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Par : János Allenbach-Ammann | EURACTIV.com | translated by Anna Martino
20-10-2022
Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), Luca Visentini, lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet social tripartite à Bruxelles, le 19 octobre 2022. [European Council Audiovisual Services]Langues : Deutsch
Mercredi (19 octobre), lors d’une réunion, les dirigeants des syndicats européens et des associations européennes d’entreprises ont exhorté les dirigeants de l’UE à apporter davantage de soutien aux travailleurs et aux entreprises face à la hausse des prix de l’énergie.
Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), Luca Visentini, et le directeur général de Business Europe, Markus Beyrer, ont rencontré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, et le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, à Bruxelles, avant la réunion des chefs d’État de jeudi et vendredi.
« Du point de vue des syndicats et des travailleurs, nous courons le risque d’être confrontés à une incroyable récession accompagnée d’inflation », a déclaré M. Visentini aux journalistes lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion. Il a ajouté que, si l’emploi n’était pas encore en baisse, le nombre d’heures travaillées diminuait de manière spectaculaire.
Pour lui, le risque de sous-emploi et de pauvreté rend nécessaire de réduire rapidement les prix de l’énergie et de soutenir les ménages les plus pauvres.
« Cette situation ne peut être tolérée, et nous avons besoin d’un plafonnement des prix de l’énergie et d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels pour financer des allocations d’urgence pour les ménages les plus pauvres au plus vite », a-t-il déclaré.
M. Beyrer a également parlé de la nécessité de maîtriser les prix de l’énergie, affirmant que les entreprises de toutes tailles luttent pour survivre. « Il existe un risque sérieux que les entreprises à forte intensité énergétique se délocalisent en dehors de l’Europe où les prix de l’énergie sont beaucoup plus bas », a-t-il déclaré, prévenant que cela aurait « des conséquences dramatiques pour notre compétitivité et nos emplois ».
Comme M. Visentini, M. Beyrer a accueilli favorablement l’idée d’un plafonnement des prix de l’énergie. « Si elles sont bien conçues, des mesures temporaires de “plafonnement des prix” à l’échelle de l’UE, telles que le découplage des prix de l’électricité et du gaz, permettraient de réduire efficacement les factures sans réduire les incitations à économiser l’énergie », a-t-il déclaré.
Le principal lobbyiste des entreprises a également appelé à un ajustement du cadre temporaire de crise de l’UE afin de permettre aux États membres d’accorder davantage d’aides d’État, ce que la Commission européenne devrait proposer prochainement.
Jeudi, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se réuniront à Bruxelles pour discuter des propositions de plafonnement des prix du gaz et d’achat groupé de gaz que la Commission européenne a récemment publiées.
La Commission européenne a présenté mardi (18 octobre) ses propositions pour instaurer un prix plafond dynamique pour le gaz importé dans l’Union européenne, mais elle a reporté les modalités de mise en œuvre à plus tard.
M. Michel a plaidé en faveur d’une solution européenne standard pour garantir l’approvisionnement en énergie à un prix raisonnable.
« L’approche exclusivement nationale ne fonctionnera pas, car elle mettra en péril notre marché unique », a-t-il déclaré, faisant implicitement allusion au paquet de subventions énergétiques allemand, d’un montant de 200 milliards d’euros, qui a été largement critiqué pour son potentiel de distorsion du marché unique.
Sans surprise, tous les participants ont souligné l’importance du dialogue social en temps de crise. Mme von der Leyen, par exemple, a annoncé que, dans les mois à venir, la Commission présenterait une initiative visant à améliorer le dialogue social au niveau national et européen.
Le syndicaliste en chef Luca Visentini, quant à lui, a appelé à une action plus immédiate et plus ambitieuse. Par exemple, il a plaidé pour un dispositif comme SURE, qui avait permis aux États membres de maintenir les personnes employées pendant la pandémie de Covid-19. SURE a été financé par des emprunts communs, ce que le gouvernement allemand exclut actuellement.
En outre, pour soutenir les salaires des personnes, il a appelé à une mise en œuvre rapide de la directive européenne sur le salaire minimum, qui n’a reçu son approbation finale qu’au début du mois et qui donnerait aux États membres deux ans pour ajuster leurs salaires minimums et commencer à soutenir les négociations collectives par le biais de plans d’action nationaux.
« Il est important que chaque État membre, et nous sollicitons la présidence tchèque à cet effet, soit encouragé à adopter ces plans d’action nationaux immédiatement et à ne pas attendre deux ans pour l’application de cette directive », a-t-il déclaré.
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