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L’année 2023, la deuxième de la Transition en cours, sera cruciale pour l’avenir du BURKINA FASO. Outre les progrès espérés en termes de reconquête du territoire national, les autorités en place sont attendues sur le terrain des autres priorités. Lesquelles sont nombreuses et variées. Tout le monde admet que le MPSR 2 ne devrait pas et ne pourrait pas les assumer toutes en une vingtaine de mois.
Il paraît plus difficile de s’accorder sur leur classement en termes d’importance, d’urgence ou de compétence politique s’agissant d’un régime d’exception. Comment trouver en effet, dans un contexte de restriction des activités des partis et formations politiques, un mécanisme consensuel ou tout au moins concerté d’arbitrage entre les tendances conservatrices, réformistes, révolutionnaires ou extrémistes qui s’en dégageront ?
C’est dire que le chemin d’un dialogue global inclusif pour une nation réunifiée, rassemblée sous son identité d’intégrité, réconciliée et solidaire dans sa marche vers la prospérité, reste à tracer. Cela ne devrait pas empêcher les citoyens d’apporter le meilleur d’eux-mêmes comme contributions à la réflexion collective pour repenser la société et refonder les institutions publiques. Cela requiert de rénover le droit en faveur du peuple et de réarmer moralement ses composantes pour gagner la guerre de l’émergence économique et du rayonnement culturel. Cet essai en prend le risque en se fondant sur les déclarations des premiers responsables.
Des différentes interventions publiques du président Ibrahim TRAORE se dégage une claire conscience de l’état désintégré de la Nation, résultat des actes de démission et de compromission des élites militaires et civiles en charge du pouvoir durant des décennies, d’où :
son appel déchirant à la révolte immédiate contre nos turpitudes de faux burkinabè,
son appel émouvant à la solidarité compatissante et désintéressée envers les moins nantis,
son appel solennel à l’introspection individuelle et à l’autocritique constructive des composantes de la société.
Et cette mise en garde : « Toute cette bamboula peut cesser du jour au lendemain » dans nos cités baignant dans l’insouciance. « Si on ne change pas de manière d’être, ne croyez pas que nous serons là encore dans ces salles climatisées à nous regarder ; d’autres ne peuvent pas être là à souffrir pendant que d’autres sont dans un luxe insultant », même si « c’est la démocratie, c’est le droit ! » Le langage est sans équivoque. Qu’en déduire ?
Commander par l’exemplarité au sommet de l’Etat
Mon vœu utopique en écho de ses appels est qu’en tant que chef suprême des armées d’une part, et premier magistrat de la Nation d’autre part, le président de la Transition donne l’exemple et le ton du retour à l’intégrité au sein de ces deux colonnes de la république et institutions garantes de l’unité nationale et de la paix sociale.
Il pourrait instituer la célébration annuelle d’un « Forum de l’intégrité » et l’inaugurer sur le mode de la déclaration publique de biens de Thomas SANKARA devant l’éphémère « Commission du Peuple chargée de la prévention contre la corruption ». Sur ses pas, tous les présidents d’institutions, tous les membres du gouvernement et de l’ALT, toute la hiérarchie des FDS puis celle de la magistrature en prendront le relais systématique, en remontant dans le temps jusqu’à la naissance de la IVè République.
A cet effet, des jurys spécifiques à mettre en place dans certains chefs-lieux de région militaire ou administrative seront constitués par appel à candidatures aux anciens fonctionnaires internationaux et entrepreneurs indépendants de la diaspora et sur la base du volontariat.
Les membres seront investis conjointement par l’ASCE/LC, la Cour des Comptes et le REN/LAC et veilleront à ce que chaque déclarant s’engage explicitement en ces termes : « … je vais vous communiquer lecture de mes biens, assuré que vous ferez mener des enquêtes, toutes les enquêtes ici et partout, pour vérifier la véracité, assuré surtout que les citoyens et les amis du Burkina, partout où ils se trouvent, ici ou ailleurs, aideront la vérité à se manifester, si par hasard, je venais à oublier un bien, si volontairement je venais à tenter de me soustraire à cette obligation de dire la vérité, toute la vérité. Je m’engage dans le même élan à exercer mes charges actuelles avec intégrité citoyenne, dévouement au peuple et compétence professionnelle… »
Pour encourager les acteurs à coopérer avec franchise, les jurys leur expliqueront la philosophie du « plaidoyer de culpabilité » proposée par le Collège de sages et consistant à prévoir les dispositions pour faciliter la manifestation de la vérité et pour réduire automatiquement les peines éventuelles de tous ceux qui choisiront de passer aux aveux sincères et de plaider coupable, avant de rappeler les sanctions encourues en cas de fausse déclaration, tentative de fraude ou parjure.
Des mécanismes s’en inspirant seront établis au sein des juridictions judiciaires pour recevoir par la suite les déclarations publiques de biens des autorités administratives déjà visées par cette obligation ainsi que des gestionnaires des institutions publiques, départements ministériels, programmes sectoriels, projets divers ayant bénéficié d’un financement du contribuable.
Puisque le poisson pourrit par la tête, que la tête soit aussi le centre d’impulsion de l’énergie vitale pour irriguer tout le corps social du sang de l’intégrité. Telle était la pédagogie de l’exemplarité conçue par le Collège de sages dans sa vision de la « Journée nationale du pardon » pour démontrer la puissance de l’aveu dans la démarche de réconciliation. Son organisation fut confiée à des hommes liges du Grand Mogo Puissant et Impénitent du moment, qui l’ont aussitôt viciée par l’hypocrisie et vouée dans l’impunité à une cruelle désillusion !
A l’issue de cette cascade de « fora de l’intégrité » à démultiplier jusqu’à la base :
Les hommes de tenue seront invités à se doter d’un code d’honneur conforme à la vocation et aux valeurs de la Patrie des hommes intègres et à s’imposer comme souveraine discipline républicaine le respect du principe « Cedant arma togae », « Que les armes le cèdent à la toge ».
Un comité des trois officiers les plus anciens dans les trois grades les plus élevés devra s’autosaisir des dossiers des trois anciens chefs d’Etat et de l’unique général de gendarmerie de notre histoire qui se sont exilés lâchement à l’étranger pour échapper à la justice de leur patrie d’origine. Par contre, le dernier président civil, contraint à démissionner, a, pour sa part, décliné les offres d’hospitalité de régimes alliés, et résisté à la tentation de l’exil volontaire au terme de son séjour à l’étranger pour des soins médicaux dûment autorisés.
Comment laver le discrédit ainsi jeté sur toute l’armée et l’opprobre dont ils ont couvert nos Ordres nationaux ? Qu’ils en conservent jusqu’à ce jour la dignité de Grand Croix est un scandale pour qui sait qu’un pays étranger n’a pas craint de déchoir l’un d’entre eux du titre de « docteur honoris causa », ni de radier de sa légion d’honneur un autre officier, lui aussi éphémère ancien chef de l’Etat. Comment faire que plus jamais un homme de tenue burkinabè digne de ce titre ne se risque impunément à de telles avanies au peuple ?
Ayant comme la femme de César le devoir d’être au-dessus de tout soupçon, puissent les hommes de loi cesser d’eux-mêmes et se garder en terre burkinabè de se mettre au-dessus d’elle. Ils démontreront ainsi leur aptitude à administrer la justice en toute indépendance, impartialité, équité et sans esprit de corporatisme, comme prescrit par le « Pacte national pour le renouveau de la justice » adopté sous la première Transition en 2015.
Puissent leurs organisations syndicales travailler en synergie pour supprimer le décalage entre les réalités socio-culturelles burkinabè et le droit positif d’une part, et consommer la rupture d’avec les pratiques inégalitaires du passé d’autre part. En venant à bout de l’impunité et de la corruption en leur sein et dans tout le pays des hommes intègres, les hommes de loi jouiront de la reconnaissance et de la pleine confiance du peuple en la justice de son pays, et à la honte de tous ses anciens dirigeants refugiés à l’étranger pour y échapper !
Oser gouverner dans la rupture
Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Apollinaire KYELEM de TAMBELA a posé son diagnostic en ces termes : « Car, si le vivre ensemble est aujourd’hui mis à mal, c’est aussi parce que, culturellement et spirituellement, la société a failli quelque part. »
Et pour preuve : « La délinquance juvénile dans les cités a pris de l’ampleur ces dernières années. Paraître irrespectueux, est devenu la norme dans certains milieux. De tels comportements, s’ils ne sont pas jugulés, peuvent finir par nourrir le grand banditisme et le terrorisme, car ils favorisent les infractions aux normes sociales. »
La thérapie à prescrire selon lui : « Il nous faut accepter d’engager une transformation de nos mentalités. »
Mon vœu utopique à l’endroit du gouvernement du MPSR 2 est de prospecter dans quels domaines il faudrait renoncer à doter des minorités de champagne pour procurer plus d’eau potable à l’ensemble du peuple. Quelques suggestions de pistes.
A) Réformer l’école ou se suicider collectivement.
Tel est le dilemme à assumer ! Affronter le défi de la fermeture massive des écoles dans les zones insécurisées en le transformant en opportunité pour décréter la suspension générale des activités scolaires, comme au plus fort de la crise du corona virus 19. Renoncer au prix à payer pour permettre de parvenir à un consensus national sur l’opérationnalisation des grandes décisions des « Assises nationales sur l’éducation » de novembre 2021. Il faut dire que le président du CNR avait envisagé une mesure semblable après avoir lancé son « Appel de Gaoua » en 1986, pour s’assurer que chacun puisse « comprendre que sans un sursaut de rectification nous courons à notre ruine, car si l’école ne produit pas la vraie société burkinabè, elle produira la société des hommes non dignes, non intègres. »
Les résistances opposées à l’époque par certains membres du gouvernement, par peur d’un rejet populaire, l’ayant contraint à y renoncer, nous sommes aujourd’hui tous témoins de ce qu’il en est advenu : « Un mal ravage notre jeunesse scolarisée, et un grand malheur s’abattra sur notre peuple si nous n’engagions le juste combat pour conjurer ce sort que ne mérite pas notre Révolution. Adopter une attitude d’indifférence serait œuvrer, et ce de façon active, au sabotage de l’avenir, à l’assassinat, à l’holocauste même de nos enfants sans défense. Face à notre culpabilité silencieuse leur innocence clamera demain notre oppression ; nos penchants égoïstes étoufferont en eux tout germe de solidarité. » (Thomas SANKARA)
Témoins et responsables aujourd’hui, responsables et coupables demain si nous persévérons dans notre immobilisme collectif. Quelles avancées depuis la tenue de ces assises témoignent de la volonté politique de la présente génération à administrer les bons remèdes, car : « C’est au prix d’une violence sur nos mauvaises habitudes et nos pratiques irresponsables, mais aussi d’une victoire sur nous-mêmes que nous remplirons notre mission historique de préparer une relève sûre et de former selon la morale et l’éthique révolutionnaire les bâtisseurs du Burkina Faso de demain. » ?
(Thomas SANKARA)
Les parents davantage soucieux aujourd’hui de s’assurer une postérité à élever, se doivent de redevenir les vrais premiers éducateurs de leurs enfants au lieu d’en donner procuration à l’école, à la rue, à la télévision ou aux réseaux sociaux. L’accès au statut de parent dans notre nation n’exige aucune éducation formelle préalable, aucun diplôme, aucune obligation de formation permanente ni de recyclage.
Comment rénover la société sans s’accorder sur la réalité et le futur souhaitable de sa cellule de base qu’est la famille ? Les autorités administratives, coutumières et religieuses ont là un chantier de réforme à investir. Si rien ne se fait, quel héritage culturel, éthique ou spirituel les parents peuvent-ils bonifier avant de le transmettre aux générations montantes ?
Les acteurs du monde scolaire s’honoreraient d’être valorisés comme des enseignants/formateurs consciencieux plutôt que sollicités comme des bourreurs de crânes, contraints de courir tous azimuts en quête de vacations pour compléter le budget familial rarement suffisant. Or, leur formation professionnelle globale est la clé de la réussite de toute réforme en ce secteur. Leur octroyer une « année sabbatique » collective peut être l’occasion à saisir par chacun pour une bonne remise en perspective.
Plutôt que d’en faire une question de diplômes à obtenir, chacun avec l’accompagnement de ses encadreurs et les conseils de ses camarades de lutte corporatiste ferait un bilan individuel de compétences au présent, pour ensuite se projeter dans le futur. Et pour ceux qui reconnaîtraient l’appel à continuer comme enseignant éducateur, rechercher les structures d’appui adéquates en vue de renforcer leurs capacités professionnelles et leurs compétences en relations sociales, et ainsi offrir chacun le meilleur de lui-même comme bâtisseur de la patrie !
Il s’agit de perfectionner des dispositions personnelles et des aptitudes morales et intellectuelles à faire des enfants d’aujourd’hui des adultes responsables, aptes à gérer leur avenir au bénéfice de la cité, car « N’oublions jamais que la prétention plus ou moins justifiée que nous affichons d’avoir été bien formés tient à la droiture, à l’abnégation, au goût du travail bien fait de certains maîtres dont nous nous souvenons, plus qu’au syllabaire ou à l’histoire de « nos ancêtres les Gaulois » que nous apprenions par cœur. » (Thomas SANKARA)
Comment occuper les élèves et étudiants durant cette période pour ne pas en faire une année creuse ? Il reviendra aux collectivités décentralisées détentrices des compétences transférées et aux fondateurs, propriétaires, gestionnaires des infrastructures de se concerter, avec l’appui des associations de parents d’élèves, pour stimuler l’éducation à l’hygiène et à la santé en milieu scolaire, proposer l’utilisation optimale des infrastructures à la promotion des activités pratiques, manuelles, productives et artistiques au profit du public d’apprenants potentiels le plus diversifié possible, enfants comme adultes. L’institution école est un bien commun, qu’il faut destiner à promouvoir le civisme chez tous, à former des citoyens mutuellement solidaires, à vaincre l’illettrisme au sein des couches populaires pour leur pleine responsabilisation dans la gestion des affaires publiques.
Les performances remarquables des enseignants burkinabè du supérieur aux concours du CAMES leur commandent de trouver une stratégie efficace pour normaliser les cursus académiques en dysfonctionnement depuis une vingtaine d’années. En retour, nos grands opérateurs pourront être motivés par l’Etat à financer l’ensemble du système pour en améliorer l’image.
C’est une question d’honneur national du fait que le siège du CAMES est à Ouagadougou, Le collège des présidents d’université soutenus par leurs prédécesseurs et collaborateurs dans les UFR se donnerait pour défi de mettre au point un plan de « soutenances commando » impliquant l’ensemble du corps professoral universitaire burkinabè de l’intérieur et de la diaspora, si disponible au moindre coût. Concentrant toute son attention au bénéfice des étudiants dont les soutenances de mémoires et de thèses sont en souffrance, ce plan leur assurerait des suivis rapprochés et stimulerait la production parallèle de programmes en ligne à l’intention des promotions les plus en retard dans leur progression académique.
Toutes les autres promotions seront libérées momentanément puis convoquées graduellement en fonction des reprogrammations au sein des différentes filières de manière à résorber définitivement les chevauchements d’années. Les étudiants non programmés pourront se signaler comme volontaires pour encadrer leurs cadets du niveau secondaire dans l’éducation à l’utilisation prudente des TIC et des réseaux sociaux, s’engager pour le SND, s’impliquer sur des chantiers de développement local, ou toute autre activité d’intérêt collectif pour y exercer leurs aptitudes physiques aux métiers manuels. Ces engagements volontaires leur permettront d’éprouver et de développer l’esprit de solidarité entre classes d’âge.
Les services du ministère et des collectivités décentralisées s’emploieront à actualiser les cartes scolaires à tous les niveaux, à contrôler la conformité du cadre de travail et des équipements dans chaque établissement public comme privé aux normes en vigueur, à organiser le déploiement des ressources humaines et pédagogiques sur des bases de plus grande équité sur l’ensemble du territoire national réunifié et sécurisé, à doter, avec leurs concours, les personnels d’encadrement de moyens d’action très efficients au niveau déconcentré.
L’Etat émanant de nous tous, les divers syndicats, corps professionnels et associations (APE, AME) seront invités à contribuer dans un esprit patriotique à la recherche participative de solutions adéquates et performantes. Le constat d’échec actuel engage notre responsabilité à tous : nous prétendons vouloir bien du changement, mais, pour des raisons diverses, nous nous braquons face au prix à payer pour qu’il advienne.
Que les conditions de la réussite future nous interpellent donc tous à la coopération spontanée, plutôt qu’à la compétition corporatiste, au dépassement des antagonismes observés à l’occasion des assises entre le gouvernement, son opposition politique et l’ensemble des syndicats du secteur de l’éducation affiliés à la CGT-B, qui optèrent de les boycotter, donnant raison à SIDZABDA qui, dans la publication du Journal Le Pays du 22 novembre 2021, en avait conclu :
« En réalité, les Burkinabè ont toujours rechigné à se poser les vraies questions quand il s’agit de réformer l’école. C’est pourquoi, depuis l’indépendance du pays en 1960, on ne compte plus le nombre de réformes que le système éducatif a connues. Et toutes ont toujours accouché de souris. Ces assises nationales-ci connaîtront-elles le même sort ? L’avenir nous le dira. »
B) Militariser le site de Donsin
La suspension annoncée des conventions régissant l’aéroport de Donsin peut être l’opportunité à saisir pour reconvertir ce colossal projet commercial et touristique en nouveau dessein national à vocation sécuritaire et humanitaire, et lui conférer une portée sous régionale. Le site deviendrait l’équivalent burkinabè du Pentagone, accueillant la relocalisation des états-majors, de la base aérienne et de certains camps et casernes militaires du centre-ville de Ouagadougou. Leur nombre et leurs emplacements actuels en font des zones à risques troublant la quiétude des populations civiles de la capitale lors des crises du pouvoir.
Par ailleurs, leur capacité limitée d’hébergement obligeant les familles de militaires à se disséminer dans les quartiers périphériques affecte par moments la paisible cohabitation avec les populations civiles et le bien vivre ensemble. Le site pourrait accueillir l’implantation d’une école de l’armée de l’air, et en raison de la position stratégique centrale du pays, servir de base à un corps sous régional de défense aérienne dans le cadre de l’initiative d’Accra.
Le défi de la crise des déplacements internes de populations qui a ébranlé le Burkina lui offre l’opportunité d’asseoir et de développer son expertise en matière d’action humanitaire, d’autant mieux que l’Union Africaine lui a confié précisément la gestion de ces questions à travers l’élection de notre compatriote Minata SAMATE/CESSOUMA comme Commissaire Santé, Affaires humanitaires et Développement social à Addis Abeba.
Les autorités pourraient dès lors faire valoir son atout de pays au cœur de l’Afrique de l’Ouest, abritant le siège de CILSS et de la Fondation Jean Paul II pour le Sahel, pour requérir un accompagnement spécifique en vue de déployer sur le site sécurisé de Donsin une plateforme multipartite (gouvernement-UA-ONU-ONGs) d’opérations humanitaires pour l’Afrique de l’ouest.
C) Dissoudre le concept « PMK » dans les régions militaires
Le maintien du Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) sis à Kamboinsin dans sa position actuelle de pépinière militaire de luxe à caractère élitiste (un demi-millier de pensionnaires) est injustifiable dans un contexte de misère matérielle et morale pour plus de 170.000 élèves privés d’accès au secondaire pour des raisons sécuritaires. Il faut rappeler que cet établissement avait été fermé sous le CNR. Dans l’ignorance des motifs y ayant conduit, comme de ceux de sa réouverture, cette suggestion est purement de bon sens face à la nécessité d’une mobilisation générale pour venir à bout du terrorisme, et au souci légitime de plus de justice sociale dans le droit d’accès à l’éducation.
Qu’il lui soit substitué dans toutes les régions militaires du pays des programmes courts de formations itinérantes au civisme, au secourisme et à la police de proximité pour les vagues de futurs producteurs en fin de cycle d’enseignement fondamental. Des méthodes plus démocratiques de sélection devront être conçues à l’intention des candidats à l’examen de préparation militaire élémentaire et supérieure.
Elles prendront ainsi le relais du PMK comme vivier naturel du recrutement d’élèves sous-officiers et d’élèves officiers d’active, sans remettre en cause le projet d’université militaire dont la nécessité pour les forces armées nationales a été affirmée à l’occasion de la célébration des 70 ans d’existence du PMK le 15 mars 2021. Les Burkinabè devraient alors renoncer au spectacle des parades impeccables des élèves du PMK lors des célébrations du 11 décembre ! Ce n’est pas gagné d’avance.
Oser légiférer pour l’intérêt général
Les députés de l’ALT 2 se sont pliés au rituel de leurs prédécesseurs auprès des autorités coutumières et religieuses pour recueillir leurs bénédictions et conseils afin de pouvoir « légiférer autrement ». A ceux qui veulent impacter l’avenir de la Nation en inscrivant dans le marbre des décisions fortes, il pourrait être tout aussi utile d’exploiter les archives de l’institution pour réactiver ou au contraire abroger certaines lois au regard de leur pertinence ou de leur non-conformité avec l’intérêt général, et ce en référence à la situation cruciale que vit la Nation.
Les dépenses de fonctionnement se font de plus en plus écrasantes dans le budget national. Quelles contreparties apportent aujourd’hui à la Nation à genoux en matière financière, les centaines de cadres civils et militaires écartés des affaires et mis au chômage technique sans raisons ? Beaucoup se tournent les pouces depuis des années faute de nouvelle affectation après un changement dans le gouvernement ou dans la chaine de commandement ; d’autres pantouflent à des postes de chargés de mission sans contenu. Cette situation n’interpelle pas ceux qui ont mission de consentir l’impôt et de contrôler l’action du gouvernement. Personne ne se soucie de la comprendre : à qui la faute ?
A l’Etat qui, en tant qu’employeur, se révèle incapable de remettre au travail avec autorité des compétences chèrement formées, alors que le brave agent de province absent de son poste est vite sommé par des communiqués sur les ondes de le rejoindre sous peine de sanctions. Aux citoyens concernés, pour leur indolence à exiger l’application du contrat qui les lie au service du peuple sur la base d’un salaire contre un travail, ou pour leur complaisance à en jouir impunément. Que dire des privilèges abusifs comme les six mois de sinécure reconnus aux anciens ministres. Quel gouvernement se montrera assez désintéressé pour y mettre fin ?
Devant un tel égoïsme, et cette inaptitude du système à s’auto réguler pour une gouvernance plus rigoureuse, la réponse ultime appartient aux membres de l’ALT, dont les 21 personnalités désignées par le Président de la Transition et les 16 autres représentants des FDS constituent la majorité absolue. Elles détiennent là une arme puissante, quoique dispensées d’aller physiquement au front !
Elles pourraient en ouvrir un autre virtuel, en initiant des enquêtes parlementaires partout où il la situation l’exige, dans le cas présent pour minimiser les déperditions des ressources de l’Etat. A elles de choisir entre la forfaiture et l’amour de la patrie. Dans l’intérêt de qui entendent-elles exercer leur mandat ? Se sentent-elles pleinement libres dans leur âme et conscience d’agir dans tel ou tel autre sens, en raison de leur juste compréhension du devoir d’ingratitude ?
De même que le gouvernement a abrogé le décret portant révision des salaires des ministres, qu’est-ce qui empêche la relecture de la loi N°031- 2016/AN autorisant l’apurement administratif de comptes de gestion de l’Etat, des établissements publics de l’Etat et des collectivités territoriales en date du 27 octobre 2016 ? Quels furent les motifs de son adoption ? Quels préjudices a-t-elle fait subir à l’Etat et au peuple ? Est-il légitime de la cautionner dans un contexte de restauration des règles et pratiques de gouvernance vertueuse ? Quelles autres dispositions pour accélérer l’instruction des dossiers et l’exécution des décisions de justice s’impose-t-il de prévoir ?
En matière de refondation de l’Etat, pourquoi ne pas interpeller le secrétariat général du gouvernement à initier un processus de consultations multidirectionnelles d’institutions compétentes comme le Conseil économique et social, le Médiateur du Faso, le Conseil d’Etat, de partis et formations politiques, de partenaires sociaux et d’organisations de la société civile, des universités et des institutions de recherche et de formation, concurremment, en vue d’aboutir à l’équivalent du « Pacte national pour le renouveau de la justice » en matière d’organisation administrative ? L’architecture type du gouvernement et la stabilisation des organigrammes, la structure d’un cabinet de ministre et la liste des postes à pouvoir discrétionnaire, la déontologie du travail pour chaque secteur et la définition des règles et méthodes de gouvernance pourraient faire l’objet de recherches et de normalisation consensuelle à la lumière de leurs contributions.
Cela mettrait un terme aux perpétuels changements comme pour l’intitulé du ministère chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale confié à Zéphirin DIABRE en décembre 2021, et devenu ministère chargé de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale avec Yéro BOLY en mars 2022, avant de se fondre dans un autre département ministériel en Octobre 2022. Combien cela a-t-il coûté au contribuable pour modifier autant de fois les entêtes et les cachets ?
De deux postes de conseillers spéciaux sous Blaise COMPAORE, leur nombre pléthorique était d’une quinzaine à la fin de la présidence de Roch KABORE, sans compter les divers autres conseillers techniques et chargés de mission qu’il écoutait à peine. Un peu plus de discipline à tous les niveaux s’impose dans ce contexte de rareté des ressources publiques, et tous les patriotes qui en seront témoins rivaliseront d’ardeur et d’enthousiasme à bâtir la société réelle des citoyens intègres, travailleurs et solidaires que nos aïeux voltaïques appelaient de leurs vœux.
Quand bien même le Président de la Transition pourrait commander par l’exemplarité, l’exécutif voudrait gouverner dans la rupture, l’ALT consentirait à légiférer pour l’intérêt général, l’incertitude planerait quant à la volonté des populations à les croire, et à les suivre dans cette aventure d’oser inventer le futur !
Le défi de l’adhésion populaire.
Il est loisible, en effet, d’être utopiste, mais il serait nuisible d’être hypocrite. Comment discerner aujourd’hui entre la voix du peuple et celle de la rue ? Avec qui faut-il gouverner ? Le poids excessif et le rôle incontrôlable des réseaux sociaux dans la formation de l’opinion publique sont une source de confusion et d’incertitude.
Après la récusation des deux ministres contestés lors de la formation du premier gouvernement MPSR2, personne n’a veillé à ce que toute la lumière soit faite sur les accusations portées contre eux. Aucune autorité n’a sommé leurs auteurs de porter plainte auprès des instances judiciaires compétentes comme ils le devraient. Une telle fermeté aurait donné un message clair de mise en garde aux fossoyeurs de l’ordre public et aux lanceurs d’alerte sur tout comportement susceptible de porter atteinte à l’autorité de l’Etat.
A moins que des compromis aient été trouvés dans les coulisses. Dans une société où générations montantes s’impatientent et s’égarent, et ou générations déclinantes s’accrochent et se dérobent, les rassembler sous l’arbre à palabre ne fait certes pas labourer le champ, mais permet de prévenir des malentendus, de dissiper des incompréhensions, de s’accorder sur des perspectives.
Telle pourrait être la mission commune des hommes de culture, d’éthique, de presse et de religion, s’ils acceptaient volontairement de se vouer en leaders d’opinion humbles, désintéressés, déterminés et responsables au réarmement moral, culturel et spirituel de leurs concitoyens en détresse.
Ils chercheraient collégialement comment interpeller leurs publics, adeptes, auditoires et fidèles respectifs à l’introspection individuelle et collective, à l’autocritique sans complaisance, à la repentance sincère en vue de la renaissance culturelle et spirituelle en nation véritable. Il leur importerait de trouver comment inspirer à chacun le désir, la volonté et la fierté d’être reconnu et appelé burkinabè.
Ce sont là les vœux d’un utopiste à ses concitoyens burkinabè patriotes, particulièrement aux croyants. Puisse chacun formuler pour sa patrie « Allah waloumin doukou kessoum ! Allah hollu en mawuri ! A ni san koura ! Ney taabo ! Leni li bimpali ! Yuon paala yaani ! ». Puissions-nous aussi élever nos voix vers le TOUT PUISSANT :
« GLOIRE A L’ETERNEL, LE LIBERATEUR DU BURKINA ! PAIX EN 2023 AU PEUPLE MARTYR DU FASO ! »
SOMDA MWINSOMA Jean Claude.
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