Accueil >> Près de 60 % des apprentis ne souhaitent pas être embauchés à la fin de leur alternance
Outil favorisant l’emploi et l’embauche durable, l’alternance connaît encore quelques freins qui empêchent son déploiement au sein des entreprises, tels que la gestion administrative complexe des contrats. Côté jeunes, plus de la moitié des alternants ne souhaitent pas poursuivre leur carrière au sein de leur entreprise d'accueil. Tels sont les résultats étonnants du rapport réalisé par la startup RH HeyTeam et Seekube, la plateforme de forums virtuels.
Composé de témoignages d’alternants et de recruteurs, ce rapport met en exergue les principaux points de friction des entreprises. Si tous les RH sondés, provenant de différents secteurs, s’accordent sur le fait que l’alternance est un véritable levier de recrutement, permettant notamment à l’entreprise de se tenir informée des nouvelles tendances et aspirations du marché du travail, ils relèvent un point bloquant : l’obtention du CERFA et la multitude d’OPCO rendent les embauches complexes et peuvent se révéler être un véritable frein pour certaines entreprises souhaitant développer ce type de contrats.
Un constat partagé par près de la moitié des 540 alternants sondés : 42 % d’entre eux s’accordent sur le fait que la lenteur administrative est un problème majeur pour l’obtention de leur contrat d’apprentissage (CERFA).
Ce rapport met en avant également les attentes des apprentis. Parmi les 540 alternants sondés, l’ambiance de travail (41 %) est ce qui leur importe le plus durant leur expérience en entreprise, suivi par l’organisation entre le temps de travail école-entreprise (18 %) et la charge de travail (10 %). Ces trois critères semblent les plus importants aux yeux des jeunes formés en alternance. Contre toute attente, la rémunération préoccupe seulement 9 % des alternants et la perspective d’embauche est citée par 7 % d’entre eux. Une ambiance de travail saine et stimulante semble davantage être un argument décisif pour le choix d’évolution des étudiants.
Une bonne intégration est également essentielle pour réussir leur expérience professionnelle. D’ailleurs, 75 % des alternants se sont aussi bien intégrés que les salariés de l’entreprise et 79 % ont même établi une relation de confiance avec leur manager durant leur contrat.
Pour autant, 58,5 % n’ont pas désiré être embauchés à la fin de leur alternance. Une mauvaise nouvelle pour les recruteurs qui les forment en vue d’assurer la relève. Pour Nathaniel Philippe, CEO d’HeyTeam, ce pourcentage, bien qu’important, n’est pas si surprenant et peut s’expliquer de manière rationnelle. « La démocratisation des contrats d’apprentissage et la hausse des aides régionales ont abaissé l’âge moyen des apprentis. Ils ont autour de 19 ans et, pour beaucoup, sont loin d’avoir terminé leurs études. L’alternance apparaît alors plus comme un outil leur permettant de découvrir différents secteurs avant de faire leur choix. » D’ailleurs, parmi les raisons évoquées par les jeunes sondés, figurent la volonté de diversifier leurs expériences et de découvrir un autre secteur ou une autre entreprise (27 %) et la volonté de poursuivre leurs études (20 %).
Toutefois, cette jeune génération sait ce qu’elle veut et ne veut pas. « Ces jeunes prêtent une attention particulière à leur bien-être, à leur équilibre de vie et sont attentifs aux valeurs défendues par une entreprise, ajoute Nathaniel Philippe. Or, si ces valeurs ne sont vraies que sur le papier, ils n’hésiteront pas à aller chercher du travail ailleurs. » Les problèmes d’ambiance de travail et de management poussent d’ailleurs 30 % d’entre eux à ne pas rester dans leur entreprise d’accueil, une fois le contrat d’apprentissage fini.
Si l’onboarding influence leur décision, les employeurs doivent également réussir l’outboarding de leurs alternants pour les garder. « La fidélisation d’un alternant, c’est finalement presque le même combat que la fidélisation d’un collaborateur classique : le fond et la forme doivent être alignés avec leurs attentes. Il est impératif d’être honnête dès le départ sur les conditions de travail et les valeurs de l’entreprise, deux critères très importants pour les alternants. L’essentiel réside surtout dans le dialogue fluide et constant avec l’apprenti, afin de s’assurer qu’il se sente bien dans son équipe, dans l’entreprise et avec ses missions, mais aussi de lui faire comprendre qu’il fait partie intégrante de l’entreprise. »
Rachida Soussi
Découvrez le rapport complet Alternance : enjeux, attentes et freins
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