Moussa Camara préside l’association les Déterminés, qui accompagne des projets de créations d’entreprises dans les quartiers et plus récemment en milieu rural. Né en Île-de-France, le projet couvre désormais une bonne partie du territoire. Et son fondateur ne compte pas en rester là.
Moussa Camara (Président de l’association Les Déterminés).
Hyperactif ? Moussa Camara le reconnaît aisément. Cinquième d’une famille de huit enfants, il aime quand ça bouge et se dit même insatisfait, impatient. Et cela semble lui réussir : en sept ans, son association les Déterminés s’est bien développée. D’abord lancée en Île-de-France, à Cergy Pontoise, où Moussa Camara vit depuis tout petit, elle rayonne désormais dans dix-sept villes. Objectif : accompagner pendant six mois, et gratuitement, des entrepreneurs en herbe, de tous âges, sélectionnés non sur leurs diplômes mais sur leur envie, leur détermination.
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“Si tu n’as pas envie, on ne sait pas faire pour toi“, explique Moussa Camara. “Être déterminé c’est être quelqu’un qui va se lever tous les matins, avec l’intention de se battre, il va se prendre des portes, mais ne va pas lâcher, il va peut-être échouer ou réussir, mais il sera allé au bout de son envie“.
Outre la détermination, le deuxième critère de sélection est la disponibilité. “C’est important car on propose 406 heures de formation et six mois d’accompagnement à temps plein et en présentiel. On a réussi à créer un collectif et en même temps, on fait du sur-mesure, car les gens qu’on suit sont très différents au sein d’une même promotion. On les pousse, on les accompagne et ensuite ils volent de leurs propres ailes“.
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À 36 ans, le président de l’association les Déterminés a déjà 15 ans d’expérience derrière lui. Sa vie professionnelle, il l’a commencé comme entrepreneur, au hasard des rencontres, après un BEP comptabilité, et un bac pro logistique. Il se met d’abord à son compte, comme technicien informatique et télécom, puis fait grandir son affaire en embauchant des gens de son entourage, une évidence pour ce fils d’une famille modeste (père agent d’entretien, mère femme de ménage) à qui on a toujours inculqué la valeur travail.
“Quand on grandit dans un quartier, on le voit : les gens qui réussissent s’en vont, il y a très rarement un cercle vertueux. Moi, je m’étais dit : le jour où je réussis, je souhaite que ce ne soit pas uniquement individuel mais aussi collectif. Ainsi, quand j’ai eu l’opportunité de créer des emplois, j’ai recruté des amis à qui j’ai appris le métier. Mais j’étais très jeune, je ne savais pas séparer le professionnel du personnel. Ce fut une expérience compliquée, mais formatrice“.
Au bout de cinq ans, il décide de jeter l’éponge : pas assez accompagné se souvient-il, avec des charges qui engloutissent une bonne partie de son chiffre d’affaires. Une expérience qu’il ne vit pas comme un échec mais dont il tire un enseignement : les entrepreneurs ont besoin de soutien, surtout quand ils ne sont pas nés dans les beaux quartiers, n’ont pas fait de grandes écoles.
Son idée d’association prend forme aux États-Unis, où il suit un programme de mentorat pour jeunes leaders, à l’invitation de l’entrepreneur américain Thione Niang, rencontré à Cergy Pontoise lors d’une conférence. À Washington, Moussa Camara constate l’impact d’actions philanthropiques sur des projets d’insertion, que ce soit auprès de détenus ou de jeunes défavorisés. De retour en France, il décide de passer à l’action et pousse les portes de grands groupes pour obtenir des financement en vue de son projet d’accompagnement à la création d’entreprises. Il doit alors déplacer des montagnes. “Je n’ai aucun réseau, les chefs d’entreprises ne me connaissent pas, j’ai mille raisons de baisser les bras, mais je ne lâche pas“.
Et il a raison de persévérer : lors d’une cérémonie de vœux au Sénat en 2014, il fait une rencontre déterminante : Pierre Gattaz, alors président du Medef, lui ouvre son carnet d’adresses. Moussa Camara, dont le pouvoir de conviction est reconnu par ceux qui l’ont rencontré, peut aujourd’hui se targuer d’avoir embarqué des partenaires de renom privés et publics : BNP Paribas, Engie, Mazars ou encore la Banque publique d’investissement. Fier de son bilan, il détaille les 450 entreprises créées (par 60 % de femmes) dans de nombreux secteurs, textile, agroalimentaire, numérique, formation … Une grande majorité d’entre elles – 80 % – sont encore debout après trois ans d’existence.
Parmi elles, la société My Addie, une application pour lutter contre les problèmes d’addiction, fondée par Ashley Taieb, ancienne toxicomane et ex-SDF. C’est à Montpellier, où elle habite, qu’elle croise dans un espace de coworking l’association les Déterminés. Elle suit la formation et rencontre le premier jour Moussa Camara : “Il m’a percé avec un regard d’aigle, en cinq minutes de conversation, il m’a dit : il faut que tu te lances, car ta prise de parole peut aider beaucoup de personnes, et il avait raison“.
Reste un combat : trouver des financements. Certes, il existe des programmes spécifiques pour favoriser l’égalité des chances. Ainsi, pour les entreprises innovantes, le Programme French Tech Tremplin propose un accompagnement avec à la clé une bourse de 30 000 euros. “C’est un premier pas, mais il faut beaucoup plus pour lever les problématiques de financement de nos entrepreneurs. La French Tech doit être beaucoup plus diverse, et ressembler à la société. Il faut que les politiques prennent ce sujet à bras le corps, c’est une priorité, il faut mettre plus de moyens pour changer la donne. Le travail n’est pas fini” explique avec passion Moussa Camara.
Et son terrain de jeu ne se limite pas à la France. La semaine du 10 octobre, six entrepreneurs accompagnés par son association et dont les projets sont considérés comme les plus susceptibles de séduire à l’international partiront à New York pour y rencontrer experts et investisseurs. Un projet mené avec la French Tech New York.
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Toujours à la recherche de nouvelles idées, Moussa Camara vient de lancer un laboratoire culinaire à Cergy Pontoise, sa ville de cœur, pour aider à l’émergence d’entreprises dans le secteur de la restauration. Ces dernières pourront ainsi tester leur activité, en bénéficiant d’équipements professionnels pour lesquels elles n’auront pas à débourser un centime.
Et comme tout le monde n’a pas vocation à être entrepreneur, l’association s’est diversifiée, aidant aussi des jeunes à trouver un emploi. Un partenariat a notamment été noué avec le groupe hôtelier Hyatt, pour former et recruter des jeunes en décrochage scolaire.
Pour décompresser, Moussa Camara aime chausser ses baskets et faire un long footing d’une heure et demi plusieurs fois par semaine, une passion. C’est dans ces moments là qu’il trouve, dit-il, ses meilleures idées. Prochain projet : implanter dans les banlieues des écoles pour former au métier de cuisinier, et susciter ainsi des vocations.
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