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C’est une petite révolution dans la stratégie épidémique chinoise. À partir de lundi prochain, les habitants de Pékin qui souhaitent accéder à divers lieux publics devront présenter une preuve de vaccination contre le Covid-19. Jusqu’à présent, le vaccin n’avait jamais été associé au passe sanitaire en Chine.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Le rebond du variant Omicron est partiellement maîtrisé à Pékin, mais c’est de nouveau l’été de tous les dangers dans la Cité interdite. La municipalité ne peut pas empêcher une année de plus ses résidents de partir en congés, et surtout d’en revenir avec le risque de ramener des contaminations en ville. D’où cette accélération de la vaccination obligatoire pour entrer dans les lieux de divertissement, les équipements sportifs et les lieux de formation. « Dans les lieux publics, en particulier les espaces fermés où les gens se rassemblent, une fois qu’une source cachée d’infection pénètre, il existe un risque élevé de transmission du virus, ce qui aura un effet “amplificateur d’épidémie” », a confié Li Ang, le directeur adjoint de la commission de la santé de la capitale dans une conférence de presse mercredi.
Pour accéder aux « lieux fréquentés », les Pékinois devront présenter leur QR code sur lequel figure la date de leur dernière injection contre le Covid-19. Les personnes venues de l’extérieur devront présenter une preuve de vaccination. Les personnels soignants, les agents des comités de quartiers et les livreurs notamment seront astreints à une dose de rappel pour pouvoir travailler. Les autorités ciblent en priorité les personnes âgées. Mais si 80% des Pékinois disposent d’un schéma vaccinal complet, une partie des seniors continuent à se méfier de la piqûre.
Il n’y a pas la file d’attente des kiosques à tests covid sur le trottoir d’à côté, mais le centre de santé communautaire de la rue Bai Jiazhuang à Pékin ne désemplit pas. Un jeune homme, qui travaille pour l’industrie médicale, un secteur qui s’est paradoxalement longtemps méfié des vaccins en Chine, témoigne : « Je viens parce que la politique a changé. Avant, j’hésitais… je n’étais pas sûr de la sécurité des vaccins. Et puis à Pékin, il n’y a pas grand risque d’attraper le virus, la vaccination ne fait pas grande différence. »
Pourquoi se faire vacciner au pays du « zéro covid », ou depuis le début de la pandémie les autorités étouffent les clusters à mesure qu’ils reviennent, à grand renfort de mesures coercitives ? Dans la salle d’attente, cette enseignante trouve que l’obligation de la présenter une preuve de vaccination pour aller au karaoké ou au cinéma est une contrainte supplémentaire : « Je suis là parce que le gouvernement fait pression, mais je ne pense pas que le vaccin soit vraiment nécessaire, en tous cas ils nous protègeront pas à 100 %. Je ne sais pas si on peut le dire, mais c’est quand même une façon encore de restreindre notre liberté. »
Les restrictions sanitaires de retour pendant 7 jours à Xi'an (centre de la Chine). A compter de ce soir minuit, 3 zones de confinement (2 risque moyen, 1 haut risque) + les écoles sont en vacances plus tôt, bars & restaurants ne servent qu'à emporter. https://t.co/IjHOFSIzdO
Liberté sous « zéro covid », des affiches sur le trottoir incitent les plus âgées à venir compléter leurs parcours vaccinaux contre de boîtes de lait et des bouteilles d’huile pour contribuer à la « grande muraille de la santé ». Autrefois c’était des œufs, des shampoings. Insuffisants face au senior qui comme ce septuagénaire a jusqu’à présent trouvé des excuses pour échapper aux injections : « Avant on devait faire un test covid tous les jours, maintenant c’est une fois tous les 3 jours, donc je peux me faire vacciner. »
Conditionner l’accès aux lieux publics aux personnes vaccinées contre le Covid-19, l’idée n’est pas nouvelle. Des essais ont été menés il y a tout juste un an dans plusieurs provinces de l’est et du sud de la Chine, notamment pour entrer sur les campus. Mais l’essai n’avait pas été validé à l’époque par le gouvernement central. Cette fois, la mesure entre en vigueur dans la capitale chinoise, longtemps considérée comme une bulle sanitaire dans la bulle sanitaire.
► À lire aussi : Chine : face au Covid-19, la grande ville de Xi’an ferme ses portes
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