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3 décembre 2022
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Un programme de formation à l’accueil de sportifs handicapés dans les clubs valides est lancé par le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) ministère des Sports et le CPSF. Nommé Club inclusif, il est doté de 2,2 millions d’euros par le Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, avec l’objectif de sensibiliser et accompagner 3.000 clubs sportifs d’ici 2024. Ce programme expérimenté à Paris vise 2% des clubs sportifs français dans la perspective d’accroître la part des personnes handicapées qui pratiquent un sport.
L’amélioration des conditions de cumul d’une pension d’invalidité avec un éventuel revenu d’activité vient d’entrer en vigueur. Est désormais laissée aux bénéficiaires la moitié de la rémunération dépassant le niveau de celle qui sert de base de calcul de la pension. Par exemple, un pensionné en 2e catégorie percevant 750€ (soit la moitié de son salaire de référence de 1.500€) travaille pour 1.000€ par mois, ce qui établit son revenu mensuel à 1.750€ : il conservera la moitié des 250€ excédant le salaire de référence. Mais ce nouveau mode de calcul s’applique aux salaires inférieurs au plafond de la Sécurité Sociale, 3.428€ par mois, ce qui a un impact négatif pour les pensionnés qui travaillent pour un salaire relativement élevé dénonce la FNATH : elle cite notamment la situation d’une cadre employée chez Airbus avec un salaire de 2.500€ et dont la pension est supprimée parce que le cumul des deux lui fait dépasser ce plafond de la Sécu. Initialement prévue pour le 1er avril dernier, l’application du décret modifiant ce cumul a été retardée au 1er décembre pour raisons informatiques, mais est rétroactive.
L’Autorité de régulation des télécommunications (Arcep) publie les statistiques d’utilisation des deux centres-relais par applis mobiles RogerVoice et Free-Deafi pendant le 3e trimestre. Elles montrent une baisse générale des indicateurs : 4,4% d’utilisateurs uniques en moins qu’au second trimestre, -6,3% de conversations pour une durée totale 4,8% en moins. Contrairement aux précédents trimestres, l’Arcep s’abstient de commenter celui-ci, peut-être par lassitude de constater une absence de progression : si les utilisateurs de Langue des Signes Française consomment 1/6e de leur quota de 3 heures mensuelle (soit 30 minutes), ceux qui recourent aux transcriptions automatiques ou par opérateur emploient moins de 20 minutes. Cette faiblesse globale trouve son origine dans la piètre fiabilité des deux centre-relais comme en témoignent les indicateurs de prise en charge : 28% des locuteurs LSF obtiennent un interprète en ligne en moins de 3 minutes, et 21% abandonnent pendant l’attente.
Malgré sa petite taille, sa surdité et sa faiblesse physique, le prince Bojji est formé par Messire Despas pour devenir le plus fort des prétendants au trône du Royaume de Bosse (lire l’actualité du 8 novembre 2022). Bojji choisit une arme étonnante et terriblement efficace, outre les arcanes qui lui sont enseignées. Pendant ce temps, son frère Daida devenu roi est confronté à un complot qui vise officiellement à lui donner la force du roi Bosse mais dont l’objectif est bien différent. Comment sa résistance sera-t-elle contournée ? Le 4e tome du manga Ranking of Kings poursuit la confrontation du gentil prince avec la cruauté du monde médiéval dans lequel il évolue, bardé de violence, de pratiques de sorcellerie et de trahison, mais aussi d’amitiés fortes. Ranking of Kings T4, par Sosuke Toka, éditions Ki-oon, 7,65€ en librairies.
Interrogée en marge d’un déplacement, la ministre des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, n’a dans un premier temps pas voulu répondre à une question sur le plafonnement du budget de l’Agefiph prévu par l’article 15 du projet de loi de finances pour 2015 (lire aux 26 et 24 novembre). Puis après avoir évoqué un groupe de travail visant à renforcer les actions en faveur de la formation et de l’emploi des travailleurs handicapés, placé sous l’égide du ministre du Travail et de sa collège chargée de la Formation professionnelle, Olivier Dussopt et Carole Grandjean, elle a fini par déclarer abruptement : « Il n’y aura pas de ponction, Monsieur. » Selon l’Agefiph, l’organisme financeur des aides à l’emploi de travailleurs handicapés a été assuré de disposer l’an prochain du même budget que les années passées, sans plafond prédéfini ni ponction. Son président, Christophe Roth, a annoncé l’objectif d’atteindre 4% de travailleurs handicapés en 2023 dans les entreprises assujetties à l’obligation d’en employer, et 5% d’ici fin 2025, en tirant argument des 200.000 offres d’emploi publiées sur le site web de l’organisme (aujourd’hui 177.239 annonces en fait).
L’Observatoire de l’accessibilité des chiens guides d’aveugles (Obac) publie son second rapport d’activité depuis l’élargissement en 2020 de son champ de compétences. Il retrace les diverses actions réalisées, entre élaboration d’une charte, modification de la réglementation des taxis parisiens, création d’un logo universel (trois en pratique), accès aux établissements scolaires ; à cet égard, le rapport le présente comme acquis avec la modification de deux articles du Code de l’éducation qui n’a pas été effectuée à ce jour. En matière de refus d’accès, l’observatoire n’a reçu que 41 plaintes sur les 5.000 maîtres de chiens-guide ou d’assistance en activité, et 13 de personnes accueillant ces animaux pendant la phase d’éducation. Les médiations et sensibilisations ont été privilégiées mais quatre impossibilités de dialogue ont été constatées et une plainte déposée. Le rapport constate ce faible nombre de signalements mais omet de mentionner parmi les différentes explications exposées le sentiment répandu qu’ils sont inutiles, faute de répression lorsque le dialogue est impossible.
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Le ministère des Personnes handicapées affirme que l’Agefiph conservera l’usage de la totalité de la contribution versée par les employeurs qui n’atteignent pas leur obligation d’emploi (lire plus bas au 24 novembre). L’article 15 du projet de loi de finances pour 2023 organise en effet le plafonnement à 442,4 millions d’euros de ses dépenses et le versement au budget de l’État du solde entre ce plafond et le total des contributions collectées. Le ministère affirme « nécessaire que la contribution au titre de [l’Obligation d’Emploi de Travailleurs Handicapés] y apparaisse pour que son produit puisse être affecté à l’Agefiph […] Cette taxe n’est pas plafonnée puisqu’elle n’apparaît pas dans le tableau inscrit à l’article 46 de la loi de finances pour 2012 qui établit la liste des taxes affectées plafonnées. » Cette justification est erronée, le nouveau tableau actualisant l’ancien qui a 10 ans d’âge. « L’ensemble du produit de cette taxe sera donc bien affecté à l’Agefiph […] étant entendu quel que soit le montant in fine collecté sera consacré à l’accompagnement des personnes handicapées conformément aux missions de l’Agefiph, poursuit le ministère. Cette information est présentée à titre indicatif, pour la bonne information des parlementaires lors du vote de l’article sur l’affectation du produit des différentes taxes. » Cette interprétation est contredite par l’exposé des motifs de l’article 15 : « Le présent article a pour objet d’assurer le contrôle et le suivi des ressources publiques affectées à des personnes morales distinctes de l’État [Il] perpétue le mécanisme de plafonnement annuel de certaines ressources affectées […] afin de mieux contrôler le niveau de ces ressources affectées, d’assurer leur adéquation avec les besoins liés aux missions de service public qui sont confiées aux bénéficiaires et de les faire participer au redressement des finances publiques par le biais d’une modération ou d’une réduction de leurs dépenses. » Contrairement à ce qu’affirme le ministère des Personnes handicapées, l’Agefiph verra bien ses dépenses plafonnées à 442 millions d’euros, et l’organisme Acoss qui collecte la contribution pour l’emploi versera à l’État la différence, soit plus de 110 millions pour 2023.
Le ministère de l’Éducation nationale lance une série de podcasts « Esprit d’équipe » pour vanter ses métiers. Le second de la première série de 4 est consacré aux Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap (AESH) au moyen de la parole de l’un d’entre eux. L’un, parce que c’est un homme qui s’exprime alors que ce métier est à 95% exercé par des femmes. Ce « un » s’appelle Michel Seillier et travaille au Lycée professionnel Julie Daubié à Laon (Aisne) qui compte 66 élèves handicapés. On suit cet homme âgé de 61 ans lors de la réunion bimensuelle des AESH du PIAL (Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé) qui fait le point sur l’évolution et les besoins des élèves aidés ; le planning de travail change en fonction des besoins des élèves, affirme Michel Seillier, omettant de préciser qu’il s’agit en fait de répartir les AESH en fonction de leur disponibilité. Pas un mot sur la précarité de l’emploi de ce « vrai professionnel de l’accompagnement d’élèves à besoins éducatifs particuliers », comme le nomme le Proviseur du lycée, ni sur son salaire de moins de 900€ mensuels et l’absence d’évolution professionnelle.
Reportage sur mon rôle d'information clientèle pendant des grèves dans les transports M TAG
Pour le retrouver en entier n'hésitez pas à aller voir sur mon compte Tik Tok : Dylan_38212@actufr_grenoble @pabouger @carconducteur @STMTag pic.twitter.com/pbP0kVhGrh
Passée inaperçue, une disposition de l’article 15 du projet de loi de finances pour 2023 amputerait chaque année, si elle est adoptée, le budget de l’Agefiph. Cette association de financement d’aides pour l’emploi de travailleurs handicapés est en effet incorporée parmi les agences de l’État et autres organismes parapublics collectant des contributions soumises à un plafonnement de leur utilisation. En pratique, les dépenses de l’Agefiph seraient limitées à 442,4 millions d’euros, soit 111 millions de moins que la collecte de la contribution pour l’emploi réalisée en 2021 ; ces 111 millions seraient versés au budget de l’État par l’organisme sous-traitant de cette collecte, l’Acoss. L’exposé des motifs précise que cet article « perpétue le mécanisme de plafonnement annuel […] afin de mieux contrôler le niveau de ces ressources affectées, d’assurer leur adéquation avec les besoins liés aux missions de service public qui sont confiées aux bénéficiaires et de les faire participer au redressement des finances publiques par le biais d’une modération ou d’une réduction de leurs dépenses. » La direction de l’Agefiph n’a pas été informée de ce projet de ponction annuelle, alors que l’association a engagé pour 2022 un budget de dépenses de 570 millions. Interrogés sur cette nouvelle disposition et ses effets, les ministères de l’Économie et des Finances, des Personnes handicapées et du Travail n’ont pas encore apporté de réponse. Des ponctions au détriment de l’Agefiph ont déjà été pratiquées pendant les mandats présidentiels de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande (lire cet Editorial et cet article), mais sur des montants définis et limités dans le temps.
L’influenceur tétraplégique Romain Guérineau, alias Roro le Costaud, assure dans le quotidien régional La Nouvelle République qu’en 2021 le Duoday a débouché sur 20% d’embauches. Il relate également le déroulement de sa participation, la semaine dernière, à cette vaste opération de communication pour l’emploi qui consiste à ce qu’une personne handicapée passe une journée en compagnie d’un salarié. Toutefois le chiffre cité par l’influenceur est faux : « Les opportunités d’emploi générées par le DuoDay progressent largement en 2021 avec 17% des candidats en situation de handicap concernés, contre 10% en 2020 et 12% en 2019 » relève le bilan effectué en janvier 2022 par OpinionWay à la demande du Gouvernement. Mais sur 2.617 travailleurs handicapés interrogés, 13% ont bénéficié d’un stage ou immersion de quelques jours en entreprise, 5% d’un Contrat à Durée Déterminée, 3% d’un emploi pérenne en CDI et 2% d’une entrée en apprentissage ou alternance. Les embauches ne représentent donc que la moitié du chiffre que les ministres côtoyés par Roro le Costaud lui ont donné, sans que cet influenceur le vérifie.
Le premier « parastronaute » n’est pas Français mais Anglais. Désigné à Paris à l’occasion du conseil ministériel de l’Agence Spatiale Européenne, John Mc Fall a été amputé de la jambe droite après un accident en 2000, l’année de ses 20 ans. Chirurgien spécialiste en orthopédie et traumatologie, il a également mené une carrière sportive internationale en sprint. Il est sélectionné dans le cadre d’un « projet de faisabilité des parastronautes afin d’améliorer notre compréhension et de surmonter les obstacles que présentent les vols spatiaux pour les astronautes ayant un handicap physique », communique l’ESA.
Secrétaire d’État aux personnes handicapées de mai 2017 à mai 2022, Sophie Cluzel a créé avec son époux Bruno, le 17 octobre dernier, une société de conseil en entreprise, SC Conseil. Elle vise à « réaliser des prestations de conseil, notamment au profit du groupement d’intérêt économique (GIE) Klésia ADP » proposant « des services en matière de prévention et d’assurance, pour les entreprises, salariés et retraités » constate la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique qui publie aujourd’hui un avis de « Compatibilité avec réserves. » Parmi diverses précautions, elle « suggère à Madame Cluzel de la saisir avant de prendre pour client un organisme ou de prendre une participation dans une entreprise ayant des activités dans le secteur de l’aide aux personnes handicapées pendant une durée de trois ans suivant la cessation de ses fonctions. » Or Klesia conduit de multiples actions auprès de personnes handicapées, que ce soit dans le cadre de son coeur de métier mais également en finançant ou sponsorisant de multiples initiatives et événements, ce que la HATVP n’a visiblement pas remarqué.
Le projet de loi de finances (PLF) pour 2023 réduit de 8,5% le nombre d’aides au poste de travailleurs handicapés employés en Entreprises Adaptées (EA). Ce pourcentage est quasiment identique à l’augmentation du budget qui leur est consacré, +8,7% soit 467 millions d’euros de crédits d’État auxquels s’ajoutent 50 millions fournis par l’Agefiph. Cette forte augmentation permettra tout juste de couvrir la hausse mécanique des salaires du fait de l’inflation et de la revalorisation automatique du SMIC. Le rapport sénatorial qui analyse le projet de PLF 2023 relève que « le « changement d’échelle » ambitionné par l’engagement national du 12 juillet 2018 « Cap vers l’entreprise inclusive », avec un objectif de doublement des effectifs de travailleurs handicapés dans les entreprises adaptées, ne s’est pas produit. » Il engageait un doublement en 2022 du nombre de travailleurs en EA avec abaissement à 55% dans l’effectif global de la part de ceux qui sont reconnus handicapés, pour atteindre un effectif total de 80.000 salariés dont 44.000 handicapés (lire cet article). Deux actions expérimentales qui devaient s’achever fin 2022 seraient prolongées d’un an malgré un pauvre bilan : doublement à 2.250 du nombre de Contrats à Durée Déterminée en entreprises ordinaires dits « Tremplin » et multiplication par 6 de l’intérim en EA pour atteindre 800 équivalent temps-plein. Enfin, seulement 1/10e des crédits du Plan d’investissement dans les compétences (PIC-EA) ont été engagés, soit 5 des 50 millions prévus.
L’annonce, mercredi dernier, par le ministre de la Fonction et de la Transformation publiques, Stanislas Guérini, de la mise en accessibilité d’ici 2027 de « tous les sites et applications de l’État pour les citoyens et les agents publics » braque les associations. La Fédération des Aveugles de France « dénonce le mépris du Gouvernement. Initialement prévue en 2012, l’accessibilité numérique de l’ensemble des sites publics avait été reportée une première fois en 2020 et se voit de nouveau décalée. » Et le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) claque la porte du « groupe de travail sur l’accessibilité numérique prévue dans la perspective de la prochaine conférence nationale du handicap. » Il rappelle qu’une Directive Européenne obligeait à ce que tous les sites publics soient accessibles au 23 septembre 2020, et toutes les applications publiques à partir du 23 juin 2021. Mais comme le nombre de sites web et d’applis mobiles est inconnu, très certainement supérieur à 10.000, gageons qu’en 2027 l’échéance sera de nouveau repoussée. Lire en Editorial.
L’autorité de régulation de l’audiovisuel et du numérique (Arcom) publie son rapport annuel sur l’accessibilité des programmes et la visibilité des personnes handicapées à la télévision en 2021. Elle relève que les chaînes assujetties à l’audiodescription et au sous-titrage sourds et malentendants de leurs émissions dépassent leur obligation, et que la Langue des Signes Française demeure marginale ; outre quelques séquences d’information, France 2 a diffusé avec interprète LSF 12 heures de communication gouvernementale, TF 1 dix heures (dont la panthéonisation de Joséphine Baker) et 6Play un journal quotidien qui s’est arrêté le 26 novembre 2021 (ce que l’Arcom oublie de préciser). Par ailleurs, la visibilité des personnes handicapées à l’écran s’établit à 0,8% en 2021 (contre 0,6% l’année précédente) dans les périodes et programmes observés, soit dix fois moins qu’au Royaume-Uni ; en France, elles sont aux deux-tiers des hommes et à 90% perçues comme « blanches. »
« Tous les enfants ne peuvent pas être en milieu ordinaire. » Ce propos tenu le 8 novembre par le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, lors de son audition par le Sénat pour l’examen du projet de loi de finances pour 2023 fait polémique. Le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) vient de réagir : « Une fois encore le droit à la scolarisation d’enfants « handicapés » aura été remis en cause par principe […] L’acte II de l’école inclusive, annoncé lors du comité interministériel du handicap du 6 octobre dernier, ne saurait se résumer à une séparation entre les enfants qui pourraient être admis à l’école… et les autres ! Le CNCPH demande que le ministre puisse revenir sur ses propos et expliciter le sens qu’il souhaite donner à son action. » La tonalité de cette réaction publique témoigne d’une nette irritation d’un organisme qui privilégie ordinairement la discrétion des échanges avec le Gouvernement. Une dizaine d’associations a également réagi dès le 10 novembre, affirmant « Tous les enfants ont droit à l’école ! » et ajoutant : « Le ministre serait plus inspiré de s’attaquer aux causes du retard que notre pays accuse en matière d’accessibilité de notre école. » En fait, le ministre a évoqué un « système embolisé » et relevé le manque de places en Instituts Médico-Éducatif entraînant le versement d’enfants vers le milieu ordinaire. Il a également désapprouvé l’emploi d’AESH privés : leur existence « n’a absolument pas mon approbation et ma faveur », a-t-il déclaré, contredisant son administration centrale qui n’y voit rien à redire. Lire cette enquête.
Le dernier état de l’Observatoire de la qualité des démarches en ligne n’enregistre que 90 démarches considérées accessibles sur les 248 qu’il comporte, soit un taux de 36,3% de conformité sur 75% au moins des critères évalués. 3 formalités seulement sont auditées 100% accessibles mais l’une d’elle n’est pas réalisable en ligne : il s’agit de la « Demande d’AAH auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées » dont la télé-procédure n’est déployée que pour la moitié des MDPH. 15 autres formalités contiennent entre 90 et 95% de critères respectés (+2 en trois mois). Cette mise en accessibilité constituait l’un des deux axes d’action du précédent gouvernement pour améliorer, en faveur des usages handicapés, la dématérialisation de l’Administration, avec l’objectif d’atteindre 80% de démarches accessibles en ligne d’ici la fin de l’année. Cet objectif ne sera vraisemblablement pas atteint, et le gouvernement actuel ne semble plus s’intéresser à sa réalisation. Le ministre de la Fonction et de la Transformation publiques, Stanislas Guérini, vient en effet d’annoncer le lancement d’un « site internet unique pour orienter les administrations dans la mise en accessibilité de leurs sites, applications et démarches » et un « nouvel outil d’audit d’accessibilité pour simplifier la réalisation de diagnostics et de suivi. » Aucun détail ou référence web n’a toutefois été communiqué, laissant penser à un simple effet d’annonce à l’occasion de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées. Lire en Editorial.
La SNCF a décidé d’abaisser à 24 heures le délai minimal de réservation d’une prestation d’assistance pour accéder à une partie de ses trains. Sont concernés les trajets directs effectués en TGV (Inoui, Europe, Lyria, Ouigo Grande Vitesse) et trains classiques Ouigo et Intercités (ex-Corail grandes lignes). Pour les trajets avec correspondance et les autres trains, le délai de réservation d’assistance reste de 48 heures au moins avant le voyage. Cette évolution est mise en oeuvre depuis le 11 octobre dernier ; fidèle à sa politique différenciée de communication, la SNCF n’a informé que les associations mais pas les médias ni la clientèle inscrite auprès du service Accès Plus réservé aux voyageurs handicapés ayant besoin d’assistance…
Six mois après son lancement, la subvention à l’acquisition de véhicules taxis à motorisation électrique ou hybride adaptés aux clients handicapés est un échec ; les entreprises et artisans estiment insuffisant le montant de la subvention et ont rappelé que les véhicules électriques ou hybrides aménageables pouvant assurer une journée de travail sans recharger n’existent pas (lire cette analyse). C’est ce qu’a annoncé la Délégation Ministérielle à l’Accessibilité à la Commission accessibilité et conception universelle (CACU) du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) à laquelle elle a proposé de modifier les spécifications techniques de l’arrêté d’application : plancher plus élevé des véhicules, avec un seuil d’entrée plus haut entraînant une rampe d’accès supérieure au taux de 21% retenu par ledit arrêté, avec un treuil pour hisser à bord les clients en fauteuil roulant. La CACU a rejeté ces propositions. Le seul modèle de taxi adapté disponible en France, le LEVC TX similaire aux taxis londoniens, est exploité sur Paris Île-de-France par la compagnie de VTC Caocao ; toutefois, ce véhicule ne satisfait pas à l’arrêté « taxis adaptés », il lui manque… 3,1 cm de hauteur utile minimale d’accès.
On vous présente la Phryge Olympique et la Phryge Paralympique !
Les mascottes de #Paris2024 ✨
Sportives, fêtardes… et françaises 🇫🇷
Here are the Olympic Phryge and the Paralympic Phryge!
The #Paris2024 mascots ✨
They are sporty, love to party… and are so French 🇫🇷 pic.twitter.com/plupKzQqNs
Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 a dévoilé ses mascottes. Nommées « Phryges », ce sont des bonnets phrygiens rouge vif dont l’oeil blanc et bleu reconstitue la cocarde tricolore, mais à l’envers. Symbole de la première Révolution française lors de laquelle la population a aboli la monarchie de droit divin et l’absolutisme qui l’accompagnait, le bonnet phrygien, très présent dans l’iconographie révolutionnaire, orne la tête des statues de Marianne symbolisant la République Française et également de plusieurs autres pays d’Amérique du sud. Toutefois, la forme triangulaire avec une pointe retombante a immédiatement rappelé à de nombreux internautes celle du clitoris, ce qui est flagrant en comparant les mascottes à ce schéma. De plus, si la Phryge représentant le sport valide est joyeuse, la paralympique (dont une jambe est remplacée par une prothèse) a la bouche pincée comme si on la forçait à être là. D’autre part, la première arbore le drapeau du Schleswig-Holstein (bandes horizontales bleu-blanc-rouge) et la seconde celui des Pays-Bas (bandes horizontales rouge-blanc-bleu) alors que le drapeau de la France est formé exclusivement de bandes verticales dans l’ordre bleu-blanc-rouge ! Enfin, ces deux mascottes vendues de 20€ (hauteur 15 cm) à 32€ (24 cm) sont évidemment fabriquées en Chine…
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Dans un passé proche (!), la présidente de la République a décidé de créer à Tours (Indre-et-Loire) la première brigade intégralement composée de policiers handicapés : autistes, naine, paraplégique, handicapés moteur, etc. Cette brigade affronte voleurs, preneur d’otage, malfrats, trafiquants de drogue et même les super-flics de la BRI, en obtenant d’excellents résultats malgré diverses péripéties burlesques… Cette série humoristique en huit épisodes de 4 minutes, conçue par le tourangeau de naissance Alexandre Philip, créateur de la série Vestiaires de la même veine, est diffusée uniquement sur France TV. Elle fait essentiellement jouer des comédiens handicapés, dont l’excellent Philippe Sivy. Lire cette interview.
Percuté par un cargo à 3h30 (heure française) qui a endommagé l’un des foils, le bateau de Damien Seguin a démâté. Si le skipper n’est pas blessé, Groupe Apicil n’est plus en mesure de poursuivre la course de la Route du Rhum et Damien Seguin a abandonné ; il fait route vers Lorient (Morbihan), par ses propres moyens sans avoir demandé d’assistance. Il s’était classé 6e lors de sa précédente participation à cette transatlantique à la voile, en 2018. L’autre engagé handicapé (lire l’actualité du 9 novembre), Fabrice Payen, est en 100e position au classement général, et 8e des 16 bateaux de la catégorie rhum multi.
La Collection Pinault, qui présente dans la Bourse du Commerce de Paris lors d’expositions temporaires la vaste collection d’art contemporain du milliardaire François Pinault (lire ce reportage), propose aux visiteurs aveugles ou malvoyants une maquette tactile du bâtiment. Ils peuvent en enlever la coupole ainsi que des portions du bâti… sauf qu’un écriteau l’interdit désormais à tous ces visiteurs : « Nous vous remercions de ne pas manipuler la maquette tactile. » Certes, la ligne du dessus (écrite en bien plus petit) fait comprendre qu’il s’agit d’un avertissement lié à la crise sanitaire. Mais le résultat est quand même remarquable : Pinault a inventé la première maquette tactile qu’il ne faut pas toucher !
Les 138 navigateurs engagés dans la course à la voile en solitaire de la Route du rhum, qui part de Saint-Malo pour rallier la Guadeloupe, ont pris la mer avec trois jours de retard, le départ ayant été reporté du fait de conditions météorologiques potentiellement dangereuses. Deux skippers handicapés figurent parmi eux : Damien Seguin sur Groupe Apicil en classe Imoca monocoque, et Fabrice Payen sur Ille-et-Vilaine Cap vers l’inclusion multicoques. Privé de main gauche, Damien Seguin s’est constitué un impressionnant palmarès en voile handisport puis, parmi les valides, dans les courses transatlantiques et le tour de France à la voile qu’il a remporté en 2017 ; pour sa première participation en 2020 à un tour du monde, il s’est classé 7e du Vendée globe, et 1er des bateaux sans hydrofoils. Fabrice Payen participe pour la seconde fois à la Route du Rhum, espérant cette fois arriver au terme ; en 2018, son bateau avait démâté, le contraignant à l’abandon. Deux autres navigateurs agissent en faveur de personnes handicapés : François Jambou, à bord d’A l’aveugle Trim control qui sensibilise à la navigation à la voile de personnes déficientes visuelles et parrainé par l’Unadev, et William Mathelin-Moreaux soutenu par Perce-Neige qui fait naviguer des enfants et jeunes handicapés intellectuels.
Trahi par son maître d’armes, Domas, le prince Bojji se trouve avec son compagnon Ombre dans les Enfers (lire l’actualité du 11 octobre 2022). Il en rencontre le roi, qui lui rit au nez puis l’éprouve avant de le faire mettre dehors comme un malpropre, puis un chevalier des Enfers l’envoie chez le frère dudit roi, Messire Despas. Bien que vénal et sophistiqué, celui-ci finit par accepter de former Bojji à devenir l’homme le plus fort du monde. Pendant ce temps, son frère le prince Daida est confronté à un complot visant à lui donner la force de son père décédé, le roi Bosse : va-t-il finalement boire le sang de ce dernier ? Ce 3e tome du manga Ranking of Kings multiplie les remises en question des personnages qui tournent autour de Bojji, tiraillés entre leur devoir et leurs sentiments pour le petit prince sourd. Ranking of Kings T3, par Sosuke Toka, éditions Ki-oon, 7,65€ en librairies.
« Bien vieillir, ce n’est pas qu’une question d’âge. Ça commence dès la naissance. » Voilà un propos frappé au coin du bon sens qui n’est pas, comme on pourrait le penser, de Monsieur de La Palice mais de l’actuel ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, sur France 3. Ministre qui embraye sur la politique gouvernementale : « L’idée est de prévenir la perte d’autonomie, aider les personnes et adapter la société à ce vieillissement. » Sauf qu’il a lui-même annoncé dès sa nomination qu’il n’y aurait pas de grande loi sur l’autonomie des personnes âgées ou handicapées, alors que la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement s’est avérée superficielle. Et que dans la même période l’accessibilité universelle a été réduite en miettes par le même gouvernement dont le ministre de l’Économie et de Finances n’était autre qu’Emmanuel Macron, qui préside la République depuis plus de 5 ans. Président qui s’est bien gardé d’agir en faveur des personnes âgées, a supprimé en 2018 l’adaptabilité des logements et n’a pris aucune mesure concrète pour améliorer l’accessibilité des transports et du cadre bâti. Après tout, le ministre Combe a raison : « Bien vieillir, ce n’est pas qu’une question d’âge » c’est également et surtout le résultat d’une politique.
Au gré des rues et bâtiments, adressez à la rédaction les bonnes ou mauvaises réalisations et solutions d’accessibilité.
La député Stella Dupont (Renaissance, majorité présidentielle) a obtenu l’accord du Gouvernement sur un amendement au projet de loi de finances pour 2023 (PLF) visant à augmenter de 10% la rémunération des 132.000 Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap. Actuellement payés au taux du salaire minimum, leur rémunération de base passerait donc à 110% du SMIC à compter de septembre 2023. Cette hausse serait également répercutée sur les personnels ayant un salaire plus élevé du fait de leur ancienneté. Cette revalorisation représenterait 80 millions d’euros de dépense supplémentaire l’an prochain, et 240 millions en année pleine. Au total, la rémunération des AESH avoisine les 2,5 milliards d’euros. Lire en Editorial.
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