l’occupant chinois ont été menées par des moines. Ce sont aussi des moines et des nonnes qui se sont immolés dans un premier temps. La raison en est que les religieux n’ont pas de famille à charge et que donc s’ils sont tués, ils ne laissent personne derrière eux.
Les monastères sont effectivement considérés par les autorités chinoises comme des lieux de subversion. Le rôle d’école qu’ils remplissaient traditionnellement a été supprimé. Depuis 2018, les moines formés en Inde et rentrés au Tibet n’ont plus le droit d’enseigner, et depuis 2019, il n’est plus autorisé d’y enseigner la langue tibétaine, alors que cet enseignement est progressivement interdit dans tout le Tibet (Région autonome du Tibet ou RAT, ainsi que Kham et Amdo, situés dans les régions chinoises du Sichuan, Yunnan, Gansu et Qinghai).
Cette façon de surveiller les réseaux sociaux et d’interdire de communiquer avec l’étranger rappelle la situation observée au Xinjiang. La vie quotidienne des Tibétains ressemble-t-elle à présent à celle des Ouïghours au Xinjiang ?
La situation des Tibétains est excessivement préoccupante, mais ne connaît pas (encore) la répression extrême que connaissent les Ouïghours. Nous n’avons pas d’exemple de camps d’enfermement tels que ceux du Xinjiang, ni de preuve concrète de travail forcé. Mais on sait qu’il existe des centres de formation de style militaire destinés à des nomades et villageois tibétains pour les « éduquer » afin de leur permettre d’accomplir des travaux peu qualifiés dans l’industrie manufacturière ou le secteur des services et les faire ainsi entrer dans l’économie mondiale des travailleurs d’usine. Bien évidemment, seul le mandarin est autorisé dans ces centres.
Une fois « éduqués », les Tibétains sont « encouragés » à trouver du travail en dehors de la Région autonome du Tibet (RAT). En quittant leurs terres, leurs pâturages, ces Tibétains abandonnent des lieux dans lesquels étaient inscrits leur système de vie et leurs croyances traditionnelles.
► À lire aussi : Chine: «Le gouvernement importe au Tibet des pratiques déjà éprouvées au Xinjiang»
Quelles mesures de surveillance sont imposées aux Tibétains ?
Un système très sophistiqué de surveillance a été installé à partir de 2011 par Chen Quanguo, le secrétaire du Parti dans la RAT jusqu’en 2016, date à laquelle il a été nommé au Xinjiang. Par ailleurs, toute manifestation d’intérêt pour la culture, la religion et la langue tibétaine ou encore le Dalaï Lama est criminalisée et conduit à une accusation de « séparatisme ». L’histoire des relations sino-tibétaines est réécrite par le Parti communiste chinois dans le but de légitimer l’incorporation du Tibet au sein de la République populaire de Chine, et toute personne manifestant un quelconque doute sur cette version historique se voit accusée de « nihilisme historique », une faute très grave.
Ajoutons que les Tibétains, pour qui le paysage est habité par des divinités, voient leur environnement détruit par l’exploitation minière, les barrages, les routes et autres travaux d’infrastructure. Contraints d’abandonner leurs terres, leurs pâturages, ils continuent à lutter, parfois pour se retrouver en prison. Mais de nombreux jeunes se sont tournés vers des études centrées sur l’écologie afin d’utiliser leurs connaissances pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Et les intellectuels, les artistes expriment souvent leur tristesse devant les attaques contre la culture et l’environnement au travers d’écrits, de chansons, de peintures ou de films.
Les Tibétains vivent-ils aujourd’hui dans leur pays comme dans une prison à ciel ouvert et dans la peur que leur culture ne disparaisse ?
C’est exact. Depuis 2014, une politique d’assimilation est mise en avant et même théorisée avec des chercheurs comme Ma Rong, Hu Angang et Hu Lianhe. Tous trois partagent l’idée que le futur de la Chine dépend de la réalisation, dans la pratique et pas seulement dans la rhétorique, de l’idée de « zhonhua minzu », c’est-à-dire d’une nation chinoise dans laquelle les catégories d’identités ethniques seraient éliminées.
► À écouter aussi : JO 2022: Pékin furieux suite aux appels au boycott
*Katia Buffetrille, L’âge d’or du Tibet, Les Belles Lettres, 2019
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