Si la France et Lyon ont les yeux rivés sur la grève contre la réforme des retraites, il se tient à Lyon un autre évènement d’importance : le conseil municipal. Pour le premier de l’année 2023, les orientations budgétaires et l’attribution de subventions devraient occuper la majorité des débats. Rue89Lyon vous propose de suivre en direct ce rendez-vous de la vie politique lyonnaise, décrypté par nos journalistes.
Réponse d’Audrey Hénocque, qui se permet une petite pique aux oppositions : « On voit surtout de la fébrilité car en 2026 ce sont les écologistes et la gauche qui resteront au pouvoir »
« Au début du mandat nous avons fait le choix de ne pas augmenter la taxe foncière comme le faisait Gérard Collomb, car nous avions fait le choix de contenir les dépenses de fonctionnement, mais de mettre le focus sur les dépenses d’investissement qui se finance par l’épargne et la dette. Trois ans plus tard nous faisons face à une augmentation inédite des dépenses de fonctionnement, qui ne peut être payée par la dette ».
L’adjointe évoque ici la hausse des dépenses salariales, mais surtout la hausse des dépenses d’énergie (+ 32 millions en 2023).
“Les propriétaires fonciers bénéficient des investissements de la Ville car ça permet de rendre des services publics dont ils profitent quand ils sont habitants. Ils en bénéficient aussi car leur bien prend de la valeur dans une Ville bien gérée, qui est agréable à vivre et attractive.«
Tour à tour, les trois groupes d’oppositions (Pour Lyon, Progressistes et Républicains, et la Droite et le centre), critiquent frontalement les orientations budgétaires. Ils s’opposent à la hausse de la fiscalité et la hausse des dépenses.
Yann Cucherat, du groupe Pour Lyon (de l’ex-maire Gérard Collomb), défend le bilan de la précédente mandature sur la végétalisation et la petite enfance (sujets chers à Grégory Doucet). Il dénonce les écarts entre les prévisions d’investissements et les investissements en effet réalisés en 2021 et 2022.
Audrey Henocque avait déjà répondu lors de sa présentation, en expliquant que ces écarts sont normaux « pour ne pas être bloqués » dans les dépenses pour les projets à mener.
Pierre Oliver, plus concis que les deux autres groupes, défend une baisse des dépenses plutôt qu’une hausse des impôts.
Les agents de la Ville chargés du bon déroulement du conseil municipal, installés sur l’ilôt central, s’agitent. Ils et elles se munissent de brassards blancs avec écrit en lettres rouges “en grève”, apportés par l’une de leurs collègues.
Le maire est de retour, quelques minutes plus tard. Yann Cucherat critique toujours les orientations budgétaires, notamment la hausse de la masse salariale.
Le maire de Lyon vient de quitter la salle, alors que Yann Cucherat, pour le groupe Pour Lyon, est en train de s’exprimer sur les orientations budgétaires. La raison du départ du maire n’a pas été communiquée.
“Est-ce que je vous attends ?”, lance Yann Cucherat, visiblement agacé.
L’adjointe défend la hausse de la taxe foncière. Elle explique que les dépenses progressent plus vite que les recettes. Pour 2023, il ne devrait y avoir que 2,2% de hausse dans les recettes alors que les dépenses devraient croître de 9%.
« Il faut augmenter les recettes que reçoit la Ville de Lyon. Elles n’augmenteront pas du côté de l’État. La Ville de Lyon fait le choix de ne pas augmenter ses tarifs (restauration scolaire, équipements sportifs…etc), qui représentent 12% des recettes de la Ville. Le seul levier qui reste à la Ville de Lyon est celui de la fiscalité directe, qui représente 66% de la Ville, est essentiellement composé de la taxe foncière. »
Elle explique que la Ville a “calculé au plus juste” les besoins de la Ville, et que cela correspondait à une augmentation de 9%. Cette hausse devrait rapporter 27 millions d’euros à la Ville (sur les 50 millions de hausse de budget de la Ville pour 2023).
«Il n’y aura pas d’autre hausse de la taxe foncière sur cette mandature», avait assuré le maire de Lyon, mercredi 18 janvier.
Lire notre article sur le sujet : « Je n’ai jamais promis qu’il n’y aurait pas d’augmentation des impôts », le maire de Lyon revient sur la hausse de la taxe foncière
Pour commencer, Audrey Henocque dresse un bilan de l’année 2022. Hausse des coûts de l’énergie, hausse des coûts de masse salariale (liée à la hausse du point d’indice), l’épargne reste stable autour de 90 millions.
La Ville a remboursé 39,2 millions d’euros et les dépenses d’investissement devraient s’élever à 103 millions.
L’opposition avait dénoncé un écart entre le bilan provisoire des investissements qui s’élevait à 134 millions, et la réalisation des investissements qui s’élève finalement à environ 103 millions, soit 69% environ de réalisation. L’écart de réalisation est en effet un peu plus élevé que les mandats précédents.
Le débat d’orientation budgétaire devrait occuper une grande partie des débats aujourd’hui. Le budget primitif sera voté en mars et ce débat permet de présenter le budget aux conseillers, qui pourront ensuite donner leur avis.
Audrey Hénocque, première adjointe aux Finances, prend la parole pour entamer le débat, avec un power point.
À l’occasion d’une délibération pour nommer un membre du conseil au conseil d’administration de Soieries vivants, David Kimelfeld revient sur la fin de l’association “Villages des créateurs”, situé passage Thiaffait, dans les pentes de la Croix-Rousse. Il déplore sa disparition.
La Région de Laurent Wauquiez avait baissé ses subventions à l’association, dont le modèle économique reposait essentiellement sur l’aide des collectivités. Malgré une tentative d’ouverture au mécénat privé, le VDC n’a pas réussi à s’en sortir.
Camille Augey, adjointe à l’Économie locale, assure l’engagement de la Ville et de la Métropole auprès des créateurs installés dans le passage, notamment dans le renouvellement des baux des artisans. « Notre volonté est que le passage continue de vivre dans la durée et soit dynamique »
Le conseil vote une première délibération : l’esplanade située entre la Berge Marie Sklodowska Curie et le quai Victor Augagneur, jusque là sans nom, est renommée esplanade du 19 mars 1962.
Cette date correspond au cessez-le-feu de la guerre d’Algérie.
Le maire donne la parole à Sandrine Runel. Elle a été mise en cause par Lyonmag, pour un appartement qu’elle loue à la Guillotière, jugé en “mauvais état” avec des “irrégularités dans le bail. Pierre Oliver avait interpellé Grégory Doucet dans la presse. L’adjointe aux Solidarités répond :
« Pour mettre fin à quelques contrevérités : est-ce le seul appartement que je possède ? Oui. Est-ce que je bénéficie de quelques exonération fiscale ou de quelconque programme de défiscalisation ? Non. Des travaux ont-ils été fait ? Oui. La régie, le syndic, a-t-il été contacté à plusieurs reprises ? Oui. Ont-ils agit ? Non. Un dératiseur est-il passé ? Oui. Les diagnostics ont-ils été réalisés ? Oui. Sont-ils conformes ? Oui. L’encadrement des loyers est-il respecté ? Oui. Le loyer est-il dans une fourchette basse ? Oui. Est-ce que ma locataire se sent-elle bien dans cet appartement ? Oui. Souhaite-t-elle y rester ? Oui.
Force est de constater que je ne sais pas forcément écrire un bail, et que ce qui est écrit sur internet n’est pas tout à fait fiable. Ne m’appelez pas si vous avez besoin de conseil sur le sujet. »
Le maire réaffirme son soutien à son adjointe.
Pierre Oliver, président du groupe de la droite, entame rapidement ses voeux avec un sujet qui lui tient à cœur : la sécurité.
Le soutien de Grégory Doucet aux activistes écologistes continue de faire parler. Pierre Oliver fustige ces militants, de Dernière Rénovation notamment, menés selon lui par “un idéal religieux”.
Le conseiller municipal a aussi un mot pour l’hébergement d’urgence. La Ville est entrée en bras de fer avec l’État, qu’elle accuse de ne pas assez faire. Pierre Oliver souhaite que la Ville demande également à la Métropole (aussi dirigé par une majorité écologiste) de prendre sa part, « sur la protection de l’enfance notamment ».
Lire sur le sujet : La politique illisible de la Ville de Lyon en matière d’hébergement d’urgence
Yann Cucherat, président du groupe Pour Lyon (groupe de Gérard Collomb), s’exprime ensuite. Il critique le choix de Grégory Doucet d’annonce sa candidature aux prochaines municipales, en 2026.
« Cette majorité fait payer aux Lyonnais ses erreurs » assène-t-il, en évoquant la hausse de la taxe foncière.
Il évoque une récente polémique : l’achat de doudounes made in Bangladesh par la majorité écologiste pour ses agents. Un fait révélé par le syndicat Sud de la Ville dans un communiqué, qui dénonçait un écart avec la politique d’achat responsable de la Ville. L’adjointe aux Finances, Audrey Hénocque, s’en était défendue dans un entretien avec le Progrès, expliquant que ces achats avaient eu lieu dans le cadre d’une politique d’achat définie en 2019 (alors que les écologistes n’étaient pas au pouvoir).
David Kimelfeld, président du groupe Progressistes et Républicains, entame les prises de parole des groupes politiques. Et il attaque d’emblée sur l’augmentation de la taxe foncière annoncée par Grégory Doucet début 2023, qu’il critique. Lire notre article sur le sujet.
Il donne aussi sa position sur la réforme des retraites : « Je ne suis pas forcément favorable, et cette position n’engage pas mon groupe, à cette réforme des retraites. »
Il critique le soutien de Doucet aux activistes du climat, et cite Bruno Bernard.
Pour clore ses vœux, le maire évoque les militants de Dernière Rénovation, connus pour bloquer le trafic routier pour alerter sur l’urgence climatique.
« Je dis qu’il faut les prendre comme des messagers d’une exigence légitime et que le reste est secondaire. (…) Je nous souhaite de rendre le sourire à la jeunesse désemparée par l’inertie des dernières décennies.»
Applaudissements sur les bancs des écologistes.
Il se distingue du président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, qui avait expliqué “désapprouver ces blocages”.
Le maire, Grégory Doucet, commence par adresser une pensée aux Ukrainiens touchés par la guerre. Il enchaîne sur la crise énergétique et l’inflation, avant d’afficher à nouveau son objectif d’être une ville climatiquement neutre.
Très vite vient sur la table le sujet brûlant du jour : la grève contre la réforme des retraites.
“Aujourd’hui, nombre de Lyonnais ont cessé le travail pour dire ce qu’ils pensent de la réforme des retraites. La grève est un moyen d’expression. (…) Elle résume le mécontentement exprimé par une large part de la population. Ni le président, ni le gouvernement ne sont parvenus à convaincre. Je me permets de souhaiter que le gouvernement revienne en arrière sur ce sujet”, énonce le maire.
Le conseil municipal débute à peine, plus tard que l’horaire prévu de 8h30. Neige, panne généralisée des métros… nous étions en retard, tout comme une partie des élus municipaux.
Comme le veut la tradition lors du premier conseil de l’année, le maire, Grégory Doucet, commence par présenter ses vœux de bonne année aux conseiller·e·s.
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