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Le mercredi 7 septembre, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, ont réuni les fédérations et les groupes industriels pour évoquer la question de la sobriété énergétique. Objectif numéro 1 : la réduction de 10% de la consommation énergétique française d’ici deux ans. Alors que les réunions s’enchaînent auprès des différents secteurs les plus énergivores, quel est le bilan aujourd’hui ?
Sommaire :
Depuis cet été, le gouvernement a mis en alerte tous les secteurs d’activités confondus. De la culture aux industries lourdes, en passant par les commerces, aucun acteur ou entreprise n’échappe à la menace que représente la crise énergétique.
Deux semaines auparavant, Elisabeth Borne, la Première Ministre, a rappelé durant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) organisée par le Medef que “chaque entreprise” doit mettre “en place un plan de sobriété”. La messe est dite. La cheffe du gouvernement avait déjà prévenu que les particuliers ne devaient pas subir de pénurie d’énergie. Les délestages suggérés ne seraient donc appliqués qu’aux entreprises dont l’activité est plus dispensable. Elisabeth Borne a d’ailleurs profité de la rencontre avec les entrepreneurs pour brandir à nouveau la menace de rationnement des mauvais élèves.
Depuis l’annonce d’un plan de sobriété énergétique en juillet dernier, au moins 10 réunions entre des ministères stratégiques et des représentants de différents secteurs ont eu lieu.
Chacun est ainsi chargé d’apporter sa pierre à l’édifice avant que l’hiver n’arrive. L’urgence hivernale n’est pas la seule obsession. Le gouvernement a assuré que les stocks de gaz seraient remplis au maximum d’ici le mois de novembre. La France est également parvenue à diversifier ses fournisseurs de gaz naturel pour ne pas être soumise au diktat de la Russie. La pénurie est donc une crainte contrôlée. Mais seulement si l’hiver est clément. En cas de grand froid ou de contrats non honorés par les multiples fournisseurs énergétiques, le black-out pourrait s’avérer inévitable.
Toutefois côté facture, impossible de passer à côté des augmentations des prix de l’énergie. Si l’État français poursuit son bouclier tarifaire pour empêcher une explosion des prix de l’énergie, il demande aussi un effort de la part de tous et sur le long terme. “L’objectif c’est d’avoir un plan de sobriété qui permette d’économiser 10% d’énergie – gaz, électricité, carburant – dans les deux ans qui viennent, c’est la première marche de la trajectoire qui doit nous mener à la neutralité carbone en 2050” a rappelé la ministre de la transition Ecologique Agnès Pannier-Runacher à l’issue de la réunion avec le secteur secondaire.
Quelles-sont donc les solutions proposées par l’ensemble des secteurs d’activité français pour parvenir à cet objectif ?
La dernière réunion de travail dans le cadre du plan sobriété énergétique a eu lieu le mercredi 7 septembre. Elle a réuni les représentants de l’industrie, des organisations syndicales, des comités stratégiques de filières, des fournisseurs d’énergie et des porteurs d’innovation industrielle. Ce groupe de travail appelé “Industrie” a permis aux représentants du secteur secondaire de proposer plusieurs mesures efficaces et concrètes pour mettre un terme aux “kWh consommés sans utilité”, a expliqué la ministre de la Transition Écologique Agnès Pannier-Runacher à l’issue de la rencontre. Les échanges ont permis de rappeler des “bonnes pratiques” à appliquer dans chaque entreprise, telles que :
Certains secteurs ont quant à eux pu réfléchir à des économies d’énergie à plus long terme. La crise actuelle a poussé, par exemple, le secteur du transport à réviser son fonctionnement quotidien.
Le domaine des transports représente environ 30% des consommations finales d’énergie en France. Ses mesures en faveur de l’économie d’énergie peuvent donc s’avérer capitales dans le cadre du plan de sobriété à appliquer sur les deux prochaines années.
L’utilisation de véhicules moins polluants et énergivores ou encore une meilleure répartition et réutilisation de l’énergie font partie des options prioritaires. De plus, le secteur n’échappe pas à la règle du chauffage contrôlé. La rénovation énergétique des bâtiments, l’installation de panneaux photovoltaïques ou encore de minuteries sont vivement encouragées.
Lors de la réunion “Industrie”, le groupe France Logistique a évoqué ses idées pour “optimiser les distances parcourues dans les entrepôts, mutualiser les moyens de transport, tout en rappelant l’urgence de décarboner les véhicules en investissant davantage dans la transition des flottes diesel de poids-lourds”, rapporte le ministère de l’Economie et des Finances.
La Fédération des industries ferroviaires (FIF) a quant à elle choisi de miser sur la recherche et l’innovation. Elle a évoqué le projet de TGV du futur qui optimise et récupère l’énergie de freinage.
Le monde du sport avait également été appelé à proposer ses ambitions en matière d’économie d’énergie. Agnès Pannier-Runacher et la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra ont reçu les représentants, acteurs et experts du monde du sport le 6 septembre.
Le groupe de travail a permis de dégager plusieurs pistes, comme s’impliquer dans la surveillance de la consommation de chauffage dans l’ensemble des équipements sportifs de France, qui représente 43% de la consommation d’énergie du secteur. De même pour la question des transports pour se rendre aux événements sportifs, les modes doux doivent être privilégiés.
Le sport professionnel, qui avait été pointé du doigt, a également pris quelques engagements. L’éclairage dans les stades, notamment lors des compétitions de football sera mieux modulé pour faire baisser la facture conséquente d’électricité.
Même les Jeux Olympiques n’y échappent pas. “Paris 2024 va diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux par rapport à Tokyo 2021”, a précisé le ministère de la Transition Écologique. Pour ce faire, les jeux vont s’appuyer sur plusieurs leviers :
L’ensemble du monde sportif s’engage également à communiquer au mieux sur les bons gestes écologiques à appliquer. Une communication à l’adresse des spectateurs mais aussi des sportifs, dès leur plus jeune âge et leur entrée dans des clubs sportifs.
Les collectivités territoriales sont également très sollicitées dans cette course à l’économie énergétique. Dans toute la France, chacun a été appelé à adapter son territoire au contexte actuel.
“Selon les compétences dont elles disposent – éclairage public, gestion des écoles et des gymnases, ou encore mobilités –, elles ont des leviers d’actions puissants pour construire un plan de sobriété énergétique et contribuer à la baisse de 10% de notre consommation d’ici 2024”, a estimé Agnès Pannier-Runacher.
A travers l’ensemble de ces établissements gérés, mais aussi les espaces publics ou encore les transports, les collectivités territoriales s’engagent à mieux moduler le chauffage (ne pas dépasser les 19°) ou encore l’éclairage en optant pour une généralisation de l’éclairage LED et des mécanismes innovants moins énergivores.
La rénovation énergétique est également prise en compte. Le recours à des équipements de gestion technique des bâtiments ou encore l’accompagnement des collectivités qui le souhaitent par des conseillers en énergie partagée est prévu dans le plan stratégique.
Certaines collectivités ont également pris les devants en mettant en place des mesures d’économies dans les communes, agglomérations et métropoles. La ville de Strasbourg par exemple, a choisi de fermer deux jours par semaine ses musées.
Avant l’été des villes ont pris le parti d’éteindre les chauffages entre le 1er avril au lieu de la mi-mai comme dans la métropole de Rennes qui a ainsi pu faire 300 000 euros d’économie.
Lille a de son côté choisi d’éteindre l’éclairage des bâtiments publics, de baisser le chauffage dans tous les espaces publics voire de fermer les lieux estimés trop énergivores. Ce plan lillois permettra une diminution d’environ 7% de l’ensemble des consommations annuelles d’énergie de la ville, en seulement une année.
Les commerces dans leur ensemble ont également pris les premières mesures nécessaires à réduire leur impact énergétique. La chasse au gaspillage a été la première étape. La fédération Perifem, qui représente l’ensemble des acteurs de la distribution, a annoncé que les enseignes françaises adhérentes s’engagent à baisser la consommation d’énergie de leurs magasins grâce à des mesures concrètes à compter du 15 octobre.
L’éclairage est au cœur des mesures. Il sera réduit dans les surfaces commerciales, notamment lors des pics de consommation où il sera baissé de 30 %. Les commerces n’attendront plus une heure après la fermeture pour éteindre les lumières, ils le feront dès que les rideaux seront baissés.
Un volet légal va s’ajouter à la question de la publicité lumineuse. Un projet de décret pour l’interdire en ville entre 1 heure et 6 heures du matin est encore à l’étude. De même pour les commerces laissant leurs portes ouvertes alors que le chauffage ou la climatisation. Un second décret doit interdire cette pratique totalement inutile et qui fait augmenter la consommation d’énergie.
Plusieurs enseignes, des grandes surfaces aux centres commerciaux ont accepté d’améliorer leur politique d’éclairage. Les Galeries Lafayette ont déjà remplacé leur éclairage par des LEDs plus économiques.
En parallèle des solutions d’optimisation ont été mises en place. Les grandes surfaces commerciales, par exemple, favorisent des dispositifs de récupération de chaleur sur groupes froids ce qui leur permet de produire de l’eau chaude sanitaire.
Michel-Edouard Leclerc, le président des comités stratégiques des supermarchés E.Leclerc, expliquait même à France Info, le 25 juillet dernier, qu’il serait possible de “fermer des magasins sur certains horaires”, pour se prémunir contre un black-out énergétique.
La mobilisation dans ce secteur, comme dans les autres, n’a jamais été aussi forte. Ces protocoles prévus pour les deux prochaines années pourraient s’inscrire dans la pérennité et forcer à des démarches plus écologiques dans l’ensemble des activités économiques et sociales de la France.
Anaïs Hollard
Anaïs est arrivée en novembre 2020 chez Selectra et est responsable des actualités ainsi que de la mise à jour du comparateur d’énergie. Le marché de l’énergie lui était déjà familier puisqu’elle a eu l’occasion de collaborer avec le groupe Engie ou EDF.
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