Jam
Wunderhorse fût autrefois l’alias de l’ex-punk londonien Jacob Slater. C’est désormais le nom d’un groupe. Jacob, Pete, Jamie et Harry viennent de sortir leur premier album le 7 octobre dernier : “Cub”, une petite merveille indie rock comme on n’en fait plus. 11 morceaux ambivalents qui sonnent comme une ode à la vie, celle qui mérite d’être vécue. Rencontre avec Wunderhorse, les petits protégés de Fontaines D.C., sur la route du Texas.
C’est depuis l’arrière d’un van que nous faisons connaissance avec les 4 gars de Wunderhorse. Un contexte particulier qui sied néanmoins parfaitement la conversation. Derrière ces visages fatigués mais souriants, défile un paysage aride qui les mène tout droit vers San Antonio dans le sud du Texas. “C’est un endroit à la fois si étrange et merveilleux, n’est-ce pas ?” commente Jacob Slater, le regard plongé dans l’infinité des plaines texanes.
Ce soir-là, le groupe se produit en première partie de Fontaines D.C., comme tous les soirs depuis le début de la tournée américaine. “Ils nous ont pas mal soutenus. Ce qui est cool c’est qu’ils nous ont pris avec eux en tournée parce qu’on partage le même amour pour la musique, pas pour faire plaisir à un label. On s’est rencontré lors d’un concert à Dublin. On est tous super emballés à l’idée de jouer avec eux, mais je pense qu’on est encore plus excités de les voir jouer tous les soirs” explique Jacob Slater avant que le van ne quitte l’autoroute pour un arrêt à la pompe à essence.
Il y a quelques mois, c’est d’ailleurs Deego, le bassiste de Fontaines D.C., qui avait attiré notre attention sur le projet de Jacob Slater lors de notre interview avec le groupe irlandais en avril dernier. Wunderhorse n’avait alors sorti que 3 singles. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre intérêt.
6 mois plus tard, c’est sur la route qu’ils célèbrent ensemble la sortie de leur premier LP, “Cub” un album à l’apparence plutôt classique qui cache en réalité 11 morceaux d’une profondeur insoupçonnée. “On est tous super excités. On a vraiment tout donné au moment d’enregistrer cet album. Et puis, on n’a qu’une fois l’occasion de sortir son premier album (rires)” s’exclame Harry avec enthousiasme.
Si vous aviez eu l’occasion de croiser la route du jeune Jacob Slater, vous auriez toutes les peines du monde à le reconnaître aujourd’hui. Dans une vie précédente, le musicien était un punk survolté à la réputation sauvage. “A la fin de mon adolescence, tout ce que je voulais c’était de faire de la musique énervée, le genre de truc qui tabasse“. Tous les clubs de Londres tremblent encore du passage des Dead Pretties, groupe dans lequel le jeune Jacob Slater officiait à l’époque.
Durant la courte existence des Dead Pretties (le groupe n’aura sorti que 3 singles en 2017), Slater mène une vie rock’n’roll où les décibels ne descendent jamais en dessous de 120 et où la drogue traîne sur tous les coins de table. Happé par cette vie aussi trépidante qu’incessante, Slater ressent le besoin de rêver à d’autres horizons. “J’ai toujours aimé la musique plus variée. A un moment donné, le groupe dans lequel j’étais n’était plus le lieu où je pouvais exprimer les émotions qui me traversaient.”
En 2017, après la séparation des Dead Pretties, il quitte l’agitation de Londres pour la petite ville balnéaire de Newquay dans les Cornouailles. C’est là, entre deux leçons de surf, qu’il trouve sous l’alias Wunderhorse un refuge où explorer les recoins plus intimes de sa personnalité.
Et si “Cub” marque officiellement le début de l’aventure Wunderhorse, ce premier disque a en réalité mis toute une vie à sortir. “J’ai écrit ces morceaux de mes 17 ans à aujourd’hui. Ils documentent cette période de ma vie. Je suis content d’enfin pouvoir les offrir à d’autres personnes. C’est un peu un genre d’exorcisme” explique Jacob.
Bercé par la musique américaine, Slater se révèle être un brillant songwriter capable de jeter l’ombre et la lumière sur des moments de vie, à l’instar de ses influences : Neil Young, Bob Dylan ou encore Elliott Smith. Le rayonnement de ce dernier est particulièrement présent tout au long du disque, dans les guitares et dans les arrangements qui rappellent Figure 8, le dernier album du chanteur disparu en 2003.
Mais la grande force de Wunderhorse, c’est de faire côtoyer l’intime et l’entraînant avec une maturité rare. “Parfois, on se laisse surprendre par la musique elle-même. On pense écrire un morceau avec un refrain entêtant et finalement la beauté de la chanson se révèle être dans la sobriété. Ça a été le cas de “Morphine”, qui est finalement devenu mon morceau préféré” se souvient Jacob.
En écoutant Wunderhorse, on a l’impression que le jeune Jacob Slater a déjà vécu 1000 vies. Il leur rend d’ailleurs hommage sur le morceau Mantis. “C’est un morceau plutôt sinistre, mais à la fin je me retrouve à chanter, presque malgré moi “It’s a beautiful love”. Malgré l’étrangeté de la vie et la souffrance qui peut en découler, on se trouve englouti par la beauté et la magnitude du monde“.
A l’image du “Life ain’t always empty” de son copain Grian de Fontaines D.C., le jeune homme trouve donc dans l’incertain une raison de vivre. Sur la route, les 4 gars de Wunderhorse partagent cet état d’esprit :“On a tous eu des moments où on s’est dit qu’on ne ferait pas ça pour le reste de notre vie, d’autres où on se disait que c’était probablement une bonne idée d’arrêter. Mais visiblement, on est assez stupides que pour ne pas le faire (rires). Maintenant que nous avons cette opportunité, nous prenons le taureau par les cornes et on fonce, sans perdre de temps” explique Pete.
Sous la chaleur du Texas, les 4 musiciens gardent les yeux rivés sur cette route sinueuse. Celle qu’ils empruntent aujourd’hui pour se rendre à San Antonio mais aussi celle qu’il leur reste à parcourir. Celle-là même qu’il les emmènera bientôt vers d’autres paysages, toujours plus étranges et pourtant si merveilleux.
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