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Kazakhstan: Janaozen, aux origines de la révolte – RFI

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Cela fait deux semaines que la contestation sociale et politique a commencé au Kazakhstan. La colère a démarré très exactement à l’est du pays, dans une zone pétrolière où les inégalités sont criantes. Le prix du gaz a plus que doublé le 2 janvier, de 50 tenge, la monnaie locale, à 120. Une augmentation subite qui a rendu le carburant inaccessible à la majorité de la population qui peine déjà à joindre les deux bouts.
De notre envoyée spéciale à Janaozen, Anissa El Jabri
À Janaozen, il y a dix ans déjà, des protestations contre les inégalités et la corruption avaient été noyées dans le sang. Cette fois-ci, les menaces ont suffi à faire rentrer les protestataires chez eux au bout de quelques jours. Pas de raid de la police ni d’enquête non plus, en tout cas pas encore. Les habitants ont signé une pétition pour demander qu’on les laisse tranquilles et la parole y est plus libre qu’ailleurs dans le pays. Rappel tout de même du calme précaire qui règne, à l’entrée de la ville rebelle située à une heure et demie du premier port pétrolier sur la mer Caspienne, Aktau, et ses grues géantes, sont installés voitures de police, blindés militaires et barrage. Le coffre des voitures est systématiquement fouillé.
À la sortie de Janaozen, des bâtiments en ciment parfois inachevés, des étendues jaunes et sèches à perte de vue. Sur une terre pelée, tous les deux ou trois mètres, quelques chameaux se promènent au milieu des puits de pétrole en action ; parfois le champ d’exploitation est en dessous du niveau de la mer.
Cinquante à 60 degrés en été, -15 degrés l’hiver, mais avec des rafales qui peuvent atteindre les 25 mètres par seconde. Ici, rien ou presque ne pousse, et les serres de l’époque soviétique sont à l’abandon. Quatre-vingt-dix pour cent des fruits et légumes sont importés d’Iran ou d’Azerbaïdjan. En dehors des cadres de l’industrie pétrolière, les revenus de la majorité des habitants sont très bas et le sentiment d’être des citoyens de seconde zone est lancinant. 
Même pour ceux qui travaillent, comme Boljan Dastanov, 55 ans, conducteur de machine dans une entreprise pétrolière : « Ici, les gens ordinaires mènent une vie très dure, raconte-t-il. Certains vivent dans des sous-sols, dans des kiosques. Pour acheter une voiture ou un appartement, ils n’ont pas d’autre choix que de prendre un crédit. Et les taux d’intérêts sont très élevés ; on nous dit que c’est 18%, mais en fait, c’est plutôt 40% à 50%. On trompe les gens. Beaucoup sont morts en se jetant par la fenêtre, parce qu’ils ne pouvaient plus payer, parce qu’on saisit leur appartement. Ici, c’est le féodalisme. Nous ne faisons pas confiance au gouvernement, en aucune façon. Parce qu’ils nous mentent depuis trente ans. Ils ne nous considèrent pas comme des êtres humains. Pour eux, nous sommes des cafards. »
Révolte contre les conditions de vie, révolte contre la corruption « C’est effrayant la façon dont les autorités volent. Ici, c’est le pays des bandits, lance-t-il. Et le président est le patron des bandits. La police, elle, ne travaille pas pour le peuple, seulement pour le gouvernement. »
► À écouter aussi : [Témoin d’actu] Kazakhstan: comment sortir d’un régime autocratique et corrompu
Dans les quartiers populaires, des immeubles des années 1960 en briques d’un mauvais béton, rafistolés avec du contreplaqué et de la tôle. Dans un éclat de rire, notre chauffeur désigne le décor : « Voilà Dubaï ! » Dans un article de Novaïa Gazeta il y a dix ans, une habitante disait : « Quand j’ai vu les images de Dubaï, j ai pleuré. Ils ont du pétrole depuis beaucoup moins longtemps que nous. »
Les meneurs des protestations sont révoltés, mais aussi déterminés. Comme Jolaman Seilov qui, à 38 ans, vit de petits boulots : « Nous, le peuple, on veut obtenir le retour à la Constitution de 1993, où il était écrit que les présidents, les gouverneurs des régions, les maires doivent être élusOn veut la fin du vieux système, que les vieux s’en aillent et, à leur place, on veut des cadres jeunes, intelligents, qui vont construire de nouvelles usines, relancer le marché du travail avec des technologies innovantes, américaines, européennes. On veut des gars qui ont été éduqués aux États-Unis et en Europe, qui ont vu la démocratie, l’ont touchée, l’ont vécue. Pour qu’ils viennent, prennent les rênes du pouvoir et s’occupent du développement du Kazakhstan. »
Dans ce pays issu de l’explosion de l’Union soviétique il y a 30 ans, chez les protestataires, ils sont nombreux à faire le lien entre de meilleures conditions de vie et la démocratie. Pessimiste, une source occidentale imagine, elle, plutôt à court terme ce scénario pour le pays : « Les parts du gâteau vont peut-être être mieux redistribuées, mais ce sont toujours les mêmes qui vont les couper. »
À lire aussi : Kazakhstan: à Nur-Sultan, la colère populaire est toujours là, les inquiétudes aussi
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