Même s’ils sont théoriquement obligés de le faire depuis avril 2019, les professionnels de l’automobile rechignent souvent à vous proposer d’employer des pièces détachées d’occasion quand vous venez faire réparer votre voiture chez eux. Une réticence qui ne provient pas seulement de la perte de marge que cela peut entraîner pour eux. Beaucoup craignent aussi d’engendrer des mécontentements, voire des procédures judiciaires, s’ils montent un compresseur de climatisation ou un démarreur de seconde main qui venait à rendre l’âme rapidement. Sans parler du temps qu’ils doivent consacrer à la recherche de ces composants, forcément plus important que de piocher dans les références du constructeur en neuf.
“Le réseau de centres-auto Speedy prévient même sur son site que « dans le cadre des prestations réalisées par le réseau Speedy, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir des pièces issues de l’économie circulaire en raison de délais de disponibilité incompatibles avec le délai d’immobilisation de votre véhicule »“
Mais rien ne vous empêche d’acheter vous-même ces pièces de réemploi pour simplifier la tâche à votre garagiste… à condition de vous assurer qu’il acceptera bien de les installer et de ne pas vous tourner vers des filières douteuses. Voici les principales possibilités qui s’offrent à vous. Attention, certains éléments ne peuvent s’acheter qu’en neuf, soit pour des raisons de sécurité, comme les disques et plaquettes de frein, soit pour des questions d’usure, comme la majorité des joints et courroies. Les airbags d’occasion ne peuvent, eux, pas être légalement vendus à des particuliers. En revanche, pour un moteur, une boîte de vitesses ou encore certains éléments de carrosserie, il y a moyen d’effectuer d’énormes économies sans prendre de risques inconsidérés.
Tapez « pièces détachées d’occasion » sur un célèbre moteur de recherche et vous le constaterez tout de suite : les sites spécialisés dans ce domaine ne manquent pas. La liste s’est d’ailleurs récemment enrichie d’un acteur très sérieux, Back2Car, qui ciblait auparavant les seuls professionnels. Cette filiale d’Alliance Automotive Group propose des composants garantis deux ans, en provenance de 28 000 VHU (véhicules hors d’usage) traités dans ses six centres. Avec la promesse de contrôles stricts pour éviter les mauvaises surprises. Basé à Toulouse, Opisto revendique, lui, près de 200 centres VHU agréés pour la revente et 3,6 millions de pièces de réemploi disponibles, avec une garantie toutefois limitée le plus souvent à trois mois. Mais la palme des plus gros chiffres revient à France Casse, qui se targue « d’1 million de véhicules désossés tous les ans en France » et de « 1 600 centres VHU agréés ». En contrepartie, les pièces ne sont pas centralisées au même endroit : vous devez effectuer une demande préalable en ligne pour obtenir un devis sous 24 à 48 h.
L’entreprise Caréco est forte de 60 centres et de 150 000 VHU. Elle a même signé un partenariat avec Midas qui peut ainsi proposer plus facilement des « pièces reconditionnées » à ses clients. Avant de s'associer, en mars 2022, avec B-Parts, une propriété du groupe Stellantis dont le site Internet se revendique comme le « leader dans la distribution en ligne de pièces automobiles d'occasion » en Europe. D’autres acteurs peuvent également être cités, GPA26, installé à Livron-sur-Drôme (26), Pieceseco.com, qui dispose d’une casse auto de 40 000 m2 en Ile-de-France à Athis-Mons (91), ou encore Reparcar, qui offre une garantie minimum de six mois. Mais redoublez de prudence avant de commander sur l’un des nombreux sites internet qui proposent des éléments en provenance de VHU démantelés hors de l’Hexagone. Les recours en cas de problème risquent de s’avérer très complexes et la traçabilité des composants proposés n’est pas toujours bien assurée. Gare à ne pas alimenter involontairement un trafic de pièces issues de voitures volées !
Le potentiel de ce marché de la pièce de réemploi a aussi ouvert l’appétit d’entreprises dont ce n’est pas le métier principal. Plutôt spécialisé dans les pièces neuves, Yakarouler propose ainsi une section « occasion » avec « plus de 100 000 références contrôlées, testées, vérifiées et disponibles ». Elles sont toutefois seulement couvertes entre trois mois et six mois à moins de souscrire à une extension optionnelle. Les concurrents Oscaro ou Mister Auto sont, eux, pour l’instant absents de ce créneau. Quant à Feu Vert, s’il propose bien l’achat en ligne de « pièces auto d’occasion d’origine » garanties douze mois, c’est seulement grâce à une collaboration avec B-Parts. Pour l’heure, ce n’est donc pas en suivant cette voie que vous trouverez le plus facilement votre bonheur.
Malgré la digitalisation très poussée de ce marché, de nombreuses casses auto restent ouvertes au public sur tout le territoire. Vous pourrez parfois y trouver la pièce que vous cherchez plus rapidement qu’en commandant en ligne, en particulier si c’est pour un modèle extrêmement répandu en France : Renault Clio de toutes les générations, Peugeot 206, 207 ou 208, Citroën C3… N’oubliez pas, simplement, de vous renseigner sur les éventuelles conditions de garantie, et tournez-vous uniquement vers des centres ayant « pignon sur rue » , dûment inscrits à la chambre de commerce. Il subsisterait en effet près de « 1 000 casses sauvages en France » d’après Luc Fournier, directeur de l’activité pièces de réemploi chez Alliance Automotive Groupe, propriétaire de Back2Car.
Les professionnels ne sont pas les seuls à proposer des pièces détachées d’occasion. Sur les sites d’annonces, de nombreux particuliers font de même. S’il ne faut évidemment pas trop compter sur une garantie dans ce cas, cela peut permettre d’effectuer encore des économies supplémentaires ou de trouver des composants indisponibles ailleurs. Mais encore une fois, la vigilance doit rester de mise, comme pour l’achat d’une voiture de seconde main. Les particuliers n’ont notamment pas le droit de vendre un véhicule pour pièces s’il n’est plus en état de rouler, et les véhicules endommagés qui ont été classés comme irréparables ne peuvent être achetés que par un professionnel de l’automobile ou un centre VHU.
L’origine des éléments peut également se montrer parfois floue. Mieux vaut ainsi passer votre chemin si votre interlocuteur vous semble louche ou paraît avoir transformé cette activité en véritable commerce en proposant des dizaines de références simultanément. Cette prudence est tout aussi nécessaire quand l’annonce provient de professionnels, notamment sur des sites proposant des éléments en provenance du monde entier. Enfin, tentez aussi de recueillir un maximum d’informations sur l’état de fonctionnement des pièces que vous pourrez acheter, ainsi que le kilométrage et l’âge des véhicules sur lequel elles étaient installées s’il s’agit d’un moteur ou d’une boîte de vitesses. Si elles révèlent une importance cruciale, elles sont malheureusement quasi-impossibles à vérifier. N’hésitez donc pas à passer votre chemin si on vous propose un V6 diesel soi-disant comme neuf pour une bouchée de pain.
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http://fragua.org/comment-acheter-ou-vendre-une-piece-de-2-euros
