Publié le 09/10/2022 à 08h00
Cécile Bergougnoux
Il y a eu le Covid. Et son kilomètre de déplacement. Son temps libre aussi pour rencontrer les commerçants du coin. À commencer par les maraîchers et les producteurs de fruits.
« Un engouement pour le bio » aussi au passage, souligne Nathanaël Jacquart, maraîcher bio à Luzillat, trésorier à la Frab Auvergne (Fédération régionale d’agriculture biologique AuRA). Et puis. Patatras. La situation économique se complique. L’alimentaire, bio ou pas, subit.
Un recul de 1,3 %, selon les chiffres de juin de l’Agence Bio. Cette contraction du marché reste bien sûr à relativiser au regard de la baisse globale de 2,28 % de la consommation alimentaire des ménages. La tendance ne devrait pas s’améliorer en 2022.
S’ajoute une crise de confiance. Face à la jungle des labels, plus ou moins fiables, le petit producteur du coin avec qui on taille la bavette a un côté rassurant.
« Moi aussi, je suis du coin. Et, en plus, je fais du bio ! », se défend un producteur de légumes de Limagne, conscient que « le bio ne fait plus vendre » à cause de cette réputation d’être plus cher.
premium L’offre en bio est-elle trop abondante à Clermont-Ferrand et ses alentours ?
Autour de lui, les mots « résilience », « réorganisation » et « structuration » tentent de contrer la morosité ambiante au salon professionnel de la production légumière, fruitière et PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales) bio en Auvergne, baptisée « Semeurs de Bio », qui s’est tenu le 27 septembre dernier sur le site de Marmilhat à Lempdes.
Labellisé « La terre est notre métier », c’est le plus gros salon du genre en Auvergne-Rhône-Alpes. Et autant dire que les conférences et café-rencontres ont tourné autour de cette crise.
« Plutôt un palier », rectifie Pierre Sauvat, administrateur à la Frab. Il est arboriculteur bio à Saint-Amant-Tallende. Et, lui, les débouchés pour ses pommes bio, il n’en manque pas : « Nous ne sommes pas nombreux à produire, alors… ».
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En légumes, c’est autre chose. « Plus compliqué et surtout pas organisé », commente un expert de la chambre d’agriculture. Car, en fait, il n’y a pas une filière bio mais des filières bio. Aucune ne ressemble à l’autre.
D’où l’intérêt « que les professionnels se rassemblent, s’organisent. C’est l’objectif d’un salon comme celui-ci. On se parle, on se forme, on innove. Et on fait de la pédagogie ».
premium Une carte pour retrouver les producteurs bio et locaux dans le Puy-de-Dôme
Pour Pierre Sauvat, les filières courtes, la vente directe, c’est bien. « Mais dans l’esprit du consommateur, cela a tendance à remplacer le bio. Or, cela ne l’est que parce qu’il n’y a pas de transport, donc un bon bilan carbone. C’est déjà bien. Et effectivement, beaucoup de maraîchers n’utilisent pas ou peu de produits phytosanitaires. Tant mieux. Mais qu’en sait-on au fond ? Comment le consommateur sait-il ce que fait vraiment son marchand de salade ? La seule certitude, c’est le label. J’entends que le consommateur est perdu dans les labels. Il suffit de s’accrocher au seul, unique et meilleur “AB”. Le cahier des charges est une garantie ».
Il ne s’agit pas de monter les uns contre les autres, il y a de la place pour tout le monde, surtout si on relocalise, mais bien d’éclairer le consommateur.
« Consommer local, évidemment. Bio, en plus, c’est mieux. Mieux pour la santé, pour la planète et pour le climat », synthétise Isabelle, croisée au rayon bio d’un hypermarché à Clermont-Ferrand.
Pour Pierre Sauvat, « l’environnement se dégrade, le climat se dérègle… Les gens vont finir par prendre conscience que le modèle qu’on défend est le bon ».
premium AOP, IGP, local, bio… le consommateur est-il perdu dans la jungle des labels ?
Cécile Bergougnoux
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