Pour continuer d’attirer du public en été et par souci de limiter leur dépendance énergétique, des hébergeurs et restaurateurs subventionnés prennent le virage de la transition écologique.
"Il ne faut pas que ce soit inconfortable, bien dormir est primordial quand on est en vacances." Brigitte Chardomordic, à la tête de l’hostel Le Diablotin, dans les petites rues de Saint-Jean-de-Fos, n’a pas été la seule, l’été dernier, à se préoccuper du bien-être de ses visiteurs. Sous les toits, son dortoir pour huit personnes est bien équipé de la climatisation, mais pas les chambres, dans lesquelles est privilégiée la "technique" des volets clos.
"Notre credo, c’est de faire de la sensibilisation, voire de l’éducation pour lutter contre la chaleur, économiser l’eau, trier… poursuit l’hébergeuse, mais cela ne nous a pas empêchés de faire des travaux et des achats conséquents pour réduire notre impact en CO2 et ainsi donner l’exemple."
L’ensemble du département de l’Hérault est couvert par le dispositif. Pour déposer un dossier auprès de l’Agence de transition écologique (anciennement Ademe), le syndicat mixte Pays Cœur d’Hérault recense les besoins de l’établissement et dresse un état des lieux. Quinze jours après le dépôt du dossier, un acompte de 30 % de la subvention est versé et le professionnel dispose de 18 mois pour réaliser ses travaux.
Lancé en 2021, il est reconduit et élargi en 2023 et 2024 : désormais, des travaux de géothermie, d’isolation ainsi que l’équipement en pompe à chaleur solaire peuvent être subventionnés. Une réunion d’information sur le tourisme durable, qui abordera cette question, aura lieu le 1er décembre au gîte de la Soulondres, à Lodève.
Comme une dizaine d’autres professionnels du tourisme du Pays Cœur d’Hérault, Le Diablotin, qui a ouvert il y a deux ans, a bénéficié d’une subvention du fonds tourisme durable, un dispositif national destiné à favoriser la transition écologique des hébergeurs et restaurateurs. Pour, notamment, l’achat de gros lave-linge et sèche-linge à faible consommation ("nous faisons la blanchisserie sur place pour limiter les déplacements"), d’un vélo cargo électrique ("pour transporter les déchets aux colonnes de tri et s’approvisionner en produits locaux"), Brigitte Charlomordic a été aidée à hauteur de 10 761 € par le fonds, soit 72 % du montant des achats.
Après la Maison des légendes, Élodie et Alexandre Léger ont ouvert au printemps dernier la Bergerie des rêves, à Puéchabon, un hébergement à "l’architecture proche d’un riad marocain". Avec le fonds, ils ont pu financer des systèmes d’économie d’eau, des mitigeurs aux récupérateurs d’eau de pluie pour les toilettes, en plus de la construction d’un local à vélos au toit de panneaux solaires. "Il y a, chez nous, la possibilité de faire un séjour sans impact sur l’environnement", fait valoir Élodie, qui cite leur bassin de baignade naturelle, avec son système de filtration par les plantes, et la possibilité de parcourir les environs à vélo.
Au Bistrot du Larzac, à la Vacquerie, le chef Cyril Lalloum, qui investit, grâce au fonds, dans de la robinetterie et des machines économes, en particulier des frigos et congélos dits "tropicalisés" (insensibles aux variations de température extérieure), admet que l’aide est "une bonne occasion de se lancer". Installé depuis cinq ans, adepte de la sobriété énergétique, il assure que "ces investissements, [il] les aurai [t] faits tôt ou tard, mais malgré les subventions, il y a un reste-à-charge que l’on n’est pas tous en mesure de sortir".
Valérie Affre, qui accompagne et conseille, au syndicat mixte Pays Cœur d’Hérault, les entrepreneurs dans leur démarche verte, souhaite davantage faire connaître ce dispositif : "Pour le moment, ce sont surtout les établissements du réseau Vignobles & découvertes qui en ont bénéficié." Des pros plutôt sensibilisés donc, déjà labellisés Clef verte ou Accueil vélo.
Or, même les plus petites structures ont tout intérêt, selon elle, à améliorer leurs performances. "En plus de leur faire des économies, il s’agit de bien accueillir le public", ajoute Valérie Affre. Car végétaliser, créer des conditions de fraîcheur, opter pour des ampoules Led ou des robinets mousseurs est aussi bon pour l’image de l’établissement. "Nous sommes aussi là pour aider ces professionnels à communiquer sur ce qu’ils mettent en place. C’est l’avenir", estime-t-elle.
Valérie Affre est chargée de mission tourisme durable au syndicat mixte Pays Cœur d’Hérault.
Valérie Affre est chargée de mission tourisme durable au syndicat mixte Pays Cœur d’Hérault.
À qui s’adresse le fonds tourisme durable de l’Agence de transition écologique ?
Aux hébergeurs et restaurateurs, afin de les accompagner, au départ, dans la relance de leur activité post-Covid. Le fonds a été reconduit pour deux ans, en 2023 et 2024, avec l’objectif de faire de la France la première destination touristique durable du monde. L’Occitanie est la 2e région en nombre de demandes, derrière la Nouvelle-Aquitaine et devant Auvergne-Rhône-Alpes.
Depuis 2021 donc, vous vous occupez des demandes de financement au syndicat mixte Pays Cœur d’Hérault. Combien d’établissements en ont bénéficié ?
Il y a beaucoup d’attentes en Pays Cœur d’Hérault sur la transition écologique. Depuis 2021, j’ai accompagné douze professionnels et neuf ont déposé un dossier, pour un montant de 100 000 €. D’ici à la fin de l’année, six autres dossiers devraient aboutir. Ce sont à 80 % des hébergeurs et à 20 % des restaurateurs.
Les demandes concernent quels types d’achats et de travaux ?
Le fonds finance entre 60 et 80 % des aménagements, qui concernent l’achat de bâches opaques pour les piscines, de cuves pour récupérer l’eau de pluie, la robinetterie, la végétalisation, la rénovation des volets, de l’électroménager moins énergivore ou encore la construction d’un local à vélo.
849000 €
EXCLUSIVITE Située à LAGAMAS à 3mn de GIGNAC et 3 mn de l'accès autoroute.C[…]J’ai déjà un compte
Je n’ai pas de compte
Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?