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Grands rivaux dans cette zone, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite ont coupé leurs liens en 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants en Iran car Ryad avait exécuté un chef religieux chiite très populaire. À l’époque, des manifestations ont éclaté notamment à Qatif, une zone saoudienne majoritairement chiite. Depuis avril, les relations entre Ryad et Téhéran ont montré des signes d’amélioration après plusieurs séries de pourparlers. L’annonce de l’interruption des négociations n’a pas encore été justifiée, mais David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Iris et expert du Proche-Orient, pense qu’il y aurait plusieurs raisons.
RFI : L’Iran a suspendu les pourparlers avec l’Arabie saoudite le lendemain de l’exécution de 81 personnes par Ryad. Pensez-vous que les deux soient liées ?
David Rigoulet-Roze : Cette annonce surprise, effectivement, semble en partie liée à l’annonce de l’exécution de 81 personnes, qui est un record en une seule journée puisque cela dépasse le total de l’année précédente, dont 41 chiites. Et vraisemblablement des chiites qui ont fait l’objet d’une condamnation dans le prolongement des émeutes insurrectionnelles de mai 2017 dans la région de Qatif, qui avait été une période très tendue entre les deux pays, entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Donc, on peut penser que ce n’est pas forcément sans lien, même si ce n’est pas forcément l’unique raison qui expliquerait ce positionnement de Téhéran.
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Les autres raisons tiennent éventuellement aux difficultés liées au renouvellement de l’accord sur le nucléaire iranien, puisqu’on a vu qu’il y avait en ce moment des difficultés de finalisation. L’accord en question fait l’objet évidemment d’une interprétation, on va dire, dépréciative de la part de Téhéran. Il se trouve que cet accord semble hypothéqué par une nouvelle attitude de la Russie alors même que Téhéran pensait qu’il y aurait une finalisation imminente. Et il se trouve que, effectivement, de toute façon, par rapport à un nouvel accord, il y avait une position, on va dire attentiste sinon virtuellement critique de la part des Saoudiens. Donc, cela peut aussi rentrer en ligne de compte.
Quel message envoie l’Arabie saoudite à l’Occident, spécialement les États-Unis qui ont, à plusieurs reprises, demandé à Ryad d’arrêter ces exécutions en masse…
De toute façon, ce n’est pas ça qui fera plier le régime du prince héritier Mohammed ben Salman qui est sur une posture d’intransigeance là-dessus. Ils ont justifié les exécutions par des attaques contre des lieux cultes, des bâtiments officiels ou des installations vitales pour le pays. Il y a un timing qui est assez étudié parce que ces exécutions interviennent au lendemain de la libération de Raif Badawi, le blogueur qui avait été condamné à 10 ans de prison pour des critiques du régime et dont la libération était demandée de manière récurrente ces dernières années. Il a été libéré, assigné à résidence pour 10 ans. Et juste après cette libération, il y a eu effectivement cette exécution de plus de 80 personnes. Il y a évidemment un timing qui est étudié, incontestablement pour éviter d’être trop critiqué par la communauté internationale, même si c’est aussi une manière pour le régime saoudien de montrer que, de toute façon, il ne tient pas compte des pressions internationales en la matière.
Donc, selon vous, cet acte de montrer que le régime saoudien ne tient pas compte des pressions internationales, serait-il aussi un message à l’Occident qui tente de mettre la pression sur Riyad afin de faire baisser les prix du pétrole qui ont explosé à cause du conflit en Ukraine ?
Oui. La question – effectivement – de la crise énergétique est en arrière-plan, mais elle n’est pas contingente, puisqu’il y a eu des demandes pressantes de Joe Biden justement aux pays producteurs, dont l’Arabie saoudite d’augmenter la production. Et il y a eu, non pas une fin de non recevoir, mais en tout cas une manière de dire que ce n’était pas forcément à l’ordre du jour immédiatement. Donc, effectivement, les pays producteurs, dont l’Arabie saoudite, disposent d’une arme pour manifester leur indépendance dans la définition de leur politique à la fois intérieure et extérieure.
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