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Ukraine: en Chine, qu'est-ce que le «mouvement de la grande … – RFI

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La presse chinoise a très peu parlé de Boutcha, en Ukraine. Les médias d’État n’ont pas rapporté le massacre, sauf pour citer le Kremlin, affirmant qu’il s’agissait d’une mise en scène. Une distorsion de la réalité exposée par des sinophones qui, depuis le début du conflit, s’emploient à traduire en anglais les commentaires et les prises de positions pro-russes ayant déferlé sur les réseaux sociaux et dans les médias chinois, pour les donner à voir à l’étranger.
De notre correspondant à Pékin,
Traduire « tout haut », ce que les Chinois lisent et entendent « tout bas », au-delà de la barrière de la langue.
Le mouvement, regroupé sous le hashtag  #TheGreatTranslationMovement (#大翻译运动), serait né spontanément avec les premières bombes qui sont tombées sur l’Ukraine, se souvient l’un de ces traducteurs de guerre joint par RFI, et qui préfère conserver l’anonymat.
Nous voulions montrer la violence des propos xénophobes et extrémistes qui ont envahi les réseaux et les médias contrôlés par l’État, en particulier dans les commentaires
Ces traductions des propos nationalistes chinois remontent en réalité à quelques années en arrière. D’abord via la chaîne Chonglang TV, sur le site communautaire américain Reddit. Puis l’invasion de l’Ukraine est arrivée.
« J’ai commencé ma première traduction fin février, quelques jours après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. J’ai vu une avalanche de fausses nouvelles et de déclarations officielles sur le conflit qui étaient partagées entre migrants chinois en Australie. J’étais choqué. J’ai fait des copies d’écrans, et j’ai commencé à traduire les contenus des échanges », explique Han Yang, contacté par RFI.
Actif notamment sur Twitter, ce dernier raconte avoir eu pour camarade d’université l’un des porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a affirmé ce mercredi que les images de morts civils dans la ville ukrainienne de Boutcha étaient « profondément troublantes », mais qu’aucun blâme ne devait être attribué à quiconque tant que tous les faits n’étaient pas connus.
Han Yang dit de ne pas faire partie du « mouvement de la grande traduction », mais approuve « l’intention de départ qui est de montrer ce que pensent des Chinois dans un environnement médiatique et internet censuré, sachant que ces opinions reflètent aussi généralement celles des officiels ».
Car ce qui surprend le plus sur les réseaux sociaux chinois en ce moment, c’est l’unicité de ton. Après deux jours d’hésitation, les gardiens de la grande muraille informatique ont très vite donné des consignes aux médias, leur demandant de reprendre la « neutralité bienveillante » affichée par les autorités chinoises pour la Russie.
Ce qui a notamment entraîné une déferlante de vidéos montrant Vladimir Poutine dans son quotidien, du petit-déjeuner en famille, aux convocations de généraux pour brandir la menace de l’arme nucléaire. Le « mouvement » a également montré que les frontières de l’Ukraine avaient récemment disparu sur certaines cartes du conflit présentées par la télévision chinoises, probablement avant qu’elles ne réapparaissent quand Moscou en aura redessiné les contours.
来自 #大翻译运动 贡献者的宣言的汇集

Messages from the contributors of #TheGreatTranslationMovement pic.twitter.com/z0lYvC6hgK
Guerre en Ukraine, et guerre des mots sur les réseaux. Un grand nombre de ces patriotes chinois du clavier ne cachent pas leur admiration pour le président russe. La traduction de leurs propos, parfois extrémistes, contre l’Ukraine, risquant d’attirer un retour de bâton, a depuis été bloquée par Reddit en raison d’un problème de manque de confidentialité.
Le mouvement a ensuite migré sur Facebook, Instagram, Telegram et Twitter. En un peu plus d’un mois de guerre, le compte Twitter TGTM_Official a dépassé les 100 000 abonnés le 5 avril dernier. De quoi alerter les autorités qui ont vivement critiqué cette armée des traducteurs de l’ombre.
Ce sont les médias officiels qui ont sonné la charge. Le Quotidien du Peuple voit dans la « grande traduction » un « mouvement sans scrupules (…) utilisant de manière sélective des contenus extrêmes qui ne sont pas propres à la Chine, pour ternir l’image du pays et du peuple chinois ».
Des Chinois de la diaspora ont aussi fait remarquer que ces traductions risquaient « d’alimenter un sentiment anti-chinois à l’étranger ». « Il y a un groupe de personne qui ont des pensées très effrayantes sur la Chine (…) Ils recherchent des déclarations soi-disant “pro-russes” dans divers groupes WeChat, les traduisent et les envoient sur Internet », affirme le Global Times.
« La rhétorique d’une très petite minorité sur les sites web chinois s’est propagée rapidement à l’étranger et a généré un sentiment anti-chinois sur le terrain », poursuit là encore le tabloïd filial du Quotidien du Peuple.
Le « mouvement de la grande traduction » s’est notamment fait connaître en traduisant les propos et les blagues sexistes d’internautes chinois qui ont proposé « d’accueillir les petites sœurs ukrainiennes réfugiées » au début de la guerre, quand d’autres souhaitaient la bienvenue, avec des clins d’œil très appuyés, « aux belles femmes ukrainiennes ».
Ces commentaires déplacés ne sont pas propres à la Chine, où ils ont d’ailleurs entraîné la fermeture des comptes sociaux de leurs auteurs, soulignent les autorités. La censure a fait taire les attaques sexistes et l’ambassade de Chine à Kiev a très vite appelé les internautes à calmer leurs attaques contre l’Ukraine, pour ne pas risquer de mettre en danger ses ressortissants, alors bloqués en Europe orientale.
En piochant dans les propos les plus extrêmes, le mouvement déformerait la réalité d’une opinion chinoise diverse et silencieuse, ont affirmé certains éditoriaux. Dans les pages d’opinion contrôlées par la censure comme le reste des publications, certains chroniqueurs ont accusé les « grands traducteurs » de vouloir organiser « une révolution de couleur » en Chine.
Outre l’effet loupe sur une minorité haineuse très active sur Internet, ce qui gêne surtout les autorités chinoises, c’est l’effet miroir de cette grande traduction qui expose en plein jour la campagne de propagande visant l’Occident et en particulier les États-Unis ou l’Otan, accusés d’être responsables de la guerre.
Le risque, c’est que l’image de la Chine ne soit dégradée auprès de l’opinion européenne, alors que l’Europe reste le plus grand débouché du « Made in China » aujourd’hui. Même chose pour le Japon, quand le « mouvement » traduit les commentaires parfois agressifs des internautes chinois à propos du récent tremblement de terre qui a secoué Tokyo ; ou la Corée du Sud, quand ces mêmes nationalistes revendiquent des éléments du patrimoine culturel coréen comme étant chinois.
How is Chinese media reporting on the #BuchaMassacre? A short thread 🧵:
Alors que le gouvernement chinois hésitait encore sur les éléments de langage à tenir en début de conflit, les « grands traducteurs » ont montré que le flot de propagande russe sur les réseaux chinois était repris par les médias et dans les commentaires sur les réseaux.  « Le mouvement de la grande traduction ne contrecarre pas le peuple chinois, mais la machine de propagande et de censure qui produit un grand nombre de “zombies patriotes” », affirme Chang Ping, cité par Global Voices.
« Comment contrer les zombies ?, feint de s’interroger ce journaliste vétéran en exil. Le meilleur moyen est de les éclairer. Les zombies ont peur du Soleil, c’est pourquoi la Chine impose une censure stricte de l’Internet. »*
►Lire aussi : La suprématie du dollar remise en cause par la Russie en guerre et la Chine
Révéler le négatif d’un discours, comme on le faisait autrefois avec les photos argentiques, c’est aussi pour ces « grands traducteurs » exposer l’existence d’un groupe très actif de jeunes nationalistes chinois surnommés « Little Pink ».
Contrairement à ceux que l’on appelait autrefois les « Wu Mao » (littéralement les « cinq centimes » payés en fonction du nombre de commentaires pro-gouvernement), ces « petits roses » n’ont pas besoin d’être rémunérés pour déborder d’enthousiasme patriotique. La plupart d’entre eux ne sont pas censurés.
« Nous avons un lien avec ce que certains appellent en Occident les “Antifas”, explique un membre anonyme du mouvement. C’est du nationalisme inversé en quelque sorte. Le but, c’est de briser la propagande et de dissiper les illusions. »
►Écouter aussi : Guerre en Ukraine, la Chine peut-elle changer la donne ?
Derrière l’écran de fumée d’une opinion chinoise lisse, opposée aux Occidentaux et déclarant comprendre les « raisons » de « l’opération militaire spéciale » russe, que pense le reste de la société chinoise de la guerre en Ukraine ? Le « mouvement de la grande traduction » se défend de vouloir exposer une minorité extrémiste défiante vis-à-vis de l’étranger, et assure traduire également les propos de Chinois critiquant l’invasion d’un pays souverain par les troupes de Vladimir Poutine. Le problème, disent-ils, c’est que ces messages disparaissent des réseaux presque aussitôt qu’ils apparaissent.
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