Des médecins légistes déterrent des corps dans une forêt proche d'Izioum (Ukraine), le 16 septembre 2022.
afp.com/SERGEY BOBOK
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Au 206e jour de la guerre, un charnier en appelle un autre. En reprenant Izioum, ville stratégique de l’est de l’Ukraine, utilisée comme un avant-poste de l’occupation russe avant la contre-offensive de ces derniers jours, les enquêteurs ukrainiens ont mis au jour 443 tombes, et autant de corps. Des dépouilles de civils présentent des traces de torture. Cette découverte a vivement été condamnée par la communauté internationale ; les dirigeants occidentaux ont encore en tête les images de la reprise de Boucha, en mars dernier. Des corps de vieux badauds allongés sur leur vélo en pleine rue, cela ne s’oublie pas. L’horreur se répète sans que la guerre ne lasse Poutine : le dirigeant russe a assuré hier qu’il n’était “pas pressé” de cessez-le-feu.
A Izioum, l’excavation des corps continue. Sous le feu des projecteurs, comme l’a demandé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la torture se révèle. Un journaliste de l’AFP a pu voir au moins un corps avec les mains liées avec une corde, sans pouvoir établir dans l’immédiat s’il s’agissait d’un civil ou d’un militaire, le corps étant trop abîmé. Il confirme ainsi en partie les accusations du gouverneur régional Oleg Synegoubov, sur Telegram : “il y a plusieurs corps avec les mains liées derrière le dos et une personne est enterrée avec une corde autour du cou. De toute évidence, ces personnes ont été torturées et exécutées”. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a immédiatement indiqué vouloir envoyer une équipe à Izioum pour “déterminer les circonstances de la mort de ces personnes”.
La Russie agit de “manière épouvantable et cela se voit et se répète (…). On voit ce qu’elle laisse dans son sillage”, a commenté à Washington le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Les Etats-Unis, pourtant habitués aux théâtres d’opérations violentes, ne sont pas les seuls à s’étrangler. L’UE s’est également dite “profondément choquée”. “La Russie, ses dirigeants politiques et toutes les personnes impliquées dans les violations continues du droit international et du droit humanitaire international en Ukraine devront rendre des comptes”, a estimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué. Même son de cloche en France: sur Twitter, le président Emmanuel Macron a condamné “avec la plus grande fermeté les atrocités commises à Izioum, en Ukraine, sous occupation russe”.
Présent aux côtés du président russe Vladimir Poutine pour un sommet régional en Ouzbékistan, le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan a appelé, ce vendredi toujours, à mettre fin au conflit en Ukraine “au plus vite”, tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi a souligné que l’heure n’était “pas à la guerre”. Après avoir rencontré son homologue et allié chinois Xi Jinping jeudi, M. Poutine avait d’abord assuré qu’il souhaitait terminer “le plus vite possible” la guerre, accusant Kiev de “refuser tout processus de négociations”. Des déclarations très vite oubliées. Vladimir Poutine a indiqué vendredi que son offensive allait se poursuivre. “Le plan ne nécessite pas de changement (…) Nous ne sommes pas pressés”, a-t-il dit.
Le même jour, le Mexique a annoncé qu’il allait proposer à l’ONU son plan pour la “cessation des hostilités”. Ce document, qui devrait arriver la semaine prochaine en même temps que l’Assemblée générale de l’organisation, durant laquelle Zelensky devrait s’exprimer, comprendra le détail d’une éventuelle “mission de maintien de la paix” en Ukraine. “Il s’agit de rechercher de toute urgence un accord pour mettre fin à la guerre” a déclaré Andres Manuel Lopez Obrador. Cette déclaration du président mexicain a en réalité deux vertus. Se présenter en faiseur de paix, tout en déclarant la guerre à l’ONU. Selon Andres Manuel Lopez Obrador, l’organisation “reste inactive” et “en proie à un formalisme et à une inefficacité politique qui la cantonnent dans un rôle purement décoratif”. Le pacifisme n’est pas dépourvu de toute violence.
Berlin a essuyé vendredi de nouvelles critiques de Kiev sur les livraisons d’armes, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, déplorant que l’envoi de véhicules blindés récemment annoncé ne corresponde pas aux besoins immédiats du pays. Le ministère allemand de la Défense a annoncé jeudi qu’il mettrait “très bientôt” à disposition de l’Ukraine 50 véhicules de transport tout-terrain de type “Dingo”.
“C’est un mystère pour nous: nous demandons actuellement des chars Leopard ou des chars Martre, et l’Allemagne fournit les véhicules blindés de type Dingo. Cela aussi est utile, et nous vous en sommes reconnaissants. Mais ce n’est pas ce dont nous avons le plus besoin au combat”, a déclaré M. Kouleba dans un entretien mis en ligne par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Dmytro Kouleba confie son impression qu’il existe “une sorte de mur des armes” à Berlin. “Je pense que pour le chancelier, le moment est venu de démolir ce mur”. De quoi troubler le calme germanique ?
La République tchèque, qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE, a appelé ce samedi à la création d’un tribunal international pour les crimes de guerre pouvant avoir été commis à Izioum.”Au XXIe siècle, de telles attaques contre la population civile sont impensables et odieuses”, a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, sur Twitter. “Nous ne devons pas passer outre. Nous sommes pour la punition de tous les criminels de guerre”, a-t-il ajouté. La République tchèque, ancien pays communiste, et désormais membre de l’UE et de l’Otan, a accueilli environ 400.000 réfugiés ukrainiens et fourni une aide militaire d’une valeur d’environ 150 millions de dollars à l’Ukraine, envahie par la Russie le 24 février.
La nouvelle a été indiquée ce samedi en fin de journée par l’Agence internationale de l’énergie atomique, après que le site avait été privé de source d’électricité, ce qui augmentait le risque d’un accident.
“La ligne de 750 kilovolt (kv) réparée alimente la plus grande centrale nucléaire d’Europe (…) avec l’électricité nécessaire pour assurer le refroidissement des réacteurs et d’autres fonctions de sécurité”, a indiqué l’instance dans un communiqué.
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