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Parler d’amour, du consentement ou des orientations sexuelles avec des enfants et des adolescents, c’est le rôle d’EVRAS – l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle. Dès la prochaine rentrée scolaire, tous les élèves francophones devront suivre au cours de leur scolarité au moins deux animations organisées principalement par des centres de planning familial.
Ces animations existent déjà dans les écoles aujourd’hui. Depuis 2012, l’EVRAS est en effet intégrée dans les missions de l’enseignement obligatoire. Mais dans la pratique, les situations varient fortement d’une école à l’autre en fonction du projet pédagogique porté par l’établissement scolaire. A l’école communale du centre d’Uccle, ces animations EVRAS ont pris une forme originale : les élèves créent un podcast, une émission radio.
Ce projet est porté par deux animatrices et psychologues : Sandrine Garaboeuf et Aurore Liénard. Chaque année, elles abordent un thème principal avec des élèves de maternelles (3e) et de primaires (1re, 5e, 6e) lors de plusieurs séances étalées sur l’année scolaire.
Cette année, elles ont choisi le thème de la mort et des rites funéraires. ” Les enfants sont déjà confrontés à la mort. Ils perdent des êtres chers, même des animaux. Ils ont besoin d’un espace de parole pour évacuer leurs émotions. Sortir ces émotions, c’est déjà un soin. Puis, nous sommes formées pour contenir et accueillir ces émotions “, explique Sandrine. Les années précédentes, les classes se sont penchées sur la notion de famille, sur le rôle de l’école, sur l’image de soi, sur les stéréotypes de genre ou encore sur le sentiment amoureux.
Ces sujets sont généralement intimes, voire tabous et peu abordés dans le cadre scolaire et/ou familial. Pour les enfants, il n’est d’ailleurs pas toujours facile de se dévoiler et de se confronter au regard des autres camarades de classe. ” L’année passée, on parlait du sentiment amoureux et de la puberté. C’était un peu gênant : parfois, j’avais un peu envie de disparaître “, confie Alice, élève de sixième primaire.
Mais tous et toutes décrivent aussi un véritable espace de liberté où ils et elles peuvent développer leurs opinions. “Moi, il y a des trucs que je n’ose pas dire à mes parents et que j’ose dire ici en classe. Tout le monde peut s’exprimer librement “, explique Jeanne, une autre élève.
A chaque animation, Sandrine et Aurore posent des questions ou montrent des contenus pédagogiques (articles, vidéos, etc.) pour susciter le débat et libérer la parole des enfants. Cette parole est enregistrée avec un micro géré directement par les élèves.
Le micro peut rebuter les plus timides de la classe. ” C’est stressant de parler devant un micro et devant tout le monde. Tout le monde me regarde. J’ai peur de me tromper ou de bégayer ” explique Fauzi. Pour d’autres, le micro rend l’activité plus ludique. ” J’ai toujours voulu parler dans un micro et faire comme une journaliste ! C’est trop chouette ! “, s’enthousiasme Sophia.
Après toutes les séances, les deux animatrices s’occupent elles-mêmes du montage où les voix des enfants de toutes les classes se mêlent, se répondent et se confrontent. ” Nous nous sommes formées nous-mêmes sur des logiciels de montage. Nous préférons nous en occuper nous-mêmes et aller jusqu’au bout de la création du podcast. C’est important pour nous aussi de respecter la parole des enfants et leur consentement. On ne mettra pas tout dans l’émission, surtout si c’est trop intime “, décrit Sandrine.
A la fin de l’année, le podcast est présenté aux parents au sein de l’école, puis est diffusé sur deux radios locales bruxelloises. ” J’ai toujours les larmes aux yeux à l’écoute publique. C’est très touchant de les voir s’entendre. Ils sont très fiers ” explique Aurore, l’animatrice.
Pour Sandrine, ce podcast offre une réelle plus-value aux animations Evras. “ L’idée, c’est de laisser une trace. La trace d’une époque, d’une pensée à un certain âge, à un certain stade de vie. C’est aussi montrer que les enfants peuvent nous aider à réfléchir sur notre société et à changer les choses. “
Les enfants nous l’ont confié. Ils ne sentent pas toujours écouter dans notre société, à l’école ou à la maison. Alors, avec ce podcast, ils apprennent aussi qu’ils ont le droit de s’exprimer et que leur parole est légitime et importante. ” Souvent, on a le point de vue des adultes. Mais il faut aussi entendre celui des enfants ! Oui, nous allons l’exprimer avec des mots moins précis, mais tout le monde pourrait partager cet avis “ conclut Adam.
Vous pouvez retrouver toutes les émissions sur Soundcloud.
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