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Portrait – François Piquemal, le guerrier du droit au logement, de Toulouse à l'Assemblée nationale – L'insoumission

François Piquemal ouvre les yeux le 28 décembre 1984 à Besançon. Nous le rencontrons dans un café de la ville de Toulouse, où il habite depuis 20 ans. Après l’entretien, il nous emmènera dans le quartier populaire du Mirail, en porte-à-porte dans les grandes barres d’immeubles. Beaucoup d’habitants le reconnaissent. C’est l’un des anciens porte-parole de l’association Droit Au Logement, le DAL. Mais avant de nous raconter le combat d’une vie, François Piquemal nous parle rap. Portrait.
On a vu passer un texte de François Piquemal où il cite le rappeur SCH et l’écrivain Édouard Louis, la classe. C’est comme ça qu’on entre en contact. Sa citation de SCH « travailler pour mille deux c’est insultant » (pour 1 200 euros, le montant du SMIC net avant inflation, NDLR). Sa citation d’Édouard Louis est un peu plus longue. C’est un extrait de l’ouvrage Qui a tué mon père, adapté au théâtre, sur lequel on a interrogé Édouard Louis lors de notre entretien pour annoncer son soutien à Jean-Luc Mélenchon. Morceau choisi par François Piquemal :
« Un jour en automne la prime de rentrée scolaire qui était versée tous les ans aux familles pour les aider à acheter des fournitures, des cahiers, des cartables, avait été augmentée de presque cent euros. Tu étais fou de joie, tu avais crié dans le salon : « On part à la mer ! » et on était partis à six dans notre voiture de cinq places (…) Toute la journée avait été une fête.
Chez ceux qui ont tout, je n’ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. (…) les dominants peuvent se plaindre d’un gouvernement de gauche, ils peuvent se plaindre d’un gouvernement de droite, mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. (…) ».
Cette note de blog, François Piquemal l’a sobrement intitulée : « aller voir la mer ». Le nom de ses notes de blog ? Le billet violette. Clin d’œil au rap hexagonal et à l’emblème de Toulouse. François Piquemal est un grand amateur. Il a ses crus préférés. Il cite ses classiques : l’école du micro d’argent d’IAM, forcément. NTM, Oxmo Puccino, la Rumeur… un puriste. Mais du plus récent aussi, du SCH donc, mais aussi Laylow, Lefa, et, bien sûr, l’inénarrable Youssoupha.
Pourquoi parler de rap ici ? Car c’est nos jeunesses. C’est l’art des quartiers populaires. Un art qui rapproche la jeunesse, d’où qu’elle vienne. Aujourd’hui, on écoute du rap en quartier bien sûr, mais en ruralité aussi. Comme le foot, c’est un outil de la fraternité républicaine. Pourquoi autant de « frérots » dans la bouche de nos jeunes ? Pour redonner un peu de chaleur au mot Fraternité inscrit sur tous les frontons du pays. Tu peux parler de rap ou de foot avec un parfait étranger, ce sera devenu ton frère l’heure d’après. Rares sont ces ciments populaires. Des vecteurs de politisation, aussi.
« Des groupes communistes. Écouter IAM, c’était comprendre la lutte des classes. Marx et Bourdieu réunis. Le déterminisme social ». Parler rap, Marx et Bourdieu ? Le courant passe des deux côtés de la table. C’est total régal. François Piquemal développe : « avec le rap, il y a un fil à tirer sur les formes militantes : avant, tu devais rester en groupe, aujourd’hui tous les rappeurs sont en solos mais ont des approches collaboratives ponctuelles (l’exemple récent le plus connu : le 13 organisé, NDLR). C’est assez métaphorique de ce qui se passe dans le monde militant ». Dans le monde militant aussi, les aventures de groupes varient avec les aventures individuelles.
Plus jeune, François allait dans le « magasin de CD » acheter avec son argent de proche le CD du mois. Oui, François Piquemal est né dans les années 80. Qu’est-ce qu’il pense de l’opposition rap conscient / rap commercial ? Du fameux dicton, le rap c’était mieux avant ? « Tu prends SCH ou Vald, oui il va te parler d’un braquo, d’une fille qui lui plaît, et il va te lâcher une punchline politique au milieu de rien. On a moins affaire à des textes structurés de A à Z. La politique surgit au milieu du sentimental ou de l’égo trip ». Comme dans la vie ?
On lance François Piquemal sur PNL. Un groupe qui a révolutionné le rap. Un groupe qui dépasse l’opposition stérile rap conscient / rap commercial ? « PNL a eu le même effet sur moi, que quand j’ai écouté Lunatic pour la première fois. Ils créent une nouvelle esthétique. C’est limite un rap décroissant. Dans une époque où tout doit être compressé, rapide, eux les tempos sont super lents, un rap de la sobriété ». PNL, face à la folie du tourbillon du temps capitaliste, ralentissons ? Chacun voit midi à sa porte.
Et le rap toulousain ? « À Toulouse, une bonne scène rap, Furax Barbarossa (un acolyte du rappeur Scylla, coup de cœur de l’insoumission, l’une des plus belles plumes du rap francophone), ILIES FW, Melan, Putxet, camarade de la FI qui était hospitalier qui fait du rap… Ils ont du mal à percer car ils sont loin de Paris. Laylow si ! Et il est d’à côté de Toulouse ! Big Flo et Oli, Rousnam, Ameu, Primates à Plumes». Un connaisseur.
Le rap, un vecteur de politisation : François Piquemal a créé des évènements rap dans sa campagne. « Tu parles assez peu de politique, c’est super intéressant, leur propre public parfois ne sort que pour les voir ». Moyen d’amener une jeunesse éloignée et méfiante à juste titre des politicards, vers un discours anticapitaliste ? Et François Piquemal de citer du Booba : « Ma vie manquait de goût, la street m’a passé le sel. Moi tu remplaces la street par la lutte, et c’est bon ». François Piquemal et la lutte, une longue histoire.
Elle commence à la fac du Mirail, en 2009. Ils vont être plusieurs à aller au tribunal. Une politisation à vitesse grand V. Une première prise de contact avec le lawfare, l’instrumentalisation politique de la justice, l’utilisation de la justice pour tenter de faire taire des opposants politiques. Recel de paquets de gâteaux, tentative de vol de photocopieuse, 7 étudiants sont renvoyés au tribunal. On est en plein dans le mouvement d’opposition à la loi Pécresse. Ça fait 6 mois que la fac est en grève. C’est la dernière grande grève au Mirail, la fac la plus à gauche du pays avec Paris 8. Il faut donc couper des têtes. François Piquemal en fera parti.
La direction de l’Université dérape. Bévue : la fac licencie François Piquemal après l’avoir embauché comme vacataire, et perd son contrat de travail. François Piquemal porte plainte contre l’Université et gagnera aux prud’hommes. C’est aussi le moment du premier tir de flashball. Un ami de François perd un œil. Le premier d’une longue série. François et ses camarades vivent la répression comme une injustice.
Le mouvement étudiant s’oppose à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) ou loi Pécresse. La loi LRU prévoit de mettre les universités en compétition les unes contre les autres, les soumettre à la loi du marché. La fac du Mirail est bloquée de Janvier à Juin.
Un souvenir ému pour celui qui est aujourd’hui candidat sur la circonscription. « Des affiches avec ma tête devant la fac du Mirail et des anciens profs qui disent : « il était un peu virulent mais avec lui on pouvait discuter ». J’ai eu pas mal de messages d’anciens étudiants aussi « ce serait une belle histoire que tu sois notre député ». Je ne garde pas une mauvaise opinion, j’ai beaucoup appris à la fac, j’aurais bien aimé faire un doctorat mais impossible après la grève ». Un Master d’Histoire en poche, et un premier cycle d’engagement, intense, qui se termine. Maintenant, il faut gagner sa croûte.
François Piquemal passe le concours pour devenir enseignant d’Histoire-Géographie. A côté, il bosse. Surveillant, chantiers, animation, enquêtes dans la rue, myriade de petits jobs. Il passe et réussit le concours de lettres et histoire-géo, le CAPLP, en 2012. Ce qu’il veut, c’est enseigner en Lycée Pro. Ce qui l’intéresse, c’est être auprès d’élèves défavorisés. Important, capital, de former les travailleuses et travailleurs de première et seconde ligne.
Il est temps d’en venir au combat d’une vie : le droit au logement. Tout commence par hasard. François Piquemal est étudiant-travailleur, en collocation avec deux camarades. 660 euros pour un T4, un rêve que les moins de trente ans ne peuvent connaître. Problème, le proprio vend l’immeuble. Il veut le transformer en immeuble haut standing et faire rentrer plus d’oseille. Il reste 1 an de bail.
François se réunit avec ses 2 colocataires. « On ne connaissait rien à nos droits au logement, on était un peu évanescent, il nous avait mis la pression :« ce serait bien que vous partiez plus tôt » . Là quelqu’un lui dit : tu devrais aller voir le DAL (l’association Droit Au Logement, fondée en 1990, NDLR). Il y va. Il y fait la rencontre de Brigitte. Elle changera sa vie. Une rencontre comme ça, qui transforme votre vie en une révolution permanente, on la souhaite à chacune et à chacun d’entre vous en train de lire ces lignes.
Une poignée de personnes attendent comme lui l’ouverture de la permanence du DAL. Brigitte, la petite soixantaine, ouvre. Il entend les problèmes des gens avant lui dans la file. Beaucoup plus graves que le sien. Il observe Brigitte : « la patience qu’elle a, ça m’a touché, je me suis dit : il y a quelque chose ». Arrive son tour. Elle le conseille : vous pouvez partir plus tôt, mais en échange vous négociez avec le propriétaire de ne plus payer le loyer.
RDV est pris avec le proprio. Ils sont face à face autour de la table. François lui dit qu’ils sont prêts à partir dans 6 mois, à condition de ne plus payer le loyer. Et là : « je l’ai vu, ça a duré l’espace de 10 secondes, il ne disait rien. Il était en train de calculer dans sa tête. Il a dit ok ». François lui fait signer le papier. Ses collocs vont l’adorer : pendant 6 mois, pas de loyer ! Déclic dans sa tête : « moi j’hallucinais, je réalisais que le mec était prêt à s’asseoir sur 6 mois de loyers ! Ces « gens là » comme dirait Brel, ils calculent. Et pour un promoteur immobilier, 6 mois de loyers, c’est rien du tout. Je suis revenu à la permanence du DAL pour leur dire ce qu’il s’était passé et j’ai commencé à m’investir ». Le début d’une belle histoire. François Piquemal enchaîne les permanences et deviendra porte-parole du DAL Toulouse, puis porte-parole national du DAL.
En 2012, François Piquemal veut faire une année de militantisme. Le DAL cherche quelqu’un pour participer au forum des mouvements sociaux au Mali, quelqu’un au regard neutre sur les conflits entre les différents mouvements sociaux. Il part. « C’est pas le monde des bisounours là-bas ». La guerre éclate au Nord. Au bout d’une semaine, les frontières du pays ferment. Le Forum n’aura pas lieu.
François Piquemal fait la rencontre de Massa Koné, figure du mouvement altermondialiste. Paris l’appelle, lui propose de le rapatrier. « Je suis resté 6 mois. Cette expérience militante m’a fait franchir un pas militant extrêmement important, j’étais en immersion totale ».
Du François Piquemal tout craché, l’air de rien, avec son petit sac à dos et son visage d’ange, mais qui n’en rate pas une miette. Il échange beaucoup avec Massa Koné. Il raconte une anecdote. Un jour, le militant altermondialiste lui dit « dans les groupes militants chez vous en Europe, pour savoir qui est le chef, on demande qui est le chef et celui qui répond que ce n’est pas lui, c’est bien lui le chef ». Toujours un.e chef.fe dans un groupe militant, même chez les anarchistes.
Il raconte son expérience militante passionnante au Mali. Un soir, il se rend dans un foyer pour jeunes filles. Un groupe de gamine regarde une série indienne. Elles ont entre 12 et 16 ans. À la fin de la série, elles racontent leur vie : elles sont déjà mères de famille, subissent des agressions sexuelles. Elles luttent, tous les jours. Elles se battent pour faire valoir leurs droits. Et elles obtiendront des avancées.
« Quand j’ai un moment de doute, je pense souvent à ça. Tu as quelque part sur terre des gens qui sont tes frères et tes sœurs de lutte, qui partent de beaucoup plus loin que toi pour faire avancer les choses, qui ont une force… impressionnante. Quand tu es dans la misère et que tu as juste ta lutte, la moindre des choses dans ta demande d’égalité, c’est que celles et ceux qui luttent avec toi, aient un sentiment d’égalité avec toi ». Et de conclure en citant Berthold Brecht : « celui qui n’a pas pris part au combat, partagera la défaite ».
Retour en France. En temps partiel dans l’Éducation nationale, pour pouvoir militer au DAL. Il a le virus. Il demandera une dispo de deux ans pour pouvoir être salarié du DAL au national. De 2010 à 2019, François Piquemal est porte-parole du DAL Toulouse, puis l’un des porte-parole national. Une expérience formatrice pour le reste de sa vie.
Il apprend à monter des dossiers administratifs et juridiques pour aller devant le tribunal faire respecter les droits des gens, il apprend à organiser des luttes comme des campements de 300 personnes… L’engagement total. « Je n’avais pas trop de vie privée, j’étais un peu moine soldat, vœu de pauvreté ». On lui demande de nous raconter une lutte qui l’a marqué. François Piquemal nous répond du tac au tac : les campements de Février et Juin 2016, une lutte symbolique à Toulouse, avec une victoire à la clé : le relogement des gens.
Février 2016, Toulouse. C’est dur, il fait froid. Des somaliens fuient les Chebabs en Somalie, des Syriens fuient la guerre en Syrie. Ils se retrouvent là, à Toulouse, à la rue, sans rien. Plus de place au 115, pour changer. Les travailleurs sociaux sont débordés, pour changer. Avec le DAL, ils décident alors de faire un campement. Ce sera dans le square Jean-Jaurès, un monsieur qui a laissé un sacré souvenir de la lutte dans la région, à côté de l’église Saint-Sernin. Ils commencent le campement, on est en février, très froid, très dur. Mais les familles sont motivées, elles sont dans leur droit. La mairie de Toulouse leur intente un procès, pour occupation illégale de l’espace public. Ils vont au tribunal se défendre, avec le soutien tacite du diocèse de Toulouse. Le bras de fer va durer un mois. Ils obtiennent le relogement. La lutte paie. Les familles sortent de la rue.
Mais les conquis sociaux ne sont jamais acquis. À l’été, les familles sont remises à la rue. Et les campements l’été, ça intéresse beaucoup moins les médias traditionnels. Ils ont leur marronnier du sans-abrisme : c’est à Noël, au moment de la trêve hivernale. On est donc à l’été 2016, et le droit au maintien à l’hébergement n’a pas été respecté, retour à la case départ. Le DAL remonte un campement en Juin, nouvelle victoire. Ces deux victoires font passer un cap à l’association. Les pouvoirs locaux comprennent que le DAL ne lâche rien.
On lui demande de nous expliquer le fonctionnement d’un campement, à toute fin utile. « Un campement c’est super organisé : tu as des tentes, un périmètre autour des tentes, pour que le campement soit réservé aux gens du campement, tu as une liste des personnes qui sont dans leurs droits, elles ont toutes faits des dossiers administratifs, voire même elles ont eu des décisions de justice qui disent qu’elles doivent être relogées. On explique bien aux familles que ça peut être long, que ça peut être dur, mais quand les gens n’ont pas de toit sur leurs têtes, ils sont déterminés, des familles qui n’ont plus grand chose à perdre ».
Un campement, toute une logistique : il faut des points d’eau à proximité, une logistique aussi au niveau de la nourriture, de la surveillance du campement, pour pas que des gens mal intentionnés rentrent dedans. Que faire si d’autres sans-abris, extérieurs au campements, demandent eux aussi à être aidés ? Ils sont renvoyés vers des permanences pour les accompagner dans une démarche administrative, pour ne pas « décrédibiliser » les familles sur le campement qui sont déjà en démarche. Si les négociations juridiques sont déjà entamées sur un nombre de relogement, on ne peut pas les rajouter, sinon, oui. Le gros du travail du DAL c’est un travail administratif et juridique, les actions sur la place publique constituent la partie immergée de l’iceberg.
Autre combat, et pas le moins important : la communication et les relations presses. Impossible de peser dans le rapport de force avec les pouvoirs publics, sans communiquer. Sur le campement de février 2016, un journaliste de La dépêche vient faire une nuit sur le campement. La nuit où il dort là-bas, la BAC le réveille au petit matin : évacuation du campement. Derrière, le journaliste va faire un papier dithyrambique en faveur du DAL. Les institutions sont supersensibles à la presse. « Les gens peuvent être 1000 à crever dans la rue, si pas de pression médiatique ou citoyenne, c’est moins grave ».
François Piquemal se forme, sur tous les aspects de la lutte. Porte-parolat, analyse des politiques du logement, monter un dossier au tribunal administratif pour faire respecter le droit au logement, le DALO (droit au logement opposable, NDLR), le DAHO (droit à l’hébergement opposable, NDLR), etc. François Piquemal va dispenser des formations aux travailleurs sociaux pour leur apprendre à monter des dossiers d’accès au logement. Il va rencontrer la fondation Abbé Pierre. Il va aller négocier à Paris avec la ministre du logement Cécile Duflot. Sans oublier la composante internationale de la lutte, il sera en lien avec les associations pour le droit au logement des autres pays. Impressionnant. Autrement plus utile que le couteau suisse des start-up : le couteau suisse de la lutte.
François Piquemal va participer au mouvement contre la loi travail, à la création du Nuit Debout local. À Toulouse, ils ont un collectif : Y’a pas d’arrangement (référence à la chanson du groupe toulousain Zebda, NDLR). Actions festives, coup de poings, occupation de la Société Générale, le collectif dynamise le mouvement contre la loi El Khomri, loi de casse du droit du travail au service du capital par un gouvernement qui se dit « socialiste ». François Piquemal est approché à l’époque par différents partis de gauche, mais il décline. « À l’époque, je suis encore dans mon truc DAL, DAL, DAL ». Mais son rapport à la lutte politique va bouger.
« Plusieurs facteurs vont me faire dire que je veux une traduction politique : ça fait quasiment 10 ans que je suis au DAL, je pense que c’est bien de passer la main à un moment, des militantes prêtes, volontaires. Quand tu pars et que c’est bien préparé, tu laisses un vide, mais ce vide permet de créer d’autres choses ». Et un mouvement va lui donner envie de s’engager à son tour en politique.
La Plateforme des victimes du crédit hypothécaire, aussi appelée PAH (de l’espagnol Plataforma de Afectados por la Hipoteca), est le mouvement social qui a amené Podemos en Espagne. Depuis 2007, en Espagne, environ 650 000 familles ont perdu leur logement en raison d’un prêt hypothécaire impossible à rembourser ou de loyers non payés. Lorsque la bulle immobilière a explosé, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées en situation de détresse totale. la PAH s’organise en 2009 pour lutter contre les injustices engendrées par la crise du logement.
Un mouvement avec lequel François Piquemal travaillait pour le DAL. Il voit la traduction politique en Espagne avec Podemos qui arrive au pouvoir. Plusieurs membres de la PAH vont avoir des mandats. Ada Colau, l’actuelle maire de Barcelone. Irène Montero, ministre de l’Égalité dans le gouvernement Sanchez. Isabel Serra, députée madrilène. Toutes les trois issues de la PAH. « Un mouvement tellement fort pour le logement, que beaucoup de ses membres se sont engagées en politique, un chemin hyper intéressant ».
Au niveau local, le DAL est devenu un contre pouvoir à la droite toulousaine. Notamment sur le combat contre la « gentrification » (écoutez la prononciation du mot « gentrification » à la toulousaine par François Piquemal lors d’une interview, et contactez l’insoumission, NDLR). François Piquemal est de nouveau approché en 2019 pour les municipales à Toulouse. Par un mouvement qui s’appelle Archipel citoyen et qui a vocation à rassembler la gauche (EELV, la FI, des gens issus d’assos…). François Piquemal y est plébiscité.
Il quitte le DAL, après 10 ans de bons et loyaux services. Il est numéro 3 sur la liste des municipales, et se retrouve conseiller municipal d’opposition et coprésident à la métropole du groupe insoumis et indépendants de gauche. François Piquemal continue la bagarre sur le logement. Il nous fait des éditos sur le sujet pour l’insoumission. Puis arrive la présidentielle.
« J’avais trouvé la campagne présidentielle de 2017 de Mélenchon super enthousiasmante. Je m’étais dit à l’approche des élections présidentielles que je ne voyais pas comment ne pas prendre position : la personnalité la plus prête, la plus aboutie, notamment au niveau du programme, c’était Jean-Luc Mélenchon et l’Union populaire ». François Piquemal se propose aux militants pour être candidat aux législatives. Nouveau plébiscite.
Et nous voilà dans le quartier du Mirail, en porte à porte. Les gens le reconnaissent. C’est l’ancien du DAL. En route vers l’Assemblée nationale, pour une mission : le droit au logement. Pour que plus aucun être humain ne dorme à la rue, dans la 6ème puissance du monde. Ils sont 300 000 aujourd’hui à travers le pays.
À l’Assemblée nationale, François Piquemal souhaite porter un autre sujet également : « j’ai aussi envie de m’intéresser à l’Espace, on en parle trop peu mais c’est devenu un enjeu majeur en matière géopolitique mais aussi écologique. Beaucoup d’astronomes, d’astrophysicien se plaignent à juste titre de ne plus pouvoir correctement les étoiles qui sont un patrimoine commun du vivant. Je vais d’ailleurs proposer une loi sur le sujet avec des collègues. Comme le rappe Damso, il y a aussi un enjeu de privatisation « des Elon, des Bezos ont fini par imposer leur prix. » Et puis à Toulouse nous sommes particulièrement intéressés par le sujet et avons la chance d’avoir des chercheuses et des chercheurs de très haut niveau sur le sujet ! ».
François Piquemal sort un livre de son sac, « Les oubliés ». Il l’a écrit à l’été 2018. « Tu me diras ce que ça vaut ». L’humilité et la sagesse des vrais gens de gauche. Son mandat, il le commencera en dormant en tente aux côtés des oubliés. Et après s’être occupé du toit qu’on a au dessus nos têtes il a décidé de s’investir sur celui que la planète a au dessus de sa tête : l’espace. Si le pays était peuplé d’étoiles comme François Piquemal, le pays irait bien mieux.
Par Pierre Joigneaux.
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