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Affaire Alila : "J'ai vu des personnes trembler en réunion", d'ex … – France 3 Régions

Après l’ouverture d’une information judiciaire le 16 janvier 2023 contre Hervé Legros, le PDG du promoteur immobilier Alila, plusieurs ex-salariés témoignent à France 3 du climat de travail très tendu qui régnait au sein du siège de l’entreprise à Lyon. L’avocat du promoteur dénonce une opération judiciaire disproportionnée.
Hervé Legros est dans la tourmente. Le PDG du promoteur immobilier Alila, dont le siège est à Lyon, fait l’objet d’une enquête pour abus de biens sociaux et infractions liées au droit du travail, comme nous le révélions lundi 16 janvier. L’homme d’affaires a été interrogé en garde à vue avec son épouse pendant plusieurs heures, avant de ressortir libre en milieu de matinée ce mardi 17 janvier. Le siège de son entreprise, qui dispose d’agences un peu partout en France, a aussi été perquisitionné dans le cadre de l’information judiciaire qui a été ouverte. 
En marge de l’enquête, plusieurs ex-salariés d’Alila nous ont confié de manière anonyme que les conditions de travail dans les locaux du promoteur immobilier spécialisé dans le logement social pouvaient virer à l’enfer certains jours. 
“S’il n’avait pas le sourire, on savait qu’on allait passer un mauvais moment”

C’est d’abord la personnalité d’Hervé Legros qui est pointée du doigt. “La tête qu’il avait en arrivant dans les locaux le matin conditionnait notre journée de travail. S’il n’avait pas le sourire, on savait qu’on allait passer un mauvais moment”, témoigne Sandrine*, une ex-collaboratrice du groupe. “Il avait une emprise sur les gens. Quand il humiliait quelqu’un, il répétait continuellement que cette personne était nulle, mauvaise. J’ai vu des personnes trembler en réunion. Il y a eu des scènes où tout le monde pleurait dans un bureau”, poursuit cette ancienne salariée. 

Plusieurs autres personnes nous ont confirmé que Hervé Legros pouvait se comporter de manière “odieuse”. “On était des étudiants pour lui. Il se prend pour Dieu. Il y avait un manque de respect important envers les salariés avec des insultes”, confie Delphine*, une autre ex-employée. 
“Il nous traitait comme des moins que rien. C’est un psychorigide”, confie un troisième ex-salarié.
Le groupe Alila nie les faits reprochés au PDG Hervé Legros. Maître Jakubowicz, son avocat, affirme par téléphone qu’il n’y a rien de concret, selon lui, dans les accusations des plaignants. Il dit aussi ne pas vouloir “mettre une pièce dans la machine” autour de cette affaire et a refusé les demandes d’interview sur notre antenne. Sur Twitter, ce dernier a interpellé la presse locale : “quand vous annoncez en grande pompe la garde à vue d’un chef entreprise vous pourriez aussi promptement  informer de la levée de cette garde à vue après 2 heures d’audition ?”  

De son côté, l’avocat de cinq ex-salariés, maître Thibault Geffroy, dresse un parallèle entre tous les témoignages : “Le vecteur commun de tous ces dossiers, c’est ce sentiment d’être dévalorisé dans son travail, de n’être absolument pas considéré en tant que personne”. L’avocat des plaignants, qui sont à l’origine de l’ouverture de l’enquête, attend de la justice qu’elle établisse si ces cas peuvent être définis comme du harcèlement moral, une notion très encadrée par la loi. 
Ce manque de respect présumé du PDG d’Alila pour ses troupes a provoqué un très fort turn-over au sein des effectifs. “Je suis restée presque un an et quand je suis parti, 50% des gens qui étaient là à mon arrivée étaient déjà partis”, révèle Delphine. 
Selon elle, beaucoup de nouvelles recrues étaient licenciées avant la fin de la période d’essai. Selon nos sources, Hervé Legros avait “de l’emprise sur ses collaborateurs” et quand un profil ne lui plaisait pas il pouvait pousser le salarié en question vers la porte de sortie. 
“On a l’impression que le salarié est une sorte de défouloir”
avocat des plaignants
Les nombreuses heures supplémentaires que dénoncent les ex-salariés, sont aussi étudiées par maître Thibault Geffroy. Il y a “une problématique liée aux horaires de travail, et tous ces éléments mis bout à bout contribuaient selon eux à une véritable dégradation de leurs temps de travail. On a l’impression que le salarié est une sorte de défouloir”, ajoute l’avocat. 

Autre pratique dénoncée par les ex-salariés, Hervé Legros aurait obligé ses effectifs à travailler en présentiel en pleine épidémie de Covid-19, alors que de nombreux postes sont compatibles avec du télétravail au sein de l’entreprise.
Alertée par des salariés, l’inspection du travail aurait alors réalisé une visite dans les locaux de l’entreprise. Ce qui aurait poussé le PDG d’Alila à mentir concernant le travail en présentiel, selon les plaignants. 
Ni Hervé Legros, ni son épouse ne se sont exprimés publiquement depuis le début de cette affaire. Dans un communiqué publié à 16h ce mardi, le groupe immobilier affirme que “le dirigeant du groupe et son épouse ont pleinement coopéré avec les autorités” et que le PDG est de retour au siège de son entreprise cet après-midi “afin de rassurer les équipes”. 

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