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Cécile Dunouhaud | Oct 24, 2022 | 3. XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles – Absolutisme, pensées et société en France, Cultures populaires | 0 |
À la fin du Moyen Âge, la mort devient une obsession sous le coup de deux fléaux majeurs généralisés : la guerre de Cent Ans (1337-1453) et l’épidémie de peste noire qui sévit de 1348 à 1355.
Les arts voient alors se développer le thème allégorique de la mort. La Danse de la mort ou Danse macabre prend la forme d’une évocation littéraire, souvent combinée à la représentation picturale d’une danse où des personnages vivants, en général placés en fonction de leur place hiérarchique de la société, (du pape à l’enfant, en passant par l’empereur et le clerc), et alternant les laïcs et les clercs, sont entraînés vers la tombe par des squelettes. La danse macabre devient très populaire car, fonctionnant comme un memento mori, elle évoque à la fois l’inéluctabilité et l’impartialité de la mort, quel que soit le rang social et le sexe des individus qui sont, à ce moment précis, tous égaux.
Le genre se poursuit au XVIème siècle comme en témoigne cet extrait d’un ouvrage imprimé anonyme intitulé Les Soixante huict huictains, cy devant appellez, la Danse Machabrey par lesquels les Chrestiens de tous estatz, sont stimulez et inuitez de penser à la mort, publié en 1589 et conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon. Dans cet extrait, et contrairement à l’extrait publié l’an dernier, ici aucune figure féminine n’est invoquée dans cette danse. Ici sont invoquées successivement une trentaine de figures masculines dans l’ordre social d’importance de l’époque : le Pape, l’Empereur, le Cardinal mais aussi le Connétable, le chevalier, l’astrologue, le marchant l’usurier, le laboureur ou encore l’enfant.
L’autheur
Créature raisonnable
Qui désirez vie éternelle,
Tu as cy doctrine notable,
Pour bie Siner vie mortelle.
La danse macabre t’appelle,
Que chacun à danser apprend
A l’homme & femme est naturelle ;
Mort n’épargne pettit, ne grand.
II
En ce mirouer chacun peut lire
Qu’il luy convient ainsi dansé :
Cil est heureux qui bien s’y pire,
Le mort, le vif faict avancer :
Tu vois les plus grans commencer,
Car il n’est nul, que mort ne fiere :
C’est piteuse chose y penser :
Tout est forgé d’une matière
III
Vous qui vivez, certainement,
Quoy qu’il tarde ainsi danserez :
Mais quand ? Dieu le siant seulement
La Mort, au pape
Dam pape, vous commencerez
Comme le plus digne seigneur,
En ce point honoré ferez :
Aux grans maitres est deu l’honneur
Le pape
IIII
Hé, faut-il que la danse meine
Le premier, quis suis Dieu en terre
I’ai eu dignité souueraine
En l’Eglise, comme sainct Pierre,
Et comm’autre, Mort me vient querre,
Encore que mourir ne cuidass.
Mais la mort à tous ne meine guerre :
Peu vaut l’honneur
Qui si tost passe
La Mort, A L’Empereur
V
Et vous, le nompareil du monde,
Prince, seigneur, Grand Emperier,
laisser vous faut la pomme ronde,
Arbre, secptre, tymbre, banniere.
Ie ne vous lairray pas derrière,
Vous ne pouuez plus seignourir,
L’emmeire tout, c’est ma maniere,
Les fils d’Adam faut tous mourir
L’Empereur
VI
Ie ne sçay deuant qui i’appelle
De la mort qui ainsi me meine :
Armer me faut de pic, de pelle,
Et d’un linceul, Ce m’est grand peine.
Sur tous ay eu grandeur mondaine.
Et mourir me faut pour tout gage.
Hé, qu’est-ce de mortel demeine,
Les grans ne l’auront pas davantage.
[…]
Source : Les Soixante huict huictains, cy devant appellez, la Danse Machabrey par lesquels les Chrestiens de tous estatz, sont stimulez et inuitez de penser à la mort, Paris, 1589
Déjà père de Mickey, Walt Disney souhaite, à la fin des années 20, explorer d’autres genres artistiques. C’est dans ce cadre que débutent les Silly Symphonies dont la Skeleton Dance est le premier. Le thème de la danse macabre n’est en elle-même pas une nouveauté dans le cinéma naissant, Thomas Edison ayant tourné Skeleton Dance Marionettes en 1898. La paternité de ce court métrage ainsi que des Silly Symphonies reviendrait cependant non à Disney directement mais au compositeur Carl W. Stalling. Le court métrage est diffusé pour la première fois au Carthay Circle Theater de Los Angeles, le en première partie du film de Friedrich Wilhelm Murnau, Les Quatre Diables.
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Agrégée – Docteure en histoire Professeur d’histoire-géographie au lycée Marguerite Yourcenar de Morangis (91) Adhérente des Clionautes depuis octobre 2016 Membre du Comité éditorial depuis 2017 Représentante des Clionautes pour la Région Ile-de-France Globe-trotteuse [Europe-Equateur-Chine-Japon-Corée du Nord-Iran-Inde-Egypte …]
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