C’est un chaton qui n’a rien à voir avec l’animal, imbattable générateur de clics. L’hébergeur web associatif vannetais ?Kaz, membre du Collectif des Hébergeurs alternatifs transparents, ouverts, neutres et solidaires (un chaton, donc), fête sa première année d’existence. Sa raison d’être ? « ?On ne souhaite pas que nos clients donnent leurs données, résume François Merciol, enseignant-chercheur en informatique à l’IUT de Vannes et au laboratoire Irisa, membre fondateur de Kaz. On les invite à se désintoxiquer des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, NDLR). Vos données ne sont pas utilisées que pour vous faire de la pub, mais aussi pour influencer vos comportements d’achat et de vote. Les Gafam revendent ça en France. On a aussi eu le Fisc qui a demandé à Facebook de recenser les signes extérieurs de richesse ».
En un an, 90 associations du Morbihan ont ouvert un compte chez Kaz. Parmi elles, Terre de Liens Bretagne. « On avait décidé d’utiliser des outils libres. Il était logique de chercher un Chaton, indique Yannick François, administrateur de l’association. On récolte des données, et pour nous c’est important d’en prendre soin. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’on peut rencontrer les gens de Kaz, même si à la fin il est question d’octets qui se baladent ». L’hébergeur morbihannais, qui dispose de deux serveurs, l’un à Rennes, et l’autre à Vannes, propose, entre autres, outre le mail et la messagerie instantanée, un espace de stockage en ligne (Nextcloud), des logiciels libres packagés (comme Garadine pour la comptabilité). « C’est compatible à 100 % avec la suite Microsoft, précisent les membres de Kaz. Et les applications de Kaz permettent de passer du téléphone à la tablette et à l’ordinateur ».
Autre aspect de la personnalité de ce chaton numérique : la sobriété. « Quand on envoie une photo de son dessert, ça reste chez les Gafam pendant des années. Cette photo continue à consommer de l’espace sur les serveurs, de l’énergie. Mais quand ça passe chez Kaz, on met ces pièces jointes dans un dépôt provisoire. On n’envoie qu’un lien, pas le fichier », explique François Merciol. Au bout d’un mois, la pièce jointe est détruite et ne consommera plus. « On ne connaît pas de système équivalent ailleurs dans le monde », ajoute l’enseignant-chercheur. Les huit samouraïs de Kaz ont aussi pensé leurs prix en fonction du coût environnemental : « Pour 0 €, on a 1 giga par an. Après si on veut consommer, vu que c’est polluer, ça devient payant ».
Contrer le tsunami des Gafam, une ambition démesurée ? « C’est une question que je ne me pose pas. Je n’ai rien à cacher a priori, mais je veux tout cacher aux ogres. Plus on est nombreux, plus ce sera viable », tranche Mahdi Salhi-Colin, membre du CA de l’association Ty Tango UCK-Nef, venu assister à une réunion publique de Kaz en septembre. « C’est un acte très militant, reconnaît François Merciol. Il y a des gens qui circulent en 4×4 sur une autoroute Google. Nous, on crée un petit chemin de campagne ».
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