Si les difficultés font partie intégrante du parcours d’un entrepreneur, rien ne justifie qu’elles soient une fatalité. Déposer le bilan ou cesser une activité ne doit pas être synonyme de stigmatisation professionnelle ou personnelle. Les difficultés et l’échec sont redoutés au point parfois de décourager certaines initiatives et faire partie des facteurs précipitant les défaillances.
C’est pourquoi nous pensons que la prévention entrepreneuriale est une priorité : oser parler de difficultés suffisamment tôt permet de les surmonter. Mobilisons-nous, associations, réseaux d’accompagnement, tribunaux de commerces, confédérations nationales, chambres consulaires pour soutenir les entrepreneurs tout au long de leur parcours.
Les difficultés entrepreneuriales, petites ou grandes, jalonnent le parcours d’un entrepreneur : marché en perte de vitesse, augmentation du coût des matières premières, pénurie de clients, pénurie de main-d’oeuvre, licenciements, etc. Selon l’Observatoire du rebond en 2021, piloté par l’association 60 000 Rebonds, le défaut de trésorerie est pour beaucoup d’entre eux, le premier signal. Des inquiétudes qui peuvent être à l’origine d’une charge mentale forte, empêchant la prise de recul et isolant l’entrepreneur dans son quotidien professionnel mais aussi personnel, avec l’irruption de ce signal nuisible jusque dans sa vie privée.
Ces obstacles, lorsqu’ils ne sont pas clairement identifiés, sont difficilement surmontés et peuvent précipiter un dépôt de bilan ou une cessation d’activité subie. Au-delà des lourdes répercussions économiques et sociales d’une telle situation, le sentiment d’échec complète la fracture vécue par l’entrepreneur en lui faisant endosser une responsabilité décuplée tout en le privant de perspectives d’avenir.
On estime aujourd’hui que trop peu d’entrepreneurs en difficulté osent parler du sujet ou se faire aider. Pourtant, de plus en plus se confient sur le fait qu’il ne faut pas hésiter à reconnaître que l’on est en difficulté. Faire appel à une association, c’est déjà un soutien moral, surtout lorsque l’on est écouté par d’autres entrepreneurs qui sont déjà passés par là. Les solutions arrivent plus vite. Il est probablement possible de rebondir seul mais, en étant accompagné, on identifie les erreurs et on bénéficie de conseils plus rapidement.
Face à ce sujet complexe, il existe des solutions. La France dispose d’un tissu associatif expert de l’accompagnement entrepreneurial avec des acteurs spécialisés sur la grande difficulté ou le rebond après une liquidation. Ces associations réunissent plusieurs milliers de bénévoles spécialisés dans le domaine juridique, le coaching, les RH, la trésorerie, l’endettement, la souffrance psychologique… ainsi que des accompagnants eux-mêmes entrepreneurs, en mesure notamment de déculpabiliser leurs pairs.
Hélas, peu d’entrepreneurs osent franchir la porte de ces associations, pourtant présentes sur tout le territoire et aptes à poser un diagnostic souvent salutaire avant l’impasse. Ecouter, accompagner, orienter, de la difficulté ponctuelle au rebond le plus total : telle est leur mission, de laquelle les entrepreneurs doivent avoir connaissance dès le début de leur aventure. C’est ainsi que 4 entrepreneurs sur 5 en difficultés arrivent à rebondir, dès lors qu’ils sont accompagnés par un réseau d’experts.
Pour tout entrepreneur vivant la faillite de son entreprise, les associations du rebond offrent un accompagnement pertinent, tant sur le plan humain que sur la gestion des difficultés liées à cette situation. Cette démarche permet aux entrepreneurs de passer de l’échec à l’espoir.
A l’heure où le nombre de défaillances d’entreprises repart à la hausse et où les PGE mis en place durant la crise du Covid-19 doivent être remboursés, le déploiement des actions de prévention et d’accompagnement est un enjeu capital pour les entrepreneurs, les salariés et l’ensemble de l’écosystème.
Les initiateurs :
Fondation Entreprendre, Blandine Mulliez, présidente,
60 000 rebonds : Guillaume Mulliez, président,
Crésus : Jean-Louis Kiehl, président,
Second Souffle : Dimitri Pivot, président.
Les signataires :
Christian de Baecque, président, Le Portail du Rebond,
Hamou Bouakkaz, président, H’up,
Patrick Cohen, directeur général, AXA France,
Christophe Conceicao, directeur général délégué, Live for Good,
Rémy Bourdier, président, Réseau Entreprendre,
Jean-Paul Delevoye, président La Chartreuse de Neuville,
Hawa Dramé, présidente, Time2Start
Marie Eloy, présidente, Femmes des Territoires,
Romain Grau, avocat et conseiller départemental des Pyrénées-Orientales
Hélène Lafitedupont, présidente ATIS,
Jérôme Lefèvre, président, Entreprendre pour Apprendre France,
Pierre-René Lemas, président, France Active
Agnès et Pierre de Rauglaudre, codirigeants d’Eclosion
Olivier Lenoir, président, Osons, Ici et Maintenant,
Florence Patsouris, directrice nationale, Entrepreneurs dans la ville,
Elise Picon, co-directrice, Airelle,
Guillaume Pepy, président, Initiative France,
Anthony Perez, président, Association nationale Les Entrepreneuriales,
Josepha Poret, directrice, Ronalpia,
Vincent Perrot, co-directeur, Labo des Partenariats,
Béatrice Vianney-Galvani, déléguée générale, 100 000 entrepreneurs,
Davia Yaddaden, déléguée générale, Fonds de Dotation Y Croire.
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