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« Oligarque », le nouveau roman d'Elena B. Morozov qui dépeint une Russie vérolée de l'intérieur – Le Journal du dimanche

LA VIE EN NOIR – Un demi-siècle de la vie d’un homme qui se confond avec l’Histoire de son pays. Oligarque tombe à pic. Somptueux, grandiose, sombre et violent, le thriller politico-financier de Elena B. Morozov se dévore. On est avide de comprendre ce peuple englué dans une guerre fratricide avec l’Ukraine. On ne pense qu’à une chose : au maître du Kremlin dont le héros du roman a l’intelligence de se tenir éloigné. Mais que s’imagine-t-il le pauvre ? La Russie est vérolée de l’intérieur. Et le pouvoir l’emporte toujours.
Tout commence à Perm, dans l’Oural. Par un deuil puis un crime. De l’un découlera l’autre. Une usine au temps du communisme, une direction corrompue, des ouvriers qui trinquent. Dans les deux sens du terme. Le jeune orphelin Grigori Yurdine, pur produit de la méritocratie soviétique, est sorti brillamment de l’Institut polytechnique. Il va rejoindre l’usine de son père adoptif mais il est sûr de gravir les échelons à vitesse grand V de la Permski Kabelny Zavod.

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Première déconvenue. Le poste auquel il aspire lui passe sous le nez. Mais Yurdine ne se décourage pas, il bûche les dossiers. Il a le goût des chiffres. De ceux qui s’alignent et ont un sens. Or, ce qu’il découvre n’en a pas. Rien ne colle. La suite est une classique prise de pouvoir basée sur un chantage facile auquel le directeur de l’usine ne peut rien. A part récupérer les dividendes juteux que lui accorde tout de même ce jeune Yurdine. Le roman prend alors son envol tout comme son personnage. Ce Russe à la personnalité mystérieuse, grand amateur d’échecs, ultra-protecteur de sa sœur Lena, cette dernière entichée d’un Français de l’Ambassade de France, pédant et imbus de sa personne. On commence par détester Yurdine puis peu à peu à on s’entiche du personnage, en mal de reconnaissance sociale. Comme tous les hommes de pouvoir hypra-intelligents, personne au fond ne sait qui il est véritablement et ce qui le motive. L’argent, le pouvoir, oui évidement mais pas que. Un gentleman né dans une nation brutale et sans manière et qui cherche de nouveaux habits. 

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On est en 1975 puis en 1992. Le communisme, c’est du passé, vive le capitalisme qui a pris les rênes de la nouvelle Russie. En réalité, la corruption a juste changé de mains. Et encore. En attendant, Yurdine a pleinement profité de la Russie post-soviétique à Moscou puis à Londres. Il a construit un groupe automobile et aéronautique doté de ses propres banques et compagnies d’assurances. Il est devenu le très respectable Grigori Piotrovich Yurdine, fondateur et actionnaire principal de Perama. Il a épousé Alexandra qui lui a ouvert un monde auquel il n’avait pu avoir accès jusqu’ici. Le couple a deux enfants. Il s’installe à Londres.

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Mais en a-t-il jamais assez le petit orphelin ? Non, bien sûr. Il veut aller plus haut avec la City en ligne de mire où il s’attaque en premier lieu à se démarquer. Parce qu’il n’est pas un de ces oligarques, il déteste même le son de ce mot, il n’a rien à voir avec Roman Abramovitch (et encore, pas sûr que ce soit le pire) et consorts, il goûte la discrétion, le pouvoir en coulisses. Un peu comme cette aristocratie anglaise compassée mais si sûre d’elle. Justement, la crise des subprimes en est à ses débuts, le monde de la finance vit un choc sismique qui rappelle la crise de 29. On dit que la Riverside Bank, une véritable institution en Angleterre, est au plus mal. S’en emparer, serait le graal, le sésame pour le petit Russe. Il se trouve que Lord Hurt Meriton possède la River depuis plusieurs générations mais la crise est là. De là à s’associer avec ce Yurdine, devenu un homme très riche, un de ces Russes que les élites occidentales, en particulier anglaise, fréquentent à minima, et encore, en se bouchant le nez ? Parce que Russe n’est-il pas un pléonasme d’argent sale ? Mais il va bien falloir aller chercher de l’argent frais. Lors Meriton est un grand amateur d’échecs…
La nouvelle Russie est un cauchemar. Celui de Elena B. Morozov qui est un pseudonyme, est incarné par ce petit provincial un peu nouveau riche qui grimpe dans l’échelle sociale grâce au libéralisme débridé désormais pratiqué dans un pays où il n’y a pas encore si longtemps, le communisme devait libérer l’individu. Vladimir Poutine est une figure lointaine. Il est peu cité mais il n’est jamais loin. Ou plutôt le système quasi mafieux en vigueur rappelle sans cesse aux Russes qu’ils ne sont rien sans lui. Le roman de Elena B. Morozov est un tour de force exquis et délicatement féroce, orchestré comme une partie d’échecs où le sacrifice final arrive comme la punition de Dieu.

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Oligarque de Elena B. Morozov, Editions Grasset, 528 pages, 23 euros.
LA VIE EN NOIR – Un demi-siècle de la vie d’un homme qui se confond avec l’Histoire de son pays. Oligarque tombe à pic. Somptueux, grandiose, sombre et violent, le thriller politico-financier de Elena B. Morozov se dévore. On est avide de comprendre ce peuple englué dans une guerre fratricide avec l’Ukraine. On ne pense qu’à une chose : au maître du Kremlin dont le héros du roman a l’intelligence de se tenir éloigné. Mais que s’imagine-t-il le pauvre ? La Russie est vérolée de l’intérieur. Et le pouvoir l’emporte toujours.
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