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Les réactions se multiplient, mercredi 31 août, après le décès dans la soirée de mardi de Mikhaïl Gorbatchev à l’âge de 91 ans. En Chine, le dernier dirigeant de l’URSS est considéré comme un anti-modèle par les dirigeants. Les hommages se veulent donc très mesurés, parfois même sévères.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
On ne peut pas dire que Mikhaïl Gorbatchev fasse l’objet d’hommages appuyés en Chine. Le décès de l’ex-dirigeant de l’URSS est rapporté factuellement par les médias d’État comme le China Daily. L’agence Chine Nouvelle revient sur les grandes dates de sa vie, photos à l’appui, et notamment un rire partagé avec l’Américain Ronald Reagan en 1987.
In a historical reflection, #Gorbachev’s naïve, immature & blindly worshipping of the Western system led the great power, the USSR, to lose its independence, which #China considered as a major lesson for its own governance: Chinese observers https://t.co/mNxMgB47MF
Pas d’images en revanche, deux ans plus tard, de la visite de Gorbatchev au Grand palais du peuple à Pékin, en 1989, alors que les étudiants chinois étaient rassemblés place Tiananmen. Un voyage qui va pourtant façonner l’Histoire en confortant le dirigeant russe dans sa politique de « reconstruction » et d’ouverture, la fameuse « perestroïka », considérée comme une politique de « destruction » par Deng Xiaoping qui, selon son fils, qualifiait son homologue soviétique « d’idiot », parce qu’il mettait, selon lui, la réforme politique avant le développement économique.
Plus de trois décennies plus tard, Mikhail Gorbatchev est resté une obsession pour Xi Jinping et les partisans de la « Grande renaissance de la nation chinoise ». « L’adoration naïve, immature et aveugle de Gorbatchev envers le système occidental a conduit la grande puissance, l’URSS, à perdre son indépendance, ce que la Chine considère comme une leçon majeure pour sa propre gouvernance », écrit le Global Times.
► À lire aussi : Mikhaïl Gorbatchev, l’homme de la « perestroïka » et de l’effondrement de l’URSS, est mort
我对前苏联总统、诺贝尔和平奖获得者戈尔巴乔夫的去世表示哀悼！
他品德高尚，人格伟大。他改变了历史，使苏联和平解体，让共产主义和平退出欧洲，避免了暴力战争，为欧洲为世界带来了和平，功德无量。 pic.twitter.com/VtBJaxkdme
La Chine rouge, qui a décidément un problème avec les prix Nobel de la paix, se déchaine également sur le réseau Weibo. « En voilà un que Staline, Lénine et Khrouchtchev devront corriger », écrit un internaute. Ou encore un autre : « Son nom est synonyme de trahison et de mort du parti et du pays, les Russes et les Ukrainiens souffrent encore de son héritage politique. »
Ces condamnations sont ponctuées de commentaires moins nombreux qui emploient l’humour comme moyen d’échapper à la censure : « Au moins, il aura vécu plus longtemps que l’URSS », « les manuels d’histoire chinois devraient y consacrer d’avantage de pages », ou des messages publiés sur Twitter – censuré en Chine – comme celui de l’avocat Yu Wensheng, qui voit en Gorbatchev « un homme d’une haute moralité et d’une grande personnalité, qui a changé l’Histoire en provoquant la dissolution pacifique de l’Union soviétique, et prévenu la guerre en Europe et dans le monde ».
► À écouter aussi : Andreï Gratchev : « Avec le départ de Gorbatchev, le monde perd un personnage clé du siècle passé »
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