Quand on se penche sur le cas particulier de TotalEnergies, que constate-t-on? Que la direction s’est très longtemps arcboutée sur le fait qu’elle ne voulait pas négocier avant la date prévue pour les négociations annuelles obligatoires. En temps normal, quand il s’agit de négocier une hausse du pouvoir d’achat, cette idée que les salaires se négocient une fois par an ne pose pas vraiment problème. Cela a d’ailleurs été le cas ces dernières années chez TotalEnergies.
Mais en période de forte inflation, le rendez-vous annuel passe mal, les salariés voyant leur pouvoir d’achat grignoté mois après mois par une hausse des prix mal anticipée. Voilà pourquoi, toutes branches professionnelles confondues, on insiste autant, côté syndical, sur l’importance des clauses de revoyure, qui permettent d’ajuster le tir quand l’inflation dépasse les prévisions.
La CFE-CGC aimerait même que ces clauses deviennent obligatoires avec un déclenchement automatique lorsque le SMIC est augmenté deux fois dans la même année. Car, force est de constater que même dans les grandes entreprises, les clauses de revoyure restent pour le moment relativement rares.
Parmi les poids lourds de la banque, si le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et le Crédit Agricole ont introduit des clauses de revoyure dans leurs derniers accords salariaux, ce n’est pas le cas chez BNPParibas. Les syndicats du premier groupe bancaire français comptent d’ailleurs bien en obtenir une lors des négociations annuelles obligatoires qui viennent de débuter.
La clause de revoyure favorise en effet le dialogue social, même si elle n’empêche pas le recours à la grève. On peut prendre l’exemple de Carrefour. Le groupe a négocié une augmentation de 2,8% en début d’année, assortie d’une clause de revoyure. Cette dernière a entraîné des discussions en septembre. Des discussions tendues avec des appels à la grève dans certains magasins et entrepôts. Mais un accord a été assez rapidement trouvé. Avec une nouvelle augmentation de 2,5%.
Cela dit, même lorsqu’il n’y a pas de clause de revoyure, rien n’empêche les employeurs de devancer les négociations annuelles pour éteindre tout risque d’embrasement social. Le cas le plus emblématique, c’est celui d’Air France.
Sans attendre les négociations annuelles prévues en mai prochain, la direction a annoncé des augmentations de salaires en trois temps: 2% en novembre, 2,5% en février et 0,5% en mai. Sachant que ce 0,5% constituait en réalité une première base minimale de discussions pour les négociations annuelles obligatoires. Et le résultat, c’est qu’Air France, à la différence de nombreuses autres compagnies, notamment les champions du low cost, Ryanair et easyJet, n’a eu à faire face à aucune grève.
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