Moldavie – La ministre de l’Intérieur est sur tous les fronts pour résister aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux ingérences de Moscou.
De prime abord, Ana Revenco donne l’apparence de la solidité. Grande, altière, presque sèche, des cheveux roux toujours en queue de cheval, rien ne prédestinait cette femme de 45 ans, ancienne responsable d’un organisme spécialisé dans la lutte contre les trafics d’êtres humains, à devenir ministre dans son pays. Aujourd’hui, en pleine guerre, c’est elle qui est chargée tout à la fois de la police et des services de renseignement, mais aussi de l’accueil des réfugiés ou de la sécurité civile. Dès qu’on l’interroge sur la perspective de voir son pays rejoindre « la famille européenne », sa parole devient empreinte d’émotion. C’est que la guerre est passée par là et qu’elle dure.
Voisine de l’Ukraine et peuplée d’à peine 3 millions d’habitants, la Moldavie affronte au quotidien les conséquences de l’agression militaire russe. « Moscou nous menace en utilisant toute la gamme des armes à sa disposition : le chantage énergétique, la déstabilisation politique en organisant et en finançant des mouvements sociaux, des cyberattaques contre nos ministères et nos institutions, des alertes à la bombe imaginaires contre des hôpitaux ou des aéroports, une propagande incessante pour nous pousser à négocier ou le piratage des comptes de personnalités moldaves sur les réseaux sociaux afin de les discréditer, détaille Ana Revenco, lors d’un entretien accordé au JDD et à la revue Politique Internationale. Tout cela pèse psychologiquement sur l’opinion publique. »
La semaine dernière, dans les coulisses du sommet économique de Davos, la présidente moldave, Maia Sandu, a osé réclamer à ses partenaires occidentaux des moyens supplémentaires de défense antiaérienne, persuadée que la Moldavie reste une cible militaire pour Vladimir Poutine. Surtout depuis que les Vingt-Sept ont promis un avenir européen à Chisinau, la capitale. Parallèlement, à Bruxelles, la Commission européenne a proposé d’augmenter son aide macroéconomique à la Moldavie de 145 millions d’euros, soit le double de l’enveloppe initiale. En visite vendredi à Chisinau, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a réaffirmé le soutien de la France à la Moldavie.
Il faut dire que les besoins sont colossaux. Ne serait-ce que pour l’aide aux réfugiés dont Ana Revenco est chargée. Le patron du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) était en Moldavie la semaine dernière. Il y a félicité les autorités pour leur accueil des Ukrainiens. Pas moins de 750 000 d’entre eux sont passés par le pays depuis le 24 février 2022 et plus de 100 000 sont restés. Proportionnellement, c’est comme si la France avait absorbé 2 millions de réfugiés en moins d’un an. « Ils font partie de notre vie, nous confie la ministre moldave. Nous prévoyons une augmentation de leur nombre dans les mois qui viennent du fait de l’intensification des attaques et des bombardements russes sur les infrastructures énergétiques et civiles ukrainiennes. »
Pour Ana Revenco, le plus dur reste donc à venir. « L’hiver est, après la Russie, notre deuxième ennemi, car nous sommes branchés sur les mêmes réseaux que l’Ukraine, explique-t-elle. Nous nous sommes déjà retrouvés par deux fois sans électricité ni eau dans tout le pays. » Les autres défis n’en sont pas moins diminués. À commencer par les ingérences russes dans le fonctionnement de la démocratie moldave. « Elles ont commencé bien avant le début de la guerre en Ukraine mais, depuis, elles ont connu une hausse spectaculaire, avoue Ana Revenco. Le Kremlin, à travers sa propagande, envoie des messages à la population. Il tente de la convaincre que la crise actuelle n’est pas inéluctable et que, si notre gouvernement ne se soumet pas aux diktats de Moscou, il sera responsable du froid et de la faim dont nous souffrirons cet hiver. Nous avons arrêté des meneurs qui recevaient des fonds directement d’oligarques moldaves pro-Russes qui ont fui le pays. Certains se trouvent en Russie, sous le coup de sanctions internationales. »
Lors de son dernier passage à Paris, Ana Revenco a obtenu un soutien supplémentaire du parquet national financier, dirigé par Jean-François Bonhaert, alors que depuis 2021 des spécialistes français, recrutés et financés par Expertise France, une filiale de l’Agence française de développement, sont détachés auprès du bureau de la présidente de Moldavie avec pour mission d’aider au recouvrement de fonds volés par les oligarques. La guerre sur tous les fronts, sans missiles ni coups de feu. Mais, pour Ana Revenco, la peur de voir son pays ignoré, négligé, perçu comme un simple dommage collatéral persiste.
Moldavie – La ministre de l’Intérieur est sur tous les fronts pour résister aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux ingérences de Moscou.
L’ANTISÈCHE – Washington et Berlin ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l’Ukraine, notamment des Leopard allemands et des Abrams américains. De son côté, la France n’a pas exclu la livraison de chars Leclerc à l’Ukraine. Mais quelle est la différence entre ces 3 chars ? Chaque jour, l’antisèche du JDD répond à une question pas si bête que ça, pour mieux comprendre l’actualité.
Les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé mercredi qu’ils livreraient des chars lourds en Ukraine. Est-ce un tournant dans la guerre ?
Ce vendredi, l’ambassadeur d’Ukraine à Canberra a exigé des organisateurs de l’Open d’Australie qu’ils retirent l’accréditation du père du tennisman serbe Novak Djokovic. En cause : une vidéo dans laquelle il apparaît aux côtés de supporteurs brandissant des drapeaux pro-russes.
Après avoir appelé la France à ne pas accueillir les athlètes russes lors des Jeux olympiques de Paris, l’Ukraine a menacé de ne pas y participer en cas de présence de la Russie.
Après l’annonce des Occidentaux d’envoyer des chars lourds à l’Ukraine, Moscou a dénoncé l’engagement des pays dans la guerre.