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Loin des projecteurs, la répression des Ouïghours se poursuit au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Selon une nouvelle étude publiée aux États-Unis, plus de 500 000 personnes issues des minorités ethniques chinoises seraient employées de force dans les champs de coton. L’auteur de ce rapport est le chercheur allemand Adrian Zenz, connu pour avoir été l’un des premiers à documenter la réalité des camps d’internement mis en place par le gouvernement chinois. Entretien.
RFI : Vous avez déjà souligné, dans plusieurs de vos rapports, que le travail forcé imposé aux minorités ethniques était l’une des armes principales du gouvernement chinois au Xinjiang. Ce que vous avancez aujourd’hui, c’est que ce système prend racine dans la récolte du coton. Qu’est-ce que vous entendez par là ?
Adrian Zenz : On savait qu’il englobait le secteur textile. Mais ce que nous prouvons aujourd’hui, c’est qu’il inclut la récolte du coton à travers l’emploi de plus d’un demi-million de travailleurs issus des minorités ethniques. Ce schéma de travail forcé a été développé en même temps que le processus d’internement de masse dans les camps de rétention. Mais on parle ici d’enrôlement massif des Ouïghours qui sont encore en liberté. Ils sont recrutés contre leur volonté et mis au travail de manière à changer leur société et leur culture, afin d’accroître le contrôle social de l’État. On impose aux agriculteurs et aux éleveurs de tradition ouïghoure de se transformer en employés ou en ouvriers d’usine.
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Pourquoi le coton en particulier ?
Jusqu’ici, les propriétaires de plantations de coton au Xinjiang avaient des difficultés à recruter du personnel, parce que c’est un travail pénible et impopulaire qui nécessite que les employés dorment sur place pendant deux à trois mois en raison des horaires de récolte, du tout petit matin jusqu’au soir. Il y avait très peu de volontaires. Aujourd’hui, ces plantations n’ont plus à s’inquiéter… Le gouvernement leur demande simplement de combien d’ouvriers ils ont besoin, et l’État envoie des équipes de recrutement dans les villages. Ce sont les mêmes équipes que celles qui décident si, oui ou non, telle ou telle personne doit être envoyée dans les camps de rééducation.
Donc selon vous, les réels bénéficiaires sont ces entreprises du Xinjiang, qui produisent 85% du coton récolté en Chine ?
Bien sûr, parce que ça joue sur le prix du coton. Tout simplement parce que les travailleurs locaux coûtent moins cher que des ouvriers appartenant à l’ethnie Han, majoritaire en Chine, qu’il faut faire venir d’autres régions en train, et dont les billets sont pris en charge par les plantations. Ça profite aux planteurs et ça leur permet de revenir à des prix très bas. Car le coton du Xinjiang était de moins en moins compétitif sur le marché mondial ces dernières années, en raison du coût du travail. On parle d’une matière première qui se récolte à la main. Et même s’ils essaient petit à petit de mécaniser ces installations, 70% du travail se fait toujours à la main, en particulier pour le coton de haute qualité, qui ne peut être récolté que manuellement.
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Est-ce que ces ouvriers ouïghours, forcés de travailler dans les champs de coton, touchent une rémunération décente ?
Ils sont payés au kilo de coton récolté. Mais on parle d’ouvriers qui sont souvent âgés et qui n’ont pas d’expérience. Ce qui veut dire qu’ils toucheront très peu. C’est un travail harassant et mal payé. Les plus jeunes et ceux qui ont déjà le savoir-faire peuvent s’en sortir. Le principe, c’est : « Plus vous ramassez, plus vous êtes payés. » Et la rémunération est vraiment faible.
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