Publié le 13/05/2022 à 09h04
Simon Dubos
Il en pousse partout dans l’agglo. Dans leur sillage, ils ne laissent quasiment que des insatisfaits. Ce sont les poteaux d’Orange pour l’installation express de la fibre. Cette solution d’ultime urgence, semble être liée au déploiement de la fibre qui a pris du retard dans l’agglo. Deux ans déjà.
Le Covid en serait le responsable, mais à force, il commence à avoir bon dos le Covid. Quoi qu’il en soit, à la fin de l’année 2022, Orange doit avoir raccordé tous les logements dans l’agglomération de Nevers. Sans quoi, de très lourdes pénalités financières lui seront infligées. Comme solution pour avancer dans ses travaux, l’entreprise installe elle-même ses poteaux. Des poteaux en composite coûtant de 200 € à 800 € pièce, selon nos informations, contre 4.000 € pour remplacer les poteaux classiques en béton.
Association, élus, et riverains sont consternés par la situation jugée contre-productive et accusent Orange de faire du chantage à la fibre. « Des poteaux, sinon rien. »
Un responsable d’Orange est venu me rencontrer en demandant l’autorisation d’installer 22 poteaux sur le domaine public. C’était clairement du chantage.
À Pougues-les-Eaux, la commune œuvre depuis des années pour enterrer le plus possible les lignes électriques et câbles courant encore dans les rues. La maire, Sylvie Cantrel, sait de quoi elle parle quand elle évoque le sujet. Elle était directrice départementale chez Enedis. « Un responsable d’Orange est venu me rencontrer en demandant l’autorisation d’installer 22 poteaux sur le domaine public. C’était clairement du chantage. On prend les poteaux avec la fibre. Ou on fait une croix sur la fibre », lâche Sylvie Cantrel.
La maire a accepté à contrecœur : « C’est dommage sachant que l’on est dans une logique d’enfouissement des lignes depuis plus de 20 ans. »
Si les poteaux d’Enedis semblent pourtant capables d’accueillir un câble supplémentaire, les normes liées aux calculs de charges ont changé. « On peut voir des poteaux Enedis très chargés en câbles. Mais c’est uniquement dû au fait que les autorisations ont été données avant les changements de normes. Et non, certains poteaux ne peuvent pas accueillir plus de câbles pour des raisons de sécurité », prévient Sylvie Cantrel.
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Dans de rares cas comme à Nevers, un riverain a assisté à ces études de charges. « Ils sont venus. Trois ans plus tard, il n’y a toujours pas la fibre et encore moins de câbles. Mais que s’est-il passé ? », s’insurgeait un Neversois lors d’une réunion publique à Varennes-Vauzelles sur la fibre en février.
La réponse du directeur d’Orange pour les relations avec les collectivités locales, Alexandre Orcel est sans appel : « Nous avons perdu les études… » En réalité, les études ne sont valables que six mois d’après une convention (voir ci-dessous).
Plus de 50 poteaux doivent être installés à Varennes-Vauzelles. « Un non-sens » selon l’association Ensemble Varennes-Vauzelles.
Ce que nous reprochons à Orange, c’est un manque de transparence.
Ce collectif de riverains mène la vie dure à Orange depuis le début des travaux. Il liste toutes les rues n’étant pas encore desservies, ou la moindre maison non raccordée.
« Ce que nous reprochons à Orange, c’est un manque de transparence. On nous avance tout et n’importe quoi sur la fibre. On nous dit qu’elle est là, alors que non. On nous affirme qu’il ne serait pas possible de mettre la fibre sur des poteaux électriques, car ça ne serait pas bon pour le réseau… Bref, on se fout de notre gueule. Ils font tout ça, car ils savent qu’ils ne seront jamais prêts à temps. On exige qu’il y ait des sanctions », assène Nicolas Montre de l’association.
L’installation, par Orange, de nombreux poteaux en composite pour la fibre crée la polémique à Marzy
Le maire de la commune, Olivier Sicot, confirme l’installation de poteaux à venir : « Orange nous a déposé un dossier demandant l’installation de 80 poteaux. Alors, oui, il y en aura. Mais pas autant. Ce n’est pas le far-west. On ne pose pas des poteaux n’importe où. » Le maire l’assure, des poteaux seront installés uniquement là où il n’y a pas d’autre choix.
« Si effectivement, la pose d’un poteau est indispensable, il y aura. Mais si c’est pour poser des poteaux à 10 mètres les uns des autres, ce n’est pas la peine. On va réfléchir aux alternatives possibles pour mener le projet en intelligence. En tout cas les Vauzelliens auront la fibre », affirme Olivier Sicot.
Si on dit non aux poteaux, on dit non à la fibre. Orange est dans une logique d’économie
Le maire de Marzy, Louis-François Martin se dit “dépassé” par les événements. « Les Marzyats veulent la fibre. Je ne peux pas les en empêcher. Si on dit non aux poteaux, on dit non à la fibre. Orange est dans une logique d’économie, il y a des solutions, mais ils ne veulent pas les voir », s’agace le maire.
Dans sa commune, 48 nouveaux supports sont en train de pousser pour accueillir la fibre avant la fin de l’année. « On a des chantiers en cours où l’on enfouit des lignes à Marzy, je ne sais même pas s’ils vont en profiter pour enterrer la fibre ici », s’inquiète Louis-François Martin. Un jour, un des chefs de chantier qui n’est plus là depuis, car sûrement viré », se remémore le maire, « m’a dit qu’il était désolé pour ce qu’il faisait. Il savait pertinemment que c’était un non-sens. Mais il faisait ce qu’on lui disait. »
L’enfouissement de la fibre lorsque c’est possible.
Le maire se dit las de la situation : « On est pris pour des guignols. Personne ne nous écoute sur cette situation. Là, Orange creuse des trous et pose ses poteaux sans même regarder ce qu’il y a dessous. Des poteaux sont plantés n’importe où. Un à même été planté devant une sortie de maison. Là, on a gueulé fort. Ils l’ont bougé. »
Il existe une convention cadrant l’installation de la Fibre par les opérateurs que le Journal du Centre a pu se procurer. Élaborée en 2015 puis signée en 2016 par Enedis (ERDF à l’époque), le SIEEEN (Syndicat Intercommunal d’Energies, d’Équipement et d’Environnement de la Nièvre) et Orange, celle-ci donne les modalités d’installation de la fibre dans l’Agglomération de Nevers. Selon le SIEEEN, elle est toujours en vigueur à ce jour et sert de base pour Orange et les autres opérateurs signataires de la même convention dans le département. Elle vise à donner le cadre d’exploitations des infrastructures existantes.
Cependant, à présent, Orange semble faire fi de cette convention. Concernant d’éventuels changements de poteaux aux frais de l’opérateur comme le mentionne la convention, « aucune demande n’a été effectuée » selon le SIEEEN. De même pour les tranchées, aucune n’a été creusée par Orange dans l’agglomération.
L’opérateur “historique” installe simplement son propre réseau. Cette démarche semble clairement économique alors qu’il existe des solutions cadrées par la convention. Or, Orange, n’a jamais mentionné ces solutions et lorsque la question leur est posée, elles n’existeraient simplement pas selon eux.
Chez Enedis, Luc Mayance, l’actuel directeur des services nivernais, estime, selon sa lecture de la convention, qu’elle mentionne la possibilité d’installer des supports supplémentaires, si les autres solutions (installation sur l’existant, changement de poteau et enfouissement) ne conviennent pas. Pourtant, à notre lecture de ladite convention qu’il invoque, rien ne mentionne cette éventualité.
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Orange installe la fibre à petit prix, sans évoquer les alternatives
Les habitants de l’agglo voient pousser les poteaux par centaines, à croire qu’il s’agit de la seule solution. Cependant, ce n’est pas le cas. Selon Orange, « le design du réseau fibre optique d’Orange peut s’opérer de deux manières différentes en fonction des installations des communes : soit en empruntant les fourreaux existant en souterrain. Soit en utilisant les appuis aériens. »
Jusque-là, aucun problème, puisqu’Orange utilise quand cela est possible les fourreaux existant et certains appuis aériens.
C’est par rapport à l’existant que cela coince. « Dans le cas où il n’y a pas de fourreau, des études de charge doivent être obligatoirement réalisées notamment sur les supports Enedis et ensuite validées pour s’assurer que ces supports existants puissent soutenir de nouveaux câbles. Si le retour de l’étude d’Enedis est négatif, il nous faut implanter un poteau nous permettant de poursuivre le déploiement et de répondre à l’impatience des habitants », affirme l’opérateur.
J’ai tenté de négocier avec Orange. La convention préconise l’utilisation de l’existant, quand ce n’est pas possible l’opérateur doit prendre en charge un nouveau poteau supportant tous les câbles, à ses frais. Ce qu’Orange, n’a jamais fait bien sûr. J’ai alors proposé de prendre en charge la différence de coût entre l’installation d’un poteau supplémentaire et d’un poteau plus robuste. Orange n’a jamais donné suite.
Sylvie Cantrel (Maire de Pougues-les-eaux)
Pourtant, une convention a été signée entre Enedis, Orange et le SIEEEN. Dans celle-ci, il est indiqué que, lorsque l’étude de charges ne donne pas satisfaction avec l’installation d’un nouveau câble, Orange doit : « changer le poteau pour qu’il puisse accueillir tous les câbles (à ses frais) puis payer les frais d’utilisation du poteau 2 ans plus tard » ou « creuser une tranchée pour enterrer la fibre. Ou la faire courir le long des murs de manière discrète, en remplaçant des câbles lui appartenant déjà ». À aucun moment, l’installation d’un poteau supplémentaire n’est mentionnée dans la convention.
Pourtant, c’est la solution privilégiée par Orange. Les maires ne sont pas au courant des autres solutions, puisqu’ils n’ont jamais été en possession de la convention. En conséquence, Orange invoque l’obligation d’installer des poteaux, sans quoi la fibre ne passera pas.
Cette manœuvre semble économique puisque l’installation d’un nouveau poteau en composite est estimée entre 200 € et 800 € contre des milliers d’euros pour les autres solutions.
La maire de Pougues-les-Eaux, Sylvie Cantrel, a « tenté de négocier avec Orange. La convention préconise l’utilisation de l’existant, quand ce n’est pas possible l’opérateur doit prendre en charge un nouveau poteau supportant tous les câbles, à ses frais. Ce qu’Orange, n’a jamais fait bien sûr. J’ai alors proposé de prendre en charge la différence de coût entre l’installation d’un poteau supplémentaire et d’un poteau plus robuste. Orange n’a jamais donné suite. »
Sylvie Cantrel s’est également offusquée, lorsqu’elle a reçu un courrier d’Orange lui demandant de justifier son refus d’installer la fibre. « C’est scandaleux, je n’ai jamais refusé. C’étaient des négociations. » En conclusion, des poteaux ont poussé également à Pougues-les-Eaux et les administrés commencent à envoyer des courriers à la mairie en s’indignant de la situation.
« Ce qui m’inquiète dorénavant, c’est lorsque l’on enterrera tout. Qui va payer pour les câbles d’Orange ? Je ne pense pas qu’ils reviennent s’en occuper un jour », s’agace la maire.
Simon Dubos
simon.dubos@centrefrance.com
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2 commentaires
Papy Panda a posté le 13 mai 2022 à 09h29
Bonjour, Merci pour cette photo formidable. poteaux sur le trottoir, une voiture stationnée aussi sur le trottoir. Voila ce que vous rencontrez quand vous êtes à pied, en fauteuil roulant ou promenant votre enfant en poussette dans pleins de rue dans Nevers. (Je ne parle même pas d’ épave de voiture, et de bus scolaire) Prenez une poussette, voir un cabas de courses et marchez sur les trottoirs rue des cailloux, rue des Montapins. c’est pire encore. C’est à cause de ce genre de Connerie que certains automobilistes me prennent pour un Débile Merci
Fm a répondu le 14 mai 2022 à 23h25 Vous oubliez la végétation pas taillée ou mal plantée et les pots de fleur avenu ch de Gaulle…
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