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Portraits d'Ukraine : Alisa, bénévole, 25 ans – The Conversation

Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS (Plurilinguismes, Représentations, Expressions Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique), Université Rennes 2
Cet article s'inscrit dans la continuité des recherches et de l'ANR portés par l'auteur 'Ethnographie des guérillas et des émeutes : formations subjectives, émotions et expérience sensible de la violence en train de se faire – EGR' https://anr.fr/Projet-ANR-18-CE39-0011.


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Spécialiste des questions de violence politique, le chercheur Romain Huët, qui avait déjà séjourné en Ukraine en 2014 au moment de la révolution du Maïdan et cette année après le déclenchement de l’offensive russe, a effectué un nouveau séjour sur place dans la deuxième moitié du mois de juillet. Il nous propose plusieurs portraits de personnes qu’il a rencontrées et longuement interrogées durant cette période.
Kharkiv, le 20 juillet 2022.
Âgée de 25 ans, Alisa est « engagée volontaire » à Kharkiv. Son rôle consiste à récolter des biens de première nécessité, recenser les besoins des habitants, organiser la distribution et livrer les colis aux familles qui n’ont pas souhaité, ou pas pu, quitter la ville régulièrement bombardée par les forces russes.
Chaque jour, le cœur inquiet, elle rejoint les quartiers les plus exposés aux tirs de roquettes pour permettre aux quelques habitants restés sur place de survivre. Cette mission est risquée, souvent héroïque… mais presque ignorée, aussi bien des observateurs internationaux que d’une bonne partie des Ukrainiens eux-mêmes : le spectacle de la guerre et ses intenses combats est préféré aux résistances ordinaires dépourvues d’éclats, laborieuses et invisibles.
Alisa n’est pas venue chercher la guerre. Elle l’a subie puis s’en est imprégnée. Et lorsqu’elle raconte son histoire, elle en dit peu. À l’entendre, elle n’a rien fait d’exceptionnel, juste « son devoir ». Quand Micha, le combattant allemand, se plaît à étaler, les yeux brillants et le visage excité, ses aventures dont il exagère à l’envi la dimension spectaculaire, Alisa, elle, s’exprime avec prudence, réserve et presque avec gêne quand elle raconte ses réactions face à la guerre. Elle incarne une tout autre idée de l’héroïsme face à un monde qui s’écroule.
L’enthousiasme est assurément une qualité importante. Mais le valeureux, exalté par sa participation au présent historique, pourrait déchanter bien rapidement. La guerre est une affaire qui traîne en longueur : les journées sont souvent faites d’attente d’un événement qui, pendant plusieurs jours, n’arrive pas, et les occasions de briller sont assez rares. Elle est aussi une affaire de tâches laborieuses d’entretien de la vie, de tensions relationnelles, de soucis face aux lendemains incertains. Elle exige endurance, patience et quelques renoncements à soi. Elle n’est pas que vertige. Entre Micha et Alisa coexistent deux définitions de l’héroïsme qui ne s’opposent pas : celle du physique et des sensations d’un côté, celle de la logistique et du labeur invisibilisé de l’autre côté.
Je retrouve Alisa à Kharkiv, dans le « quartier général » du groupe de volontaires où je l’avais déjà rencontrée lors de mon précédent séjour, en mai. Coiffée d’une longue natte qui chute jusqu’en bas de son dos, t-shirt large et pantalon cargo, elle est la personne fiable du groupe, celle sur qui on compte les yeux fermés. Pourtant, on n’imaginerait rien de son courage. On a l’impression d’avoir affaire à une jeune femme un peu flegmatique, l’air légèrement fatigué. En réalité, il se dégage d’elle une sagesse, une patience étonnante devant les agitations du monde. Régulièrement, elle bouillonne intérieurement, mais elle garde en elle ses amertumes ou ses colères. Alisa est une personne réfléchie et à la parole rare.
Depuis le premier jour de la guerre, elle est volontaire au Switch Bar, une organisation improvisée qui livre quotidiennement plus d’une centaine de colis alimentaires dans les quartiers les plus touchés par la guerre.
Elle est d’une nature pacifique. Autrefois, son quotidien se partageait entre une vie régulière, rythmée par des horaires fixes et interrompue par ses passions pour la photographie et pour la jonglerie de feu, qu’elle pratique encore pendant les temps de repos. Quand elle n’est pas avec son appareil photo, elle sort ses bâtons et répète inlassablement les mêmes gestes qu’elle présentera plus tard, elle l’espère, devant un public enthousiaste.
Rien ne prédisposait Alisa à une existence plongée dans la violence de la guerre. D’ailleurs, elle n’était pas capable de se représenter la forme d’une roquette, d’un missile ou d’un obus. Aujourd’hui encore, elle ne distingue pas la nature des explosifs qui s’abattent sur la ville. Dans ses mots, ces explosions proviennent d’un même objet : « Les roquettes. »
Alisa est née en Crimée. En 2014, peu après l’annexion de la péninsule par la Russie, elle rejoint l’université de Kharkiv, l’une des plus réputées du pays, pour poursuivre des études de mathématiques.
Rapidement, elle se sent ici chez elle. Kharkiv, à une trentaine de km de la frontière russe, est une ville étudiante, aérée par de nombreux espaces verts et d’immenses places. Le rythme de vie y est favorable aux sociabilités les plus épanouies.
C’est avec soulagement qu’elle a quitté la Crimée désormais sous occupation russe. Ici, « la vie est plus facile qu’en Russie. Il y a moins de bureaucratie, de lois qui gênent la vie quotidienne, et puis tu peux plus facilement espérer un avenir professionnel. » D’après elle, la vie en Russie est plus laborieuse et les possibilités d’ascension sociale plus étroites.
Début 2022, elle s’attendait à la guerre. Quelques semaines avant le début de l’invasion russe, prête à fuir, elle prépare son sac à dos : « Dans mon sac, j’avais mis mon ordinateur, les documents les plus importants, mon appareil photo et quelques vêtements ». Le 21 février, trois jours avant le déclenchement de l’invasion, elle prend même la précaution de faire un double des clés de son appartement, qu’elle confie à l’une de ses amies au cas où elle quitterait précipitamment Kharkiv.
Le 24 février, elle est réveillée par les premiers bombardements. Sons glaçants et terrifiants qu’elle entend pour la première fois de son existence. Ils annoncent le basculement du monde, de sa vie et de ses habitudes quotidiennes sans qu’elle ne puisse rien y opposer. Dans ces premiers instants, elle subit entièrement la violence du monde.
En panique, elle appelle deux de ses proches amis, Margo et Bohdan, lequel vient justement, quelques semaines plus tôt, d’ouvrir ce Switch Bar où le petit groupe a pris ses habitudes. Les premières conversations sont des appels à la fuite : « Préparez vos bagages, on se retrouve au bar à 9h, prenez tout ce dont vous avez besoin ! ». Elle est traversée par un étrange sentiment : un mélange de peur intérieure et de comportement normal, comme si son calme extérieur domestiquait l’inquiétant. Elle s’efforce de se préparer à manger lentement et avec application, comme n’importe quel jour ordinaire. C’est sa façon de résister à l’effondrement intérieur et à la panique. À 9h, elle retrouve ses deux amis.
[Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]Beaucoup de gens arrivent en même temps. En quelques heures à peine, le bar se remplit. En réalité, sans qu’ils ne le sachent, sur le plan de la ville le bar, qui se trouve partiellement en sous-sol, est annoncé comme un « abri » que les habitants peuvent rejoindre pour se protéger des bombardements. Plus de 60 personnes affolées et impuissantes se retrouvent agglutinées dans cet espace de quelque 200 m2. L’atmosphère est chaotique et nerveuse. Devant l’afflux de personnes dont certaines font des crises de panique, Alisa et ses amis ne songent plus à prendre la fuite. Ils commencent à organiser la vie à l’intérieur de leur bar.
À son commencement, la guerre a ses lois : l’improvisation et la débrouille sont parmi les plus importantes. Il faut sortir de l’abri pour se procurer des biens de première nécessité pour nourrir et loger tout ce monde. Seulement, chaque pas dans ces rues désertes est redouté. Les combats arrivent jusqu’aux portes de Kharkiv. Chaque jour, le centre ville est fortement touché par les explosions.
Les sens d’Alisa sont aux aguets et la confondent. Un moteur de voiture, un oiseau qui vole bas, une porte qui claque sont perçus comme autant de menaces. Les illusions auditives et visuelles sont nombreuses. Aujourd’hui, alors que les troupes russes sont sur le recul, ces menaces la poursuivent toujours. Elles sont moins fréquentes. Elle les a surtout normalisées.
Les premières nuits sont éprouvantes. Alisa ne dort que quelques heures. Sa première tâche est d’écouter jour et nuit la radio pour informer le reste du groupe de la situation militaire. Rapidement, le flot d’informations anxiogènes, nombreuses et souvent contradictoires l’épuise. Dans le même temps, elle se trouve prise par la gestion de la vie quotidienne des soixante personnes vivant dans l’abri. Elle a peu de contacts avec le monde extérieur. Alisa ne peut plus assurer son travail de développeuse de programmes technologiques pour l’entreprise ukrainienne Waverley, mais perçoit encore son salaire. Elle reçoit également des dizaines de messages de soutien, d’inquiétude et de réconfort. Elle est même autorisée à se rendre dans les bureaux de Kharkiv pour y récupérer tout le matériel dont elle a besoin. Elle ira alors chercher une imprimante, quelques t-shirts publicitaires et de nombreux goodies. Récolte dérisoire mais qui a toute son importance dans une situation chaotique où les habitants de la ville manquent d’à peu près tout.
Sur le plan psychologique, Alisa retrouve de l’assurance :
« C’est un peu personnel, mais avant la guerre, j’avais une peur panique de l’abandon. C’était vraiment gênant dans ma vie quotidienne. Depuis, je me suis trouvé une communauté. C’est vraiment une famille. »
Elle tisse de nombreuses relations dont la chaleur affective et les soins mutuels l’aident à tenir et à se dépasser. Au bout de deux à trois semaines, progressivement, elle reprend son travail à distance : « Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais j’éprouvais le besoin de remettre en marche mon cerveau, de retrouver une certaine normalité. Alors j’ai composé entre mon travail à distance et mon travail dans la guerre » : d’un côté, les réunions, les exigences de coordination entre collègues, la vie ordinaire de toute entreprise ; de l’autre, les roquettes, les stratégies de survie : « Tu vis dans deux états sans jamais savoir lequel choisir. »
À mesure que la guerre dure, Alisa s’accommode de la situation. Elle sait qu’elle devra tenir plusieurs mois, voire plusieurs années. La tension nerveuse et la fatigue accumulées depuis cinq mois produisent des réactions intérieures : légères déprimes, désenchantement, irritabilité dans la vie en commun.
L’organisation initiale se fragilise. Désormais, les volontaires sont moins nombreux, mais les relations sont plus consistantes, fiables et promises à durer : « On apprend à se discipliner, à travailler ensemble, à communiquer davantage, à respecter la solitude de chacun, et à anticiper la variabilité de nos réactions émotionnelles. »
Les tentatives d’esthétisation de la guerre, d’en faire un spectacle jouissif de feu et de bravoure, sont nombreuses. Les récits, souvent remarquablement écrits, exaltent également les solidarités spontanées et généreuses qui s’y nouent. Sur ce point, l’Ukraine a été un exemple parfait. Dès les premiers jours, les centres de volontaires ont été envahis par les candidats qui n’avaient d’autre ambition que d’aider et de se rendre utiles. Dans les interactions ordinaires, les attentions solidaires se vérifient un peu partout.
Alisa explique qu’un voisin a laissé sa voiture au groupe de volontaires avant de prendre la fuite, qu’un autre a confié les clés de son appartement, qu’un dernier a offert une cinquantaine de cartouches de cigarettes, biens rares dans les premiers jours de la guerre. Plusieurs ont également fait don d’une partie considérable de leurs économies.
À la fin de la guerre, le récit des vainqueurs exaltera cette union inébranlable. Seulement, ces mêmes récits ont tendance à occulter les replis égoïstes et les opportunismes de certains. Les dons spontanés deviennent moins fréquents et les dépenses plus calculées. Les pratiques de détournement ou de corruption s’étendent. L’engagement dans le volontariat est plus lâche.
D’un air désespéré mais fataliste, Alisa explique que certains habitants trouvent toutes sortes de combines pour obtenir deux fois plus d’aides. Elle ajoute que les solidarités initiales se retournent en leur contraire. Le voisin qui a prêté sa voiture tente de la faire rapatrier en Italie, là où il vit désormais en exil. Certains volontaires sont retournés travailler pour subvenir à leurs besoins et ont complètement arrêté le volontariat. Même le généreux donateur des cigarettes a exigé des comptes sur leur écoulement :
« On lui explique que tout a été distribué et que l’on n’a déjà plus rien. Il nous demande alors le reporting de ces donations. Mais nous, on n’avait tenu aucun registre. Alors il a pensé qu’on a gardé les cigarettes pour nous, alors que juste, on n’était pas encore organisés. On ne s’attendait tellement pas à ça. »
Dans un monde où plus rien de solide n’existe, les possibles les plus sinistres s’épanouissent. Aux côtés des puissances vertueuses, s’expriment aussi la médiocrité et les mesquineries les plus basses. La guerre change les rapports sociaux : d’un côté, elle crée de nouvelles « familles » entre combattants ou engagés volontaires. De l’autre, elle divise et crée une atmosphère générale de suspicion et d’opportunisme égoïste.
Ces dernières semaines, les volontaires du Switch Bar s’autorisent quelques distractions, principalement nocturnes : des jeux, des fêtes, des concerts et des spectacles de jonglage. Dans ces moments, l’humeur est joyeuse, débordante et effervescente. Ce sont des instants de dépense, d’extériorisation de toutes ces énergies saturées et empêchées de s’exprimer dans la dureté du quotidien.
« On a besoin de vivre, de rire, sinon, émotionnellement, on ne tiendrait pas. » Ils hésitent à montrer au monde que, malgré la situation, ils sourient, rient et s’abandonnent dans la légèreté de l’instant. Les pro-russes pourraient s’en servir pour nier l’existence de l’horreur dans ces épicentres de la guerre : « Sans doute devrions-nous poser devant le monde avec des mines défaites et des airs tristes. Mais non, on préfère exprimer la vie. »
Avec application, ils s’emploient à créer les conditions pour retrouver l’état d’apesanteur suscité par l’ivresse, la sensualité, les karaokés, les effusions collectives. Ces moments hors du temps sont vécus comme des soupirs qui ramènent à la vie. Ils sont nécessaires pour ne pas s’effondrer. Mais le risque existe aussi que ces quêtes d’étourdissement les entraînent au bord de la cohérence.
La guerre change les hommes et les femmes. Alisa confie qu’elle s’est étonnée d’elle-même, de ses capacités d’adaptation, de son sens des responsabilités, de son application à démêler toutes les difficultés de la vie ordinaire :
« J’ai mieux compris qu’on peut tout faire du moment qu’on est prêt et qu’on est en groupe. »
Elle n’a cédé ni à la panique ni à l’effondrement intérieur. Ses peurs d’avant la guerre, celles qui la tourmentaient quotidiennement, ont pour le moment disparu. Les petites anxiétés ordinaires qui empoisonnent la vie ordinaire en temps de paix lui paraissent désormais dérisoires. La guerre oblige à déplacer le regard ailleurs, se convaincre qu’il y a mieux à faire que de s’enfermer dans ses malheurs.
En somme, dans sa réalisation, « la guerre débarrasse du souci de soi » (Hélie de Saint Marc). Plus encore, elle offre des occasions de s’éprouver intimement et, en certains cas, fait grandir le sentiment de puissance. C’est lorsque la paix revient, lorsque ces occasions de vérification de soi se font plus rares, que l’on constate la violence de la guerre dans les esprits et dans la vie.
La mère et la grand-mère d’Alisa et d’autres membres plus éloignés sont en Crimée. Leurs échanges se font de plus en plus rares. Ils se limitent à un message toutes les trois semaines dans lequel Alisa écrit « Je suis vivante. »
Sa famille s’est montrée incrédule face à la situation réelle en Ukraine : « S’ils ne voient pas les choses de leurs yeux, ils considèrent que c’est faux. Ils m’ont même demandé de faire des selfies devant les destructions. Malgré cela, ils ne savent pas quel camp choisir – ou plutôt, ils ont déjà choisi. Culturellement, ma maman aime l’Ukraine. Mais elle n’accorde pas tant d’importance à ça. Elle préfère la stabilité politique. Et la Russie de Poutine promet quelque chose qu’elle connaît déjà, elle est rassurée. Au début, je parlais chaque jour avec eux. C’était absolument épuisant. J’ai arrêté maintenant. Je me détache. Ma famille, dorénavant, elle est ici, dans ce bar avec tous ces volontaires. » C’est une famille de l’instant, une fraternité « d’obligés » dont on ignore le devenir.
Contrairement à certains autres volontaires que j’ai pu rencontrer, qui trouvaient à certains moments une occasion de s’accomplir dans le monde astructurel de la guerre, Alisa n’envisage son rôle que comme un devoir, excitant parfois, mais dont elle se passerait bien. D’ailleurs, elle refuse de voir ces résistances ordinaires comme des actes héroïques. Ce n’est pas par fausse modestie ou par coquetterie d’héroïne un peu flattée par le regard qu’on lui porte. Elle exprime plutôt le refus de penser l’engagement par la sensation ou par les actes éclatants qui gonflent l’orgueil de son auteur.
La guerre est avant toute chose une affaire laborieuse. Aux discours brûlants et passionnés de la ferveur guerrière, elle préfère le calme et la résolution silencieuse. Son visage, d’apparence insensible, ne cache pas pour autant ses peurs et son désir d’un retour de la paix.
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