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le 24 janvier 2023
Les déclarations de fin de mission présentent les observations préliminaires des services du FMI au terme d’une visite officielle (« mission ») le plus souvent dans un pays membre. Les missions sont effectuées dans le cadre des consultations périodiques (généralement annuelles) au titre de l’article IV des statuts du FMI, d’une demande d’utilisation (emprunt) des ressources du FMI, des entretiens sur les programmes de référence ou d’une autre forme de suivi de l’évolution économique des pays membres.
Les autorités ont consenti à la publication de la présente déclaration. Les avis exprimés dans ces conclusions sont ceux des services du FMI et ne représentent pas nécessairement ceux du conseil d’administration. Sur la base des observations préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction générale du FMI, sera soumis à l’examen et à la prise de décision par son conseil d’administration.
Port Vila, Vanuatu :
Le Vanuatu a réouvert ses frontières en 2022, après un début d’année difficile. À la suite des premières transmissions de COVID-19 au niveau national fin mars 2022 et à un confinement temporaire, les restrictions ont été entièrement levées dans le pays mi-juin. Le Vanuatu a relancé les voyages internationaux en juillet, et plusieurs compagnies aériennes et lignes de croisières ont rétabli leurs liaisons avec le pays.
La croissance est de retour. La reprise économique a été progressive à partir de 2022, avec une croissance du PIB réel estimée à 1,9 % en glissement annuel. La croissance devrait se renforcer en 2023 pour atteindre 3,4 % en glissement annuel, grâce au retour du tourisme, une hausse des dépenses d’infrastructures publiques (construction), ralenties au cours des confinements, et par la reprise en cours chez les partenaires commerciaux. L’inflation devrait s’accélérer et rester élevée, dépassant éventuellement la limite supérieure de 4 % de l’objectif d’inflation de la Banque centrale ( Reserve Bank of Vanuatu, RBV), bien qu’une évaluation précise soit compliquée par de potentielles difficultés de mesure. Un déficit du compte des transactions courantes est prévu pour 2023 en raison de la hausse des prix des importations (matières premières, notamment), mais il se résorbera à moyen terme grâce au retour du tourisme et aux niveaux élevés des envois de fonds des migrants.
Toutefois, le nouveau gouvernement fait face à nombre de défis. La pandémie et la flambée des prix des matières premières ont réduit les marges de manœuvre macroéconomiques et aggravé les facteurs de vulnérabilité structurels. En 2022, l’Union européenne et la Suisse ont suspendu les accords d’exemption de visa pour les détenteurs de passeports du Vanuatu, invoquant des failles dans les procédures de diligence raisonnable relatives aux candidats au programme de citoyenneté économique (PCE), ce qui a déclenché une forte baisse des recettes fiscales. Air Vanuatu est en proie à de graves difficultés opérationnelles et financières et présente de grands risques pour l’économie compte tenu de son statut de compagnie d’importance systémique. Des réformes résolues s’imposent pour construire des infrastructures résilientes face au climat, renforcer les finances publiques et le système bancaire et atteindre les objectifs de développement à long terme.
De forts risques de détérioration pèsent sur les perspectives. Les risques à court terme sont notamment les suivants : i) propagation de variants de la COVID qui pourraient entraîner de nouveaux confinements ; ii) affaiblissement du tourisme et diminution des envois de fonds sous l’effet d’un éventuel ralentissement chez les principaux partenaires commerciaux ; et iii) pertes de recettes fiscales plus prononcées au titre du PCE, qui pourraient mettre en péril la viabilité à moyen terme des finances publiques et de la dette et éroder rapidement les réserves de sécurité. Les principaux risques structurels sont notamment les suivants : i) nouvelles augmentations du nombre de prêts improductifs, qui pourraient avoir une incidence sur la rentabilité et les fonds propres des banques, et donc sur la disponibilité du crédit ; et ii) faiblesse de la gouvernance et de l’intégrité financière, ainsi que problèmes liés à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Les catastrophes naturelles demeurent un risque considérable.
Les services du FMI recommandent la prudence budgétaire à mesure que l’économie se redresse. Le déficit budgétaire est estimé à environ 3 % en 2022, en partie en raison des retards des projets d’infrastructure financés par les donateurs qui retardent les dépenses, mais il devrait se creuser en 2023, conformément aux plans d’augmentation des dépenses d’investissement financées sur ressources extérieures. La loi de finances 2023 est en cours de préparation et devrait être approuvée par le Parlement en mars. Alors que l’orientation budgétaire devrait être expansionniste, il importe de réduire les dépenses non prioritaires pour protéger l’espace budgétaire limité et éviter l’érosion des réserves, en particulier compte tenu de la baisse des recettes au titre du PCE. Les services du FMI saluent la diminution progressive des aides publiques liées à la pandémie et recommandent de contenir la croissance des salaires de la fonction publique. Les lacunes de l’administration fiscale devront également être corrigées, notamment en matière de perception de la TVA.
Une stratégie budgétaire à moyen terme est indispensable pour assurer un assainissement suffisant et garantir la cohérence avec les objectifs budgétaires. L’ancrage budgétaire de la dette publique contractée et garantie par l’État (CGE) en deçà de 60 % du PIB s’est avéré utile au Vanuatu, mais devrait être dépassé d’ici à 2029 compte tenu de la baisse des recettes au titre du PCE et des dépenses courantes élevées. Une stratégie budgétaire à moyen terme devra comprendre un fort accroissement des recettes fiscales et une rationalisation des dépenses pour réduire les déficits et assurer la cohérence avec les objectifs budgétaires, notamment : i) achever les réformes fiscales proposées en 2017 qui envisagent la mise en place d’impôts sur le revenu des sociétés et sur le revenu des personnes physiques ; ii) réduire progressivement la taille de la masse salariale ; et iii) rationaliser les transferts aux entreprises publiques. Selon leur analyse, les services du FMI suggèrent qu’une épargne supplémentaire de 2 % du PIB, dans les plus brefs délais, mais au moins à partir de 2026, pourrait aider à constituer des réserves pour améliorer la résilience et maintenir la dette CGE en dessous de 60 % du PIB au cours des dix prochaines années.
Il est indispensable d’approuver la stratégie de gestion de la dette à moyen terme et de résoudre rapidement les difficultés financières d’Air Vanuatu pour préserver la viabilité de la dette. Les services du FMI estiment que le risque de surendettement reste modéré, avec une marge de manœuvre limitée pour absorber les chocs. Toutefois, compte tenu des prévisions d’une baisse progressive de l’appui des donateurs et de la persistance des déficits budgétaires, le Vanuatu devra compter de plus en plus sur les émissions intérieures pour répondre à ses besoins de financement à long terme. Dans ce contexte, les services du FMI accueillent favorablement les projets de développement des marchés obligataires intérieurs dans le cadre de la prochaine stratégie de gestion de la dette, tout en poursuivant les mesures visant à obtenir de nouvelles sources de financement extérieur concessionnel. Les graves difficultés financières d’Air Vanuatu doivent être résolues d’une manière pérenne, qui réduise au minimum les passifs conditionnels et enraye les mouvements de transferts budgétaires. Les services du FMI saluent la récente demande du ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce de procéder à une évaluation rapide de la compagnie aérienne.
La Banque de réserve du Vanuatu doit se tenir prête à durcir sa politique monétaire si des signes d’effets de second tour de l’inflation apparaissent. L’orientation de la politique monétaire reste appropriée compte tenu de la reprise en cours, de la lenteur de la croissance du crédit au secteur privé et d’une inflation sous-jacente faible. Toutefois, la BRV devra resserrer cette orientation en cas de hausses rapides de l’inflation sous-jacente. Ce resserrement de la politique monétaire pourrait être réalisé en relevant le coefficient de réserves obligatoires et en réduisant l’excès de liquidité au moyen d’opérations d’open market. Le rattachement au panier de monnaies a permis une certaine flexibilité et le taux de change devra continuer de servir d’amortisseur dans un contexte où les prix mondiaux des matières premières restent élevés.
Les autorités devront renforcer le dispositif de surveillance, accroître le provisionnement des pertes sur prêts et remédier aux niveaux élevés de prêts improductifs. Le système bancaire reste rentable et liquide, mais le nombre élevé de prêts improductifs, notamment parmi les prêts aux ménages, reste préoccupant, en particulier pour la plus grande banque nationale. Il convient de renforcer l’examen et la surveillance réglementaires pour assurer un suivi et une diminution des facteurs de vulnérabilité. Les moratoires sur les remboursements de prêts et l’assouplissement des obligations prudentielles sur la qualité des actifs mis en place pour amortir les effets de la pandémie sur le système financier ont expiré en septembre 2022, bien qu’un certain nombre de créanciers aient prolongé ces mesures d’allègement jusqu’à la fin de 2022 dans certains cas. En conséquence, les prêts douteux pourraient continuer d’augmenter, en particulier dans les secteurs où la reprise ne s’est pas encore installée. Le niveau de provisionnement semble faible dans un certain nombre de banques, qui doivent accumuler des réserves plus élevées pour anticiper la baisse des capacités de remboursement des prêts. Bien que les niveaux de fonds propres des banques soient appropriés, le relèvement des obligations minimales de fonds propres réglementaires peut contribuer à renforcer les réserves. Il est également indispensable de consolider les dispositifs de surveillance et de résolution et de reprendre les inspections des banques sur site. La mission se félicite de l’élaboration d’une nouvelle directive prudentielle conforme à Bâle III qui pourrait renforcer les fonds propres des banques, améliorer la classification des actifs et instaurer un coefficient de service de la dette par rapport au revenu pour endiguer l’endettement insoutenable des ménages.
L’amélioration de la finance numérique et le déploiement réussi du système de paiement numérique pourraient stimuler l’inclusion financière et améliorer l’efficacité du secteur financier. La création d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) de détail pourrait faciliter la numérisation des services financiers à l’intention de la population rurale et non bancarisée. Des dispositifs juridiques, de surveillance et réglementaires appropriés, ainsi que l’infrastructure technologique, devront être en place avant d’envisager une MNBC ou d’autoriser le recours aux crypto-actifs dans le cadre d’une activité commerciale dans le pays. La Commission des services financiers du Vanuatu prendra des mesures réglementaires relatives aux actifs virtuels et fournira ainsi les précisions nécessaires. Le lancement prévu en juin 2023 du système national de paiements pour des règlements en temps réel et plus efficaces contribuera à renforcer l’infrastructure financière.
Questions d’ordre macrostructurel et de gouvernance
La diversification économique et le développement d’infrastructures de qualité seront indispensables pour assurer une croissance soutenue et inclusive et une résilience face aux chocs. Les autorités devront continuer de favoriser le développement approfondi du secteur agricole, renforcer leur capacité à mettre en œuvre des projets d’infrastructure à grande échelle et améliorer l’environnement des affaires, notamment en simplifiant les processus administratifs à l’investissement direct étranger (IDE), tels que les frais élevés et les longs délais de traitement.
Le renforcement de la résilience face au climat reste une priorité absolue compte tenu de la vulnérabilité du Vanuatu aux catastrophes naturelles. Il sera fondamental de définir avec précision les priorités d’adaptation à moyen terme du pays et d’élaborer une feuille de route du financement, à partir de la contribution déterminée au niveau national révisée et renforcée d’août 2022. Cette feuille de route devra être intégrée à la stratégie budgétaire à moyen terme.
Il importera d’accélérer les mesures visant à remédier aux pénuries de compétences et à améliorer les conditions du marché du travail. À la suite de la réouverture des frontières, les principaux secteurs économiques comme le tourisme sont confrontés à des pénuries de main-d’œuvre en raison de la participation accrue des travailleurs du Vanuatu aux programmes internationaux de travail saisonnier. La réintégration de ces ressources en main-d’œuvre sur le marché intérieur pourrait atténuer les pénuries et favoriser le transfert de compétences. En outre, les autorités devront améliorer les opportunités sur le marché du travail national en assurant le développement local des compétences au moyen de l’apprentissage et de la formation professionnelle et en sollicitant l’aide de partenaires publics bilatéraux. L’élargissement de la formation dans les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie et l’amélioration de la participation des femmes au marché du travail pourraient également contribuer à répondre à la demande de main-d’œuvre.
Il est primordial d’améliorer la gouvernance et de réduire les facteurs de vulnérabilité à la corruption.
La mission tient à remercier les autorités pour leur dialogue franc et constructif et leur chaleureuse hospitalité.
ATTACHÉ DE PRESSE: Pemba Sherpa
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