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Après deux ans de restrictions sanitaires, la jeunesse chinoise rêve d’autres horizons. Le confinement et semi-confinement des mégalopoles liés au rebond du variant Omicron ont visiblement accéléré les choses pour une partie de l’élite en Chine. Les recherches autour du terme « immigration » ont été multipliées par quatre en avril.
De notre correspondant à Pékin,
Interrogée par la télévision de la province du Jiangsu, dans l’est de la Chine, une fillette confie ne pas avoir dormi de la nuit. Elle est tellement excitée par les « héros grandioses » de la lutte contre la résurgence du Covid qu’elle est « impatiente de se retrouver à leurs côtés ». Après l’avalanche de critiques sur la gestion de la pandémie dans les villes confinées, notamment à Shanghai, les autorités chinoises tentent de reprendre le contrôle du narratif. Des émissions dans les médias, des slogans sur les sites d’information ou des reportages vidéos glorifient le travail des brigades sanitaires et défendent les principes du « zéro-Covid », la politique de non-tolérance absolue vis-à-vis du virus.
"Je suis tellement excitée que je n'ai pas dormi hier soir, ces héros (de la lutte contre le covid) sont tellement grandioses… je suis vraiment impatiente de me trouver à leurs côtés" récite cette enfant à une chaîne TV du Jiangsu pic.twitter.com/LXfVZNle01
Les « grands Blancs » sont mis en avant par la propagande : pompiers, policiers, volontaires et personnels soignants des brigades sanitaires, que l’on peine à différencier sous leur combinaison PPE, ne ménagent pas leurs heures et leur sueur pour éteindre les foyers d’infections, répètent les médias d’État. La collectivité est mobilisée sur le thème du « Tous ensemble contre le virus », comme à Wuhan au début de la pandémie il y a deux ans.
Sauf qu’avec Omicron, le contexte a change. Le variant met au défi la politique sanitaire chinoise. « Pékin se bat contre l’eau », écrivait jeudi 5 mai l’ancien rédacteur en chef du Global Times, dans un article supprimé quelques heures plus tard. Les événements traumatisants comme le décès de malades pris en charge trop tard en raison des restrictions sanitaires à Shanghai, la séparation des enfants de leurs parents testés positifs dans les centres d’isolement collectifs pour asymptomatiques, la mort d’animaux de compagnie et les pénuries alimentaires à Shanghai ont contribué à remettre en cause la doxa des autorités sanitaires, ainsi que les messages de propagande qui l’accompagnent. Même les efforts d’un drone pour porter des médicaments à un patient cancéreux sont critiqués, les internautes se demandant pourquoi le transport n’a pas été effectué par la route, vu que le verrouillage de la ville à tuer le trafic.
So some officials went through an awful lot of trouble to get medications to a cancer patient in Shanghai, with two drones crossing the Huangpu River and flying 20 km to deliver them. But netizens aren't buying it: "They could've just delivered them by car. There is no traffic." pic.twitter.com/OXKTIZnTTu
Face aux sceptiques, les médias d’État claironnent sur le thème du rassemblement pour la « renaissance de la Nation ». Une campagne adressée notamment à la jeunesse qui, pour une partie d’entre elle, a déjà le regard fixé sur d’autres horizons. Sur WeChat, les recherches autour du mot clé « immigration » ont été multipliées par quatre le mois dernier, rapporte The Economist. Est aussi apparu le hashtag #润学, littéralement « glisser » + « dogme ». Une philosophie de l’échappatoire qui permet d’exprimer l’envie de prendre le large sans se faire repérer par la censure. Les deux caractères « rùn » et « xue » constituent un jeu de mots auquel sont habitués les jeunes Chinois, qui passent aisément du mandarin à sa traduction en « pīnyīn ». Le terme « run », dans l’alphabet occidental, évoque le verbe « courir » en anglais.
Chinese propaganda wants young ppl to support the “strong nation’s rejuvenation.” But among the young and educated another type of rejuvenation is trending: that of 润学, “run philosophy,” aka discussions of emigration. 润 while you can, they say: https://t.co/ZJRQv48Dif
Ces messages sont partagés au sein d’une élite qui a les moyens de songer au départ. Parmi les intéressés, un jeune homme dont les parents possèdent un restaurant au centre de Pékin, un autre qui dit avoir de l’argent sans travailler. Études ou recherche d’un travail à l’étranger exigent des moyens ou des contacts, sachant que depuis le printemps 2020, les visas pour les voyages touristiques sont bloqués en Chine. Ce qui n’empêche pas de rêver, même si ce rêve va à l’encontre des projections de l’État central. Lors d’une réunion avec le politburo, jeudi 5 mai, Xi Jinping a déclaré que la stratégie sanitaire de Pékin « résistera à l’épreuve du temps ». Le président chinois s’engage à lutter contre toute tentative de « déformer, remettre en question et contester » les politiques du pays.
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