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Aujourd’hui nous rencontrons Mai Beck, traductrice français/japonais pour la maison d’édition Atelier Akatombo.
Après ses études universitaires au Japon, la jeune femme travaillait principalement dans les domaines de marketing, de publicité et du commerce international à Tokyo. Le séisme de 2011 l’a poussé cependant à reconsidérer ce choix. Elle décide alors de reprendre ses études en France. C’est chez Atelier Akatombo qu’elle débute en tant que traductrice.
Je n’ai pas eu de formation spécialisée en traduction. Mais mes études de littérature classique comme moderne et de folklore (minzoku-gaku) au Japon ainsi que celles d’anthropologie en France m’aident beaucoup dans le travail de traduction.
Cela m’arrive de faire la traduction du français vers le japonais, mais c’est pour l’instant à titre de service amical ou d’entraînement personnel.
L’apprentissage du français n’ayant pas de fin, je suis tout le temps avec mon cahier sur lequel je note des expressions et des termes que j’ai rencontrés dans mes lectures ou dans mes conversations quotidiennes et qui me semblent utiles pour la traduction. Quand j’ai un roman à traduire, c’est comme si je vivais avec ses personnages. Même en quittant l’ordinateur, sous ma douche, à table, je réfléchis toujours à la signification de leurs actes et paroles, comme on le fait pour ses proches. Je fais également des recherches sur l’époque décrite dans l’œuvre afin de mieux comprendre les intentions de l’auteur. En me concentrant sur la traduction, je ne vois pas le temps passer et finis souvent par me retrouver à la tombée de la nuit sans déjeuner, ce qu’il faudrait modifier rapidement…
Le sujet d’une phrase est souvent omis dans la langue japonaise, mais nous, les Japonais, pouvons deviner assez facilement « qui parle à qui » en nous référant à la différence de pronoms personnels (watashi, boku, etc.) et au ton ou au style (mode de politesse, auxiliaires, etc.). Je prends soin et ajoute parfois quelques mots ou des notes, quitte à faire des phrases peu belles, pour que cela soit clair pour l’adaptateur/-trice francophone qui travaille après moi.
Quand il s’agit de la traduction de romans, les onomatopées peuvent se remplacer par le verbe ou l’adjectif. Par contre, le jeu de mots et la plaisanterie utilisant les kanjis me semblent plus difficiles à traduire. Je les explique à l’adaptateur/-trice et nous en discutons. Afin de gérer ce genre de problèmes, le système de traduction en binôme (traducteur/-trice japonais-e + adaptateur/-trice français-e) est très efficace.
J’écris de temps en temps des haïku et des tanka, en japonais. Sinon, je suis en train de lire un roman de Mizubayashi Akira, écrivain japonais qui écrit en français. Cela a l’air intéressant d’écrire une histoire en langue étrangère.
Un roman intitulé « Eugenia », dont j’ai fait la traduction avec Dominique Sylvain, sera publié cet automne. C’est un mystère très intéressant, qui ébranle même notre idée préconçue qu’il ne doit y avoir qu’une seule vérité. Ce livre mérite (et nécessite) la lecture à plusieurs reprises. J’espère que les lecteurs francophones apprécieront cette expérience.
J’ai toujours aimé les livres. Et la traduction, grâce aux recherches qu’elle entraîne, me permet de découvrir des horizons différents et de redécouvrir la culture de mon propre pays, ce qui me réjouit à chaque fois.
Merci à Mai Beck d’avoir accepté cette demande d’interview. Pour découvrir son travail, rendez-vous sur le site d’Atelier Akatombo !
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