VOTRE VIE VOTRE AVIS Accusés par leurs aînés d’être allergiques au téléphone, nos jeunes lecteurs témoignent de leurs difficultés à passer des appels
Graham Bell doit se retourner dans sa tombe. Depuis plusieurs semaines, plusieurs posts Twitter avancent que les jeunes générations seraient devenues allergiques au téléphone. Pas au smartphone auquel ils sont toujours accrochés, mais plus précisément aux appels téléphoniques. « Ils ne veulent plus passer de coups de fil, ou même en recevoir. Ils trouvent cela intrusif ou impoli. »
Choc générationnel : des “jeunes” viennent de m’expliquer que contacter qq par téléphone est “malpoli” alors qu’il existe tant de messageries, et que téléphoner oblige à répondre tout de suite, ce qui serait “peu sociable” 🤨 pic.twitter.com/PbuWznbQbc
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Pour en avoir le cœur net, 20 Minutes a interrogé ses jeunes lecteurs, entre 16 et 25 ans sur leur éventuel désamour de ce mode de communication.
« Le téléphone a toujours été une angoisse pour moi. Dès qu’il sonne ou que je dois passer un appel, je stresse. Je panique et je perds mes mots. C’est pire que de passer le bac. » Comme Jamil, ils ont été nombreux à témoigner d’une peur ou d’un inconfort face au combiné, le trouvant même parfois trop brutal. Valentine, 23 ans, ne répond jamais aux appels. Une situation handicapante dans sa vie professionnelle : « Si je ne sais pas pourquoi on m’appelle, j’ai peur de ne pas savoir quoi répondre et de passer pour une idiote. » Un problème qu’elle rencontre aussi dans sa vie privée, où elle évite tout autant le téléphone.
Catherine Lejealle, sociologue et chercheure à l’ISC Paris, explique ce comportement : « Lorsqu’on reçoit un appel téléphonique, on n’est pas forcément préparé à l’échange qui va avoir lieu et à la réflexion qu’il nécessite. On se retrouve alors dans une position vulnérable. Pour les personnes qui montrent une timidité, cela peut-être très incommodant. »
Un inconfort d’autant plus grand pour les jeunes, en plein développement, selon la sociologue : « C’est un cycle de construction identitaire, on a souvent du mal à aligner ses idées, à être pertinent sur l’instant. On n’a pas forcément l’habitude de s’exprimer en public, par exemple. » Pour ceux qui comme Anne, ont peur d’être jugés, critiqués, ou que les personnes autour entendent la conversation, passer un appel téléphonique est une « charge émotionnelle difficile à gérer ».
Jonathan connaît le même embarras. Pourtant « très intégré socialement » et n’ayant « aucun problème relationnel en direct », il éprouve la plus grande peine à échanger au téléphone avec n’importe qui, même ses proches. Un sentiment qu’il explique par la difficulté à échanger sans voir les réactions de son interlocuteur. « Environ 70 % de notre communication est non verbale. Ce n’est pas si évident de faire sans la vision de la personne en face, confirme Catherine Lejealle, quand on manque d’assurance, le partenaire est un point d’appui, on transmet ses émotions par le regard, le corps, et l’autre peut rebondir. Par téléphone, c’est très difficile. »
Et ce mal-être n’est pas l’apanage de la « Génération Z », même si le phénomène a l’air plus fréquent pour elle. Bérangère, 40 ans, assure avoir toujours eu du mal avec les appels qu’elle trouve « trop intrusifs ». Comme Bertrand, 51 ans, qui a toujours « peur de gêner » lorsqu’il est à l’initiative du coup de fil. Vanessa, si elle n’est plus « dans la tranche d’âge » de ceux qu’on qualifie de jeunes, continue de répéter ses discours et d’avoir toujours des notes sous les yeux avant de passer un appel.
« Les générations précédentes connaissaient déjà ces difficultés, assure Marie Danet, enseignante et chercheure en psychologie, mais le téléphone était, dans la très grande majorité des cas, le seul moyen de communication. » Autrement dit, faute d’alternatives, les anciens jeunes devaient se forcer : « Cela entraînait un effet d’apprentissage et d’habitude que n’ont plus les jeunes. »
Car les timides du « bigophone » ont aujourd’hui de multiples voies de sorties pour contourner leur problème. Mails, messageries (SMS, Whatsapp, Telegram…), réseaux sociaux (Snapchat, Tiktok, Instagram…), les alternatives ne manquent pas et elles emportent plus facilement l’adhésion de nos jeunes lecteurs. « Par message, j’ai le temps de réfléchir à ma réponse. De relire toute la conversation. Et je ne suis pas pressé par mon interlocuteur », justifie Zélie, qui ne jure que par Snapchat. « Ces nouveaux moyens de communication sont plus attractifs parce que plus créatifs et asynchrones, confirme Catherine Lejealle, ils permettent de construire l’image que l’on veut renvoyer, d’éviter d’être pris à défaut. »
Une manière de garder le contrôle qui justifie le succès des messages vocaux selon Marie Danet : « On peut réfléchir à la manière dont on va dire la chose, s’arrêter, annuler, recommencer. » D’autant que ces « mémos » rassemblent le meilleur des deux mondes, faire passer les émotions comme le téléphone, tout en laissant le temps de l’interprétation à l’interlocuteur, comme les messageries.
Des contraintes en moins pour une génération déjà habituée aux services à la carte avec Netflix, les podcasts, etc. « C’est une évolution sociétale. Ce sont des générations qui sont habituées à l’immédiateté grâce aux nouvelles technologies, mais elles veulent garder le contrôle sur leurs propres faits et gestes, pondère Marie Danet, et avoir son smartphone en permanence dans sa poche ne signifie pas être toujours disponible. »
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