Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Numérique, médiatique, intime… Les nouveaux codes du sourire – madame.lefigaro.fr

Rubriques et services du Figaro

Rubriques et services du Figaro
Nos journaux et magazines
Les sites du Groupe Figaro
Dissimulé pendant la pandémie, il se démasque et se déchaîne. Intime, digital, médiatique…, le sourire fait passer le message d’un optimisme à toute épreuve. Décryptage.
Il a fallu deux années marquées par sa privation pour que l’on prenne conscience collectivement de l’importance du sourire dans nos vies. «Susciter la naissance d’un vrai sourire sur les lèvres de quelqu’un qui vous fait face, c’est le portail qui s’ouvre», soulignait d’une formule l’écrivain Christian Bobin lors d’un entretien à France Culture. Sur la quarantaine de muscles que compte le visage pour exprimer des émotions, dix-sept sont actionnés lorsque nous sourions.
À lire aussiComment notre sourire évolue avec l’âge
C’est un élément de langage, une ouverture à l’autre, une forme de reconnaissance dont nous avons pu mesurer toute l’importance dans le contexte de crise qui a marqué la période récente. «On est payé par un sourire», écrivait aussi Antoine de Saint-Exupéry. A contrario, privés de cette rétribution par le port du masque et la dissimulation de la bouche, nous avons ressenti une immédiate crispation des relations sociales. Interpréter les gestes et les intentions était devenu plus difficile, provoquant d’inévitables et quotidiennes incompréhensions.
«Le sourire était la voie majeure de contact avec l’autre. Il nous a fallu réinventer les rituels de l’interaction entre les individus, conjurer cette absence de visage, précise l’anthropologue David Le Breton qui lui a consacré l’étude Sourire. Une anthropologie de l’énigmatique (1) et explique comment nous nous sommes débrouillés sans lui. Souvent, la parole a pris le relais, on a continué à sourire à travers la voix, on se rassurait avec des formules : “Ne t’en fais pas, ça va aller.” Nous avons mobilisé tout le reste du corps, les poings que l’on entrechoquait, les coudes, la tête que l’on baissait pour marquer une certaine gêne.» Et maintenant que nous avons retiré les masques ? «Nous avons retrouvé le visage avec jubilation. Dans nos interactions, rien n’a changé de ce rituel ancré en nous depuis l’enfance.»
Dès les premières années, en effet, nous apprenons la polysémie du sourire. Ce que l’anthropologue décrit comme les «mille formes du sourire». Tour à tour bienveillante, carnassière, tendre, cette expression est le miroir de notre moi social. Les sourires, vecteurs de nos émotions, s’affichent davantage dans le contexte tumultueux, agité, instable d’intranquillité du monde. Ils répondent au rire gras, aussi d’époque, et viennent le tempérer. «Internet, avant tout, c’est de la bile», écrit ainsi Rebecca, personnage du livre Cher Connard, de Virginie Despentes avant de s’ouvrir, au fil des échanges par mail avec les autres protagonistes, à la toute fin de l’ouvrage, à une forme de réconciliation générale.
«Passeport» , «adoucisseur», comme le définit également David Le Breton, le sourire est devenu incontournable sur les réseaux sociaux. Sur l’application BeReal, une petite mention vous invite à sourire franchement avant de vous prendre en photo. Téléphone vissé à la main, Martin, 16 ans, fait alterner sourires et éclats de rire lorsqu’il swipe sur TikTok. Aux selfies figés répondent aujourd’hui les vidéos souriantes.
Le sourire du monde réel s’invite aussi dans les correspondances numériques à travers les émojis qui ponctuent nombre de nos messages. Et ces pictogrammes sont devenus transgénérationnels. Les enfants ont passé le virus aux parents et même aux grands-parents, qui en usent et en abusent. Il y a une quinzaine d’années, les smileys sont sortis du monde numérique pour s’inviter dans l’univers de la mode. La marque Call It By Your Name décline ainsi cette saison ces petites pastilles jaunes sur des sacs en tissu bandana colorés, on en trouve également dans l’univers du bijou, sous forme de médailles notamment. Le monde du lifestyle et des tendances a érigé le sourire en viatique. Des ados sont tentés par le blanchiment des dents pour un sourire Ultra Brite, des bijoux fleurissent sur les incisives des rappeurs et de leurs fans…
Du sourire né au plus profond, on a glissé à un sourire de civilité, dessiné pour la sphère publique, qui renoue avec celui des manuels de courtoisie du XVIIe siècle. Au décès de la reine Elizabeth II, après soixante-dix ans de règne, partout était évoqué ce sourire qu’elle arborait en permanence, symbole de constance mais aussi de retenue. Au grand jeu de l’émotion en politique, Emmanuel Macron serait un président du sourire, là où Jacques Chirac s’avancerait davantage en président du rire. En quelques années, le code a changé. Alors que, pendant des décennies, les présentateurs télé affichaient un air grave, de circonstance à l’annonce de mauvaises nouvelles, ils arborent désormais ce sourire de civilité qui parfois agace et qui a donné à David Le Breton l’idée du néologisme «plaisantateurs».
Le phénomène va même jusqu’à modifier le rapport à l’information. Sur les réseaux ont fleuri de nouveaux médias qui drainent des milliers de lecteurs.
Ils s’appellent @lemedia.positif, @positivR, @smile_infos. Si le «journalisme de solutions» a émergé dans les années 2010, le contexte de la crise sanitaire l’a développé. Le compte Instagram @Smile_infos a ainsi été lancé par trois étudiants de l’Edhec et leur professeur il y a deux ans. «Smile est né au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du deuxième confinement, en novembre 2020, explique Fabrice Poisblaud, ancien journaliste et intervenant à la grande école de commerce parisienne. Le projet est parti d’une volonté des étudiants de réagir au décompte macabre que faisait chaque soir le préfet de police de Paris, égrenant les chiffres des décès et des contaminations. Lorsque les cours ont repris en présentiel, nous étions masqués, et j’ai noté un changement dans le comportement des étudiants, une vraie difficulté à communiquer.» Pierre-Loup, étudiant de 22 ans, fait partie du trio de fondateurs : «Je ne pouvais plus entendre les mots “masque”, “attestation”, “contamination”. On voulait montrer aux gens qu’il se passait aussi des choses positives dans le monde.» Pour susciter le sourire, deux heures par jour de fouille de l’info sont nécessaires à l’enseignant, qui continue à faire tourner le compte aux 11 700 abonnés. «J’ai 335 signes pour raconter une histoire qui fera sourire les lecteurs. Là, j’ai fait un post sur l’arrivée des Télétubbies sur Netflix. Sur Smile, vous ne trouverez rien sur le décès ou les funérailles de la reine d’Angleterre.»
Pour percer les mystères du sourire, il convient d’en décrypter les ressorts, d’en interroger en permanence le sens. L’association trop immédiate entre sourire et acquiescement, sourire et positif, doit être remise en cause. «Je ne crois pas à la distinction entre le positif et le négatif. Il y a des sourires authentiques et profonds, et d’autres forcés et manipulateurs, précise Fabrice Midal, philosophe et écrivain, auteur de La Méthode Foutez-vous la paix ! (2). Le sourire authentique, c’est justement ce qui vient faire effraction, ce qui ouvre un espace hors du discours habituel, et c’est pourquoi il est si précieux, réconfortant, et nous rend heureux.»
(1) Sourire. Une anthropologie de l’énigmatique, de David Le Breton, Éditions Métailié, 2022, 224 p., 22 €.
(2) La Méthode Foutez-vous la paix !, de Fabrice Midal, Éditions Flammarion, 2022, 192 p., 16,90 €.
Il n’y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !
La ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, a répondu à nos questions, en marge d’une prise de parole au Planning familial. Elle rappelle la menace qui plane sur le droit à l’IVG et son espoir de le voir inscrit dans la Constitution.
Déclenché par la mort de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs, le soulèvement en Iran s’est transformé en un mouvement inédit, sous l’impulsion des femmes. Azadeh Kian, professeure de sociologie à l’université Paris Cité, éclaire sur les racines d’une colère profonde, enracinée depuis des années.
À quelques semaines du début de la compétition de football, qui se tient du 20 novembre au 18 décembre, le Qatar a rappelé aux supporters les conditions du pays.
À tout moment, vous pouvez modifier vos choix via le bouton “paramétrer les cookies” en bas de page.
Numérique, médiatique, intime… Les nouveaux codes du sourire
Partager via :
Commentez
0
Madame Figaro
Les articles et recettes en illimité 0,99€ le premier mois sans engagement

source

https://seo-consult.fr/page/communiquer-en-exprimant-ses-besoins-et-en-controlant-ses-emotions

A propos de l'auteur

Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE