Lors de l’assemblée générale de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) qui s’est tenue à Paris le 8 décembre, son président Franck Sander a interpellé le ministre Marc Fesneau sur l’impérieuse nécessité d’obtenir, pour la troisième année consécutive, une nouvelle dérogation sur les néonicotinoïdes afin de pouvoir protéger les cultures de betteraves contre les pucerons. « J’exprime ici ma confiance dans le Conseil de surveillance et nos ministres pour qu’elle soit accordée », a-t-il souligné.
Car la situation de 2022 n’a pas été différente de celle des années précédentes, avec une forte pression des pucerons qui ouvrent la voie aux virus de la jaunisse (BYV, BMYV, BChV et BtMV), vecteurs de conséquences catastrophiques pour la betterave. Or, face à ces virus, il n’existe toujours aucune solution satisfaisante qui soit comparable à la protection procurée par les néonicotinoïdes. « Dans ces conditions, je n’imagine même pas qu’une nouvelle dérogation ait pour contrepartie de nouvelles contraintes pour les agriculteurs », avertit Franck Sander, qui accepte déjà difficilement celles concernant les successions culturales imposées en 2021 et maintenues en 2022, « en dépit de nos demandes répétées d’allègement ». Et de s’indigner : « Ces contraintes sont même devenues un vrai casse-tête pour la gestion des intercultures et des assolements – au point de décourager certains agriculteurs de cultiver de la betterave ! »
Pour sa part, comme à son habitude, l’association antipesticides Générations Futures, estimant qu’il serait « plus que temps de mettre en œuvre les nombreuses solutions alternatives proposées dans le cadre du Plan national de recherche et innovation (PNRI) », a déjà fait savoir qu’elle fera tout son possible pour empêcher les agriculteurs de disposer des néonicotinoïdes. L’association pourra d’ailleurs compter sur le soutien tout neuf de Christophe Béchu qui, opportunément, a changé d’avis depuis qu’il a revêtu l’habit de ministre de la Transition écologique…
Et s’il est vrai que pas moins de 23 projets sont actuellement à l’étude, aucun d’entre eux n’est encore opérationnel ni ne le sera avant plusieurs années. Car le temps de la recherche n’est pas celui des injonctions politiques. En réalité, personne ne pouvait raisonnablement croire, lorsque la loi sur la « sortie des néonicotinoïdes » a été votée le 14 décembre 2020, que trois années suffiraient pour trouver des alternatives satisfaisantes.
La question se reposera donc pour la saison 2024. « À ce stade, nous n’avons pas les garanties pour dire que nous pourrons nous passer de néonicotinoïdes après 2023 », estime Franck Sander, qui craint le pire. À savoir que, dès la mise en culture de l’été 2023, bon nombre de producteurs abandonnent la betterave, provoquant la disparition de bassins entiers de production, de nouvelles fermetures définitives de sucreries, et une perte nette de revenus pour la Ferme France. Bref, tout le contraire de ce que dit souhaiter le président Emmanuel Macron !
Sortir de la tyrannie de la transition
Derniers articles
Irrigation : « Les décisions validées par le Varenne de l’eau doivent être appliquées », insiste Éric Frétillère
Derrière la crise de la filière bio, il y a une omerta
Collectif Nourrir : un nouveau lobby d’agribasheurs
Exposition aux pesticides : Ce que Générations Futures oublie de préciser…
La science au service du totalitarisme
Dans les coulisses sombres de l’Itab
agriculture et environnement © 2021