bilan Le parti de Marine Le Pen célèbre son cinquantième anniversaire le temps d’un modeste « colloque » à l’Assemblée nationale ce jeudi
Le Front national a fêté ses cinquante ans ce mercredi. « D’un parti contestataire, nous en avons fait un parti prêt à gouverner », a assuré sur Twitter Marine Le Pen. Ni fiesta ni bougies, pourtant, mais un simple « colloque » organisé au sein de l’Assemblée nationale, ce jeudi, pour célébrer l’histoire, souvent sulfureuse, du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. « Je serai content une fois que ça sera derrière nous… », soupire d’ailleurs un député du RN. Car la cinquantaine est aussi l’âge des crises existentielles, marqué par des ruptures ou des envies de nouveauté. Qu’en est-il pour le FN, devenu RN ? 20 Minutes fait le point.
Le cap de la cinquantaine s’accompagne parfois d’un désir ardent de changer son style vestimentaire ou sa coiffure. Marine Le Pen n’a pas attendu les 50 ans du FN pour passer un coup de polish. Depuis son accession à la présidence, en 2011, elle défend une dédiabolisation du Front. Ce dernier changeant même le nom en 2018, pour percer le fameux plafond de verre. « C’est de son point de vue une stratégie indispensable pour conquérir le pouvoir : gommer l’aspect sulfureux du passé, tout en maintenant les fondamentaux du parti sur l’immigration, la sécurité ou l’identité », indique Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. « C’est un exercice compliqué qu’elle a en partie réussi au sein de l’électorat. Mais le second tour de la dernière présidentielle (42 %) a montré qu’il y avait encore du chemin », ajoute-t-il. Le RN maintient ainsi certaines mesures, comme la préférence nationale, jugée comme contraire à la Constitution par certains juristes.
Cinquante ans, c’est aussi l’âge où les relations familiales peuvent se dégrader et parfois même mener à la rupture. De ce côté-là encore, le Rassemblement national n’a pas attendu d’être « quinqua » pour couper les ponts avec le patriarche Jean-Marie Le Pen. Après plusieurs années mouvementées, le fondateur du Front national est finalement exclu du parti en 2015 et écarté de la présidence d’honneur en 2018. « Cette rupture comporte un volet intime et politique. Marine Le Pen s’est émancipée de son père en exprimant de nombreux points de désaccords, sur l’inégalité des races, le “point détail de l’histoire” ou le libéralisme économique », rappelle Jean-Yves Camus. Autre rupture plus récente, lors de la dernière présidentielle, lorsqu’une partie des cadres RN a rejoint la campagne d’Eric Zemmour.
La cinquantaine offre l’occasion de se découvrir de nouvelles passions, comme la poterie ou la moto. Au sein du RN, même si Marine Le Pen s’imagine parfois une reconversion dans l’élevage de chats, l’émancipation reste très politique. Le mouvement tente ainsi de mettre en avant des thématiques nouvelles, comme la défense des animaux, ou le localisme, qui lui permet de lier écologie, immigration et identité. Avec l’entrée en force à l’Assemblée nationale cet été de 89 élus, le RN entend d’ailleurs poursuivre sa « normalisation », en diversifiant ses compétences. « On va avoir l’occasion de se spécialiser sur des sujets précis en travaillant avec des spécialistes ou des élus de terrain. L’objectif est de mener un travail législatif sérieux pour montrer que l’on est prêt à gouverner en 2027 », assure un député RN.
A cinquante ans, on a l’âge de ses artères : on commence à penser à l’avenir et à sa succession. « Marine Le Pen a compris que la dédiabolisation du RN coïncidait avec un changement générationnel. Elle a montré sa capacité à laisser émerger de nouvelles figures, plus jeunes, là où Jean-Marie Le Pen ne voulait voir dépasser aucune tête », indique Jean-Yves Camus. Le 5 novembre prochain, les adhérents RN choisiront entre l’eurodéputé Jordan Bardella et le maire de Perpignan, Louis Aliot, pour devenir leur nouveau chef. Et, c’est une petite révolution : pour la première fois depuis cinquante ans, le parti aura un président élu qui ne portera pas le nom Le Pen.
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