Bienvenue sur votre site d’actualité régionale
Bienvenue sur votre site d’actualité régionale
Aurélien, Émilie et Étienne ont pour point commun d’être professeurs contractuels. Alors que les cours reprennent ce mardi, ils racontent leur quotidien, décrivent leur parcours et évoquent les difficultés qu’ils ont pu rencontrer.
Sa matière de prédilection : les mathématiques. Après l’obtention d’un bac scientifique, Aurélien Houssemand décroche un DUT génie civil à Reims. « Comme j’ai de bons résultats, je poursuis mes études dans une école d’ingénieurs à Lille. » Si ses stages l’intéressent, il goûte peu le monde de l’entreprise. Au point de chercher à se réorienter dans l’enseignement, une fois son diplôme d’ingénieur en poche. « C’est en donnant des cours particuliers durant mon cursus, j’ai senti que j’avais un peu de ça au fond de moi. »
L’Ardennais tente en vain d’entrer à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE, anciennement IUFM) de Reims. « Ma candidature est refusée, ma formation considérée inadéquate. » Il dépose alors sa candidature sur Acloe, la plateforme de recrutement des enseignants contractuels. « Un inspecteur m’a contacté quelques semaines plus tard. Il m’a proposé un poste de professeur de mathématiques et de physique-chimie au lycée professionnel Gustave-Eiffel de Reims. J’ai accepté, même si ma préférence allait vers un lycée général. » Aurélien a pris son poste le 1er septembre. Il a bénéficié d’une formation peu de temps après la rentrée. « Ma première semaine n’a pas été des plus glorieuses, reconnaît-il. Je n’étais pas très à l’aise mais j’ai fini par m’adapter à la situation. »
Il apprécie les formations proposées. « J’en tire profit, notamment en gestion de classe, explique-t-il. Nous évoquons les difficultés que nous rencontrons et cherchons des solutions ensemble. » Il indique « compter de bons éléments » dans ses quatre classes, mais aussi « des élèves plus difficiles à gérer. C’est un vrai challenge que de les motiver pour qu’ils travaillent. Je reprends mes cours pour ce faire, afin de les intéresser et de réussir à leur transmettre mes connaissances. Je reçois aussi beaucoup de soutien et d’encouragement de la part des professeurs qui enseignent les mêmes matières que moi ».
Heureux d’avoir trouvé sa voie, l’Ardennais de 23 ans s’accroche, tout en projetant de passer le concours interne du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire (Capes) dans trois ans.
Émilie Thooris, 35 ans, cumule six années d’expérience en tant que « prof d’éco-gestion ». Après l’obtention d’un master 1 diagnostic et management des organisations à Caen, elle s’apprêtait à enchaîner avec un master 2 marketing quand son conjoint a été muté à Bordeaux. Action-réaction. Elle y a trouvé un emploi de responsable commerciale qu’elle a exercé durant trois ans, avant de retourner sur les bancs de l’école pour passer un master Meef. « Mais j’ai été recalée à l’écrit. »
Les professeurs contractuels sont encadrés tout au long de leur mission. Différentes formations leur sont proposées, la première d’entre elles ayant trait à la gestion de classe et à l’entrée dans le métier. « Destinée aux contractuels nouvellement recrutés, cette formation de deux jours est dispensée peu de temps après l’embauche, précise Nathalie Pierret, IA-IPR d’anglais dans l’académie de Reims. Ce, quel que soit le moment dans l’année. » Les autres formations sont quant à elles disciplinaires, « c’est-à-dire qu’elles portent sur l’exercice du métier dans la discipline ». L’Éducation nationale propose par ailleurs un accompagnement individuel aux professeurs contractuels embauchés sur la durée. « Un tuteur en est chargé, qui enseigne de préférence dans le même établissement. » Un inspecteur vient également faire de la visite conseils dans un certain nombre de disciplines. « Il observe le professeur en classe avant de lui donner un certain nombre de conseils et préconise un accompagnement pédagogique renforcé si nécessaire. » Enfin, une évaluation est faite par le chef d’établissement en fin d’année scolaire. Une commission se réunit alors pour étudier les différents cas et décider de renouveler le contrat. « Ce qui est effectif la plupart du temps, avec parfois un accompagnement complémentaire. »
N’étant pas du genre à se laisser abattre, Émilie a travaillé d’arrache-pied et passé deux concours (CAPLP et CAPET), lui permettant d’enseigner respectivement dans un lycée professionnel et technologique. « N’étant pas parmi les candidats les mieux notés, je me suis retrouvée sur le carreau, raconte-t-elle. Complètement déprimée. » Sur recommandation de ses professeurs, elle s’est cependant vu proposer deux contrats sur l’académie de Bordeaux. « J’ai enseigné en sciences et technologies du management et de la gestion (STMG) dans deux lycées professionnels. »
Une nouvelle mutation de son conjoint l’a amenée à tourner une page. Depuis septembre, elle enseigne l’économie-gestion à des élèves de BTS métiers de l’esthétique, cosmétique, parfumerie (MECP) au lycée professionnel Europe de Reims. « J’en suis très contente, dit-elle. Ce qui plaît plus qu’autre chose, ce sont les relations que j’entretiens avec mes élèves, qu’il s’agisse aujourd’hui de mes BTS ou bien des caïds que j’avais auparavant. Disons que j’aime gérer certains côtés rebelles de l’adolescence. »
Confortée par ses années d’expérience, elle est particulièrement à l’aise avec ses élèves et ses confrères. Elle envisage de repasser le concours un jour. « Mais pas maintenant. Mon mari est fort pris par son travail et j’ai deux petits monstres à la maison. »
“On a l’esprit jeune, on veut que ça bouge et on enseigne peut-être d’une autre manière”
Étienne Coibion, 29 ans, est content lui aussi. « J’ai toujours eu envie d’être prof », déclare-t-il avec spontanéité.
Souhaitant « entrer rapidement dans le vif du sujet », il a arrêté ses études après l’obtention de deux BTS en 2013 et 2015 (assistant technique d’ingénieur et maintenance industrielle) pour devenir assistant d’éducation (AED). « J’ai beaucoup appris en six années. »
Il a enchaîné avec deux contrats, étant alors professeur de technologie dans deux collèges axonais. Enfin, depuis le 19 septembre, il enseigne en CAP conducteur d’installation de production (CIP) et bac pro métiers du pilotage et de la maintenance d’installations automatisées (MPMIA) au lycée professionnel Joliot-Curie d’Hirson.
Ses débuts ont été un peu rudes parce qu’il lui a fallu absorber le programme. « Heureusement, les vacances de la Toussaint ont fait tampon et m’ont permis de prendre de l’avance. » Pour lui, « c’est une vocation d’être prof et ce n’est pas parce qu’on n’a pas un niveau bac + 5 qu’on ne peut pas le faire. Il ne faut pas croire que le rectorat nous embauche comme ça ». Il conclut en faisant valoir « l’esprit jeune » des contractuels. « On veut que ça bouge et on enseigne peut-être d’une autre manière. »
Dans l’enseignement public, l’accès à un poste de professeur contractuel du 1er ou du 2nd degré est possible avec un diplôme de niveau bac + 3, voire un bac + 2 depuis le décret du 29 août 2016 et en cas de difficultés de recrutement.
Les candidatures sont à déposer sur la plateforme Acloe (Application de gestion des candidatures en ligne ouverte pour le recrutement des personnels de l’Éducation). Les dossiers sont examinés par des inspecteurs qui, en fonction des CV et lettres de motivation, proposent des entretiens de recrutement. Ils débouchent, quand ils s’avèrent concluants, sur la signature de contrats à temps plein ou à temps partiel de durées pouvant être fort différentes.
Il est, parmi les candidats, des personnes issues du monde du travail, souhaitant changer de voie et faisant valoir leur expérience. Il en est qui ont déjà acquis une expérience d’enseignement, dans d’autres établissements, académies ou écoles de formation. Il en est qui sortent du master Meef (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) mais n’ont pas été recrutés au moment du concours. Sans oublier « quelques candidatures assez fantaisistes ».
On compte, dans l’académie de Reims, 1 % de professeurs contractuels dans le 1er degré et 7 % de professeurs contractuels dans le 2n d degré (dont plus de 80 % comptaient déjà parmi les effectifs en 2021-2022).
Dans celle d’Amiens, il y a moins de 1 % de professeurs contractuels dans le 1er degré et un peu plus de 5 % dans le 2n d degré (dont près de 90 % étaient déjà dans les effectifs en 2021-2022).
© Rossel & Cie - 2023
Conditions générales d’utilisation - Conditions générales de vente - Politique de cookies - Politique de Protection Vie privée - Mention légales - Gérer les cookies