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Midterms : la reconquête de la classe moyenne américaine polluée par l'inflation – Les Échos

Joe Biden avait fait de la classe moyenne l'alpha et l'omega de son mandat présidentiel. Après un soutien massif à la demande pendant la pandémie, sa courte majorité au Congrès l'a contraint à adopter une politique davantage tournée vers l'offre.
Par Véronique Le Billon
En janvier 2021, Joe Biden est arrivé à la Maison-Blanche avec une ambition : « reconstruire la classe moyenne ». De la politique étrangère aux ambitions environnementales : tout était envisagé et présenté aux Américains comme une manière de créer des « good paying jobs ». « Nous avons un intérêt à développer la prospérité et les opportunités, mais nous devons redéfinir les intérêts économiques de l'Amérique en termes de moyens de subsistance des familles qui travaillent plutôt qu'en termes de profits des entreprises ou de richesse nationale globale », expliquait le document d'orientation stratégique en matière de sécurité nationale.
« C'était une grande priorité du début de mandat de Joe Biden, parce que les Etats-Unis aiment se considérer comme une société de la classe moyenne, et c'était donc une façon de rapprocher les gens les uns des autres », rappelle Isabelle Sawhill, co-auteure d'« Un nouveau contrat pour la classe moyenne » au sein du Brookings Institute. Le message, politique, s'adressait en réalité simultanément à la classe moyenne et aux cols-bleus – la « working class » moins diplômée -, partis dans le camp républicain après quarante ans d'une globalisation effrénée.
La pandémie a été un « stress test » pour le modèle social . Après l'administration Trump, Joe Biden a continué à colmater les brèches en déversant de l'argent : les Américains ont reçu de nouveaux chèques pour contrer les effets de la pandémie, et les tensions sur le marché du travail ont dopé le turn-over dans les emplois peu payés, poussant les salaires à la hausse dans les emplois de services.
« Globalement, la politique de l'administration Biden a été favorable aux classes populaires, pointe Gabriel Zucman, économiste à l'université de Californie, Berkeley. C'est l'administration la plus favorable aux syndicats depuis des décennies et les plans de relance pendant le Covid ont permis à l'économie de redémarrer très vite, ce qui a bénéficié à plein aux bas salaires. » Depuis début 2021, les revenus réels (corrigés de l'inflation) ont progressé le plus vite pour les 50 % les moins aisés (+10,5 %), indique Realtimeinequality , une initiative lancée par le chercheur avec ses confrères Thomas Blanchet et Emmanuel Saez.
Les revenus réels de ce qui s'apparente à la classe moyenne (les « middle 40 % », sous les 10 % les plus aisés) ont en revanche peu évolué (+1,9 %). Et l'inflation a rapidement pollué le message politique : les républicains critiquent des aides aujourd'hui jugées trop généreuses, l'effacement de la dette étudiante devient un cadeau indu à la classe moyenne supérieure.
Le patrimoine des ménages, dopé par la hausse des cours de Bourse en 2020 et le bond des prix immobiliers, atterrit en outre brutalement, sous le coup de la lutte contre l'inflation : par rapport à début 2021, le gain est nul pour la classe moyenne, et en recul de près de 9 % pour les 10 % les plus aisés, selon Realtimeinequality.
Avec une majorité démocrate trop courte pour ses projets ambitieux, Joe Biden a vite été arrêté dans son élan social : des mesures symboliques comme le salaire minimum à 15 dollars de l'heure, l'école gratuite dès trois ans ou le congé maladie payé sont restées à la porte du Congrès. Ce n'était pourtant pas qu'une politique de soutien de la demande, plaide Isabel Sawhill.
« La hausse du taux d'activité des femmes et de leurs qualifications explique la quasi-totalité des gains de revenus des dernières décennies. Améliorer la prise en charge des enfants est assurément ce dont la classe moyenne a besoin, estime-t-elle. Mais ces projets étaient peut-être un peu trop ambitieux et trop chers. Les Américains continuent à penser que les charges de famille relèvent de la responsabilité individuelle. »
Avec l'appui de quelques républicains, Joe Biden a réussi en revanche à trouver une majorité pour ramener des emplois industriels dans le pays. A coup de crédits d'impôt, le Chips Act va financer plusieurs giga-usines de semi-conducteurs aux Etats-Unis, et l'Inflation Reduction Act la production made in USA de voitures électriques.
Avec la loi de financement des infrastructures pour rénover des routes et des ponts, Joe Biden tente ainsi de relever le niveau des emplois des classes intermédiaires, tentant en outre de favoriser les entreprises syndiquées -« la classe moyenne a construit l'Amérique et les syndicats ont construit la classe moyenne », répète-t-il à l'envi. « Le négatif, c'est que ces politiques sont assez protectionnistes, ce qui peut conduire à des surcoûts et des inefficacités », pointe Isabel Sawhill.
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A l'heure d'un premier bilan, il faut aussi regarder les politiques non budgétaires, et celles qui mettront du temps à diffuser leurs effets, juge Jean Ross, chercheuse au Center for American Progress (CAP). « On a vu les premiers pas pour renégocier le prix des médicaments, ce qui est un énorme problème pour la classe moyenne. Ou les initiatives du département du Travail de réguler la « gig economy » (les employés des plateformes comme Uber ou Lyft) pour protéger ces travailleurs. Et on commence aussi à voir les effets d'une nouvelle politique de concurrence, avec un examen accru des fusions d'entreprises », liste-t-elle.
Alors que les démocrates ont voté cet été une baisse du coût des médicaments pour les plus âgés, Joe Biden met en garde contre une majorité républicaine au Congrès qui pourrait détricoter l'assurance-santé pour les pauvres (Medicaid) et les plus de 65 ans (Medicare). « Même si Joe Biden ne peut rien faire, il conservera son pouvoir de veto sur les lois votées par le Congrès. Et donc il aura tout de même un rôle de protection de la classe moyenne », estime Isabel Sawhill.
« Le grand échec de ce demi-mandat aura été l'incapacité à faire passer quelque réforme fiscale d'envergure que ce soit », estime Gabriel Zucman, avec « le problème non réglé de l'explosion des hauts revenus et de la tension de plus en plus palpable entre les idéaux démocratiques et le pouvoir grandissant et non-régulé d'une poignée de milliardaires ».
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Véronique Le Billon (Bureau de New York)
Tous droits réservés – Les Echos 2022

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