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C’est ce vers quoi s’orientent les Occidentaux : avec la fourniture de chars lourds à l’Ukraine, ils franchissent une nouvelle étape symbolique dans leur engagement. C’est du moins l’analyse du Figaro. « Les Occidentaux mettent fin au difficile exercice d’équilibrisme qu’ils menaient depuis un an, pointe le journal. Pour les États-Unis, cela signifie le maintien d’un engagement durable sur le continent européen. Pour l’Allemagne, le changement d’un modèle politico-militaire qui était devenu obsolète. Et pour la France, qui a ouvert la danse en livrant des chars légers AMX, la fin du “en même temps” qui consistait à désirer une victoire de l’Ukraine tout en évitant une défaite à la Russie, ce qui n’est pas possible. »
Commentaire, toujours dans Le Figaro, de Camille Grand, ancien haut responsable de l’Otan : « Les Occidentaux reconnaissent le besoin de mettre en accord leurs actes et leur parole. On ne peut plus dire qu’on veut une victoire de l’Ukraine tout en lui refusant ce qui pourrait l’aider à l’obtenir. »
En effet, complète La Charente Libre, « l’envoi de chars lourds occidentaux est un message politique et de soutien qui se veut sans faille à l’Ukraine. Il démontre autant la solidité de l’union des Occidentaux face à la guerre lancée par Vladimir Poutine que l’impossibilité dans les faits de sortir de cette guerre par la voie diplomatique. […] De chaque côté, occidental et russe, on s’accorde pour dire que cette décision est un tournant. Elle scelle une évidence aussi sanglante qu’inévitable : toute négociation est impossible dans une guerre qui s’annonce encore longue. Elle entrera dans une nouvelle dimension au printemps quand ces chars seront utilisables par les Ukrainiens. »
Revenons à la France : le débat se poursuit. « Va-t-on livrer des chars Leclerc à l’Ukraine ? », s’interroge Le Parisien. Pas sûr… « La difficulté logistique et de prise en main des Leclerc, ainsi que l’utilité d’un envoi de 10 à 20 chars sur les 200 opérationnels, sert d’arguments à l’Élysée pour justifier sa position. Un connaisseur du dossier rappelle qu’il y a en Europe “dix fois plus de Leopard de fabrication allemande que de Leclerc…”. Sous-entendu, l’envoi de Leopard passe avant celui des blindés lourds français. […] L’Allemagne, elle, a prévu la formation de soldats ukrainiens sur son sol, ce qui pourrait prendre des mois, pour les Leopard 2. L’emploi sur le champ de bataille n’est donc pas pour tout de suite. Une course contre-la-montre est lancée face à l’annonce d’une contre-offensive russe d’ici le printemps. Reste à voir si l’Ukraine est capable de relever le défi d’utiliser et d’articuler ensemble ces chars complexes et différents. »
En effet, précise Le Monde, « les modèles occidentaux, s’ils affichent entre eux des performances similaires, n’ont pas les mêmes caractéristiques, ce qui complique prodigieusement pour l’Ukraine leur “maintien en condition opérationnelle”, terme qui désigne dans les armées les moyens d’assurer la disponibilité des matériels. Seul char doté d’un canon rayé, le Challenger britannique ne peut pas, par exemple, tirer les obus destinés aux canons lisses de ses concurrents, même s’ils sont de même calibre. De même, l’Abrams américain est propulsé par une turbine, conçue à l’origine pour équiper un hélicoptère, et non par un moteur diesel, ce qui demande des compétences et un entretien particuliers. Sans parler des pièces détachées, toutes différentes d’un char à l’autre. Un vrai casse-tête pour les logisticiens et les mécaniciens. “C’est pour cette raison, explique une source française, que les Ukrainiens privilégient le Leopard dans leurs demandes : plus leur parc sera composé du même modèle, plus cela facilitera la mise en œuvre pour eux. Et le Leopard est le char qu’ils ont le plus de chances d’obtenir en nombre”. »
En tout cas, pointe Libération, « le plus dur reste à faire alors que le conflit entrera dans un mois dans sa deuxième année ».
La mère de toutes les batailles entre la Russie et l’Ukraine pourrait se jouer au printemps. Là, les blindés entreront vraiment en action. Et « il est utile, relève Libération, de rappeler que ces engins de mort peuvent être périlleux pour les deux côtés : des 403 000 combattants d’engins blindés formés par l’Armée rouge pendant la Deuxième Guerre mondiale, 310 000 (soit plus des trois quarts) ont perdu la vie bloqués dans leurs tanks. Pour les Ukrainiens, conclut Libé, le vrai Noël n’arrivera que quand ils pourront descendre de leurs nouveaux chars, libérés de la menace et de la répression dont ils sont toujours victimes aujourd’hui. »
► À écouter aussi : Chars lourds à l’Ukraine: «Nous avons besoin d’armes, d’armes et encore d’armes»
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