Le Théâtre Michel invite le spectateur à prendre part à une soirée insolite avec le second spectacle immersif de Sébastien Bonnabel. Construit sur le principe d’une expérience immersive, Smoke Rings détourne la frontière entre spectateurs et comédiens et vous plonge – de manière littérale – au cœur des relations de couple.
Le théâtre – comme l’ensemble des arts – a la possibilité d’être continuellement renouvelé : les dramaturges mettent au point de nouveaux styles d’écriture, les metteurs en scène cassent les habitudes scénographiques. Finalement, l’art a pour seule limite la pensée humaine et si celle-ci s’évade, elle ne le rendra que plus fort et percutant. La recherche du nouveau, de l’autre … C’est ce pari qu’a pris le metteur en scène Sébastien Bonnabel au début des années 2000 en développant « sa propre approche du jeu, la Méthode du Libre Acteur ». Pour lui, l’acteur n’est pas seulement celui qui interprète un rôle mais quelqu’un qui doit prendre part à la création. Découle de cette méthode l’élaboration en 2012 de la Cie du Libre Acteur.
Dans Smoke Rings, Sébastien Bonnabel réussit avec prestance à sortir des carcans qu’une scène théâtrale peut imposer. L’espace de jeu ne s’arrête plus à la simple scène, à la positon frontale du spectateur, et son horizon se porte bien plus loin. Les limites du lieu unique n’existent plus et le théâtre entier devient décor, entraînant le spectateur dans une déambulation immersive.
Créé en 2017, Smoke Rings est un spectacle élaboré autour du texte Ring de Léonore Confino. Ce premier volet d’une trilogie aborde la question des relations sentimentales au sein d’un couple, tandis que le second volet Building se tourne vers le travail et enfin Les Uns sur les autres vers la famille. Ce texte nous mène à la rencontre de couples de tous genres et de tous âges, auxquels chacun peut se reconnaître – ou non. Quoiqu’il en soit, les situations présentées s’initient au cœur des intimités, dévoilant au plein jour les discussions les plus personnelles. L’individualité y côtoie l’universalité car l’amour et la sexualité sont des sujets qui n’échappent à personne. Machisme, violences conjugales, homosexualité, tromperie, désir, ruptures amoureuses ; ce sont tous ces thèmes qui sont abordés et qui résonnent en chœur.
« Le théâtre immersif est un procédé scénographique où le public est positionné au cœur de l’action scénique. » Cette phrase en dit long sur le parti pris de mise en scène de Sébastien Bonnabel. Avant même que le spectacle ne commence, les spectateurs sont amenés à venir vêtus de vêtements noirs et/ou blancs : leur rôle dans la pièce est centrale, ils sont des personnages et doivent donc porter un costume. Lorsque les portes du théâtre s’ouvrent, aucun protocole habituel n’est suivi et tous les présupposés s’effondrent. Par petits groupes, on est invité à entrer dans la salle, à rencontrer un photographe puis des amis au bar. Le mécanisme de la pièce s’enclenche et plus rien ne viendra l’arrêter.
Il y a les roses blanches et il y a les roses rouges ; deux groupes de spectateurs prennent forme. Suivre la voie de la rose vous mène à la rencontre de couples aux histoires parfois tragiques, parfois légères voire drôles, mais toujours empruntent d’un fort réalisme. Est-ce la proximité avec les comédiens et donc avec les personnages qui en est l’origine ? Difficile à dire, mais les réactions dans le public sont vives et spontanées. On rit de certains dialoguent, on frémit de peur pour d’autres et il y a cette impression grandissante d’être à la place de chaque personnage, à l’image de cette scène de dispute où une femme est enfermée dans la salle de bain tandis que son mari jaloux fait tout pour qu’elle ouvre… Coincés dans un couloir exigus, on se sent aussi à l’étroit et piégé que cette femme : il n’y a plus d’issues, que la peur.
Smoke Rings est une prouesse de mise en scène puisque toutes les saynètes et tous les déplacements sont millimétrés. Les comédiens vont et viennent entre les deux groupes et dans les différents espaces, tandis que les spectateurs suivent les mouvements des roses, se retrouvant sur scène ou à l’accueil du théâtre. Chaque lieu du théâtre est exploité selon ses ressources propres, se transformant en décors naturels et réalistes.
Smoke Rings est porté par une troupe d’une grande synergie, dont chaque membre multiplie les rôles et les talents. Ils chantent, jouent des instruments, improvisent et partagent leurs émotions. Marie Combeau, Marine Dusehu, Marie Hennerez, Pascale Mompez, Eric Chantelauze, Philippe De Monts, Stéphane Giletta, Emanuele Giorgi et Pierre Cachia forment ensemble la Cie du Libre Acteur et sauront vous entrainer dans leurs relations.
Après avoir vu ce spectacle, tout ce que l’on a envie de faire c’est d’y retourner pour découvre le second parcours du spectateur. Smoke Rings sera joué au Théâtre Michel tous les dimanches soirs à 20h30.
Visuel : ©Affiche
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