Dans son dernier rapport, l'Agence Internationale de l'Énergie dévoile que le coût des technologies liées aux énergies renouvelables baissait fortement. Une baisse qui favorise le développement de celles-ci.
Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion.
Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).
Atlantico : Un rapport récent de l’Agence Internationale de l’Énergie dévoile qu’il y a eu une forte baisse des coûts des principales technologies liées aux énergies renouvelables, à quoi est-ce dû et quelles en sont les répercussions ?
Jean-Pierre Favennac : Il faut d’abord préciser que le terme « énergies renouvelables » couvre la biomasse – qui représente sans doute plus de 10 % de la consommation totale d’énergie dans le monde -, l’hydroélectricité qui couvre 7% de nos besoins et les « nouvelles énergies renouvelables », surtout solaire et éolien qui représentent environ 6% de la consommation totale d’énergie. Eolien et solaire contribuaient pour à peine 1% à la couverture de nos besoins il y a une dizaine d’années et leur progression a été très rapide.
La consommation de biomasse et hydroélectricité augmente régulièrement mais plutôt lentement car la biomasse peut se heurter à des problèmes de déforestation et l’hydroélectricité est de plus en plus contestée car les barrages se traduisent par l’inondation de vastes zones et nécessitent d’importants déplacements de population.
La problématique des énergies renouvelables a donc tendance à se focaliser sur le solaire et l’éolien. Le coût de ces technologies a fortement diminué au cours des dernières années et a favorisé un développement rapide. Bien entendu ce développement est également lié à la lutte contre le changement climatique car les énergies renouvelables, contrairement aux énergies fossiles – pétrole, charbon, gaz naturel – n’émettent pas de CO2, principal gaz à effet de serre qui contribue au changement climatique.
L’Union Européenne se veut leader en matière de lutte contre le changement climatique et met en place des politiques qui favorisent le développement de l’éolien et du solaire.
A quel point les investissements dans le renouvelable ont-ils augmenté ? Avec quels résultats en termes de capacité de production ? et d’emplois ?
Les investissements dans l’éolien et le solaire ont considérablement augmenté au cours de ces dernières années. Eolien et solaire produisent de l’électricité. La capacité de production d’électricité par les éoliennes a été multipliée par 4 en 10 ans et la capacité de production du solaire a été multipliée par 10 sur la même période. La Chine, où la production d’électricité se fait très majoritairement encore avec du charbon est leader en matière d’énergies renouvelables et possède environ 40 % des capacités éoliennes et solaires dans le monde. La pose de panneaux solaires, la construction d’éoliennes sont évidemment source de nombreux emplois.
L’AIE prévoit même que la production d’énergie avec l’éolien dépassera certainement celle liée au charbon d’ici à 2027. Est-ce vrai et qu’est ce que cela va changer ?
En 2021 dans le monde plus de 35% de l’électricité était encore produite à partir de charbon qui reste la principale source d’électricité et 13 % à partir d’éolien et de solaire. La part du charbon, souvent remplacé par du gaz, a tendance à diminuer alors que la progression de l’éolien et du solaire est rapide. Les progrès des énergies renouvelables en Chine, en Europe, aux Etats Unis et dans de nombreux autres pays les conduiront certainement à dépasser le charbon pour la production d’électricité dans quelques années mais dans l’immédiat le faible coût du charbon reste un atout pour ce combustible qui malheureusement émet beaucoup de CO2.
Faut-il s’inquiéter de la prépondérance chinois sur ce marché ?
La Chine est de très loin le principal fournisseur de panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité solaire et est l’un des principaux producteurs de matières premières nécessaires à la fabrication des éoliennes et des batteries (nécessaires aux véhicules électriques). Cette situation tient beaucoup à la volonté des pays occidentaux d’exporter des fabrications couteuses et polluantes. Les occidentaux cherchent à rééquilibrer cette situation. C’est possible mais couteux.
Comment continuer d’amplifier le mouvement sur les renouvelables sans se mettre dans des positions difficiles liées à l’intermittence ?
L’intermittence du solaire et de l’éolien nécessite évidemment que des capacités de production thermiques (charbon, gaz naturel) soient disponibles lorsque vent et soleil ont disparu. La disponibilité de batteries pour stocker l’électricité peut pallier ces difficultés mais ces batteries sont couteuses et nécessitent des ressources en matières premières importantes.
Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion.
Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).
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