La litanie est désormais bien connue. Hôtellerie-restauration, transport, service à la personne… Trois secteurs en tension, qui peinent à recruter depuis des mois, des années parfois, et qui ont vu la situation empirer pendant et après le Covid. Contexte économique compliqué, fuite des salariés s’étant découvert une autre vocation…
« Je ne trouve plus de serveurs, soupire par exemple ce restaurateur du Compiégnois. Ou alors, ils ne veulent plus travailler les soirs et les week-ends. » Et toujours cette équation difficile à résoudre : d’un côté, 64 000 demandeurs d’emploi dans l’Oise (catégorie A, B et C, en septembre 2022) et, de l’autre, des dizaines d’entreprises en mal de candidats.
Dans la foulée de la crise sanitaire, Pôle emploi a donc développé, en lien avec les professionnels des trois branches concernées, un dispositif qui vient d’être mis en application dans les onze agences du département : le Plan tension. Son objectif : simplifier à l’extrême les démarches visant à mettre en relation chômeurs et recruteurs.
« Concrètement, dans chaque agence, des demandeurs d’emploi répondant à trois critères sont sélectionnés, détaille Estelle Charles, directrice territoriale de Pôle emploi dans l’Oise. Il faut être motivé, disponible immédiatement et avoir les compétences nécessaires. » Cela représenterait entre 100 et 150 personnes dans chacun des sites du territoire, anciens et nouveaux inscrits. Ensuite, tout peut aller très vite.
« Lors de l’entretien, nous proposons directement des postes à la personne et c’est pour tout de suite, assure Estelle Charles. Et s’il y a le moindre doute, une hésitation entre deux entreprises par exemple, elle a la possibilité de réaliser une immersion d’une journée dans chacune d’elles avant d’officialiser son choix. » Les postes pouvant être proposés en CDD ou en CDI.
« Pour les demandeurs d’emploi, c’est une démarche simple et efficace, souligne Corinne Baracassa, directrice de l’agence Pôle emploi de Clermont. C’est une bonne chose car la recherche d’un poste, ce n’est pas naturel chez tout le monde. On peut être un très bon professionnel dans sa branche, un très bon cuisinier par exemple, mais ne pas avoir les outils pour trouver un travail. »
Dans son agence, « cela a notamment permis de débloquer certaines situations », de trouver une voie pour des personnes compétentes mais qui, faute de trouver un emploi, ont pu « s’essouffler » un peu dans leur recherche. Corinne Baracassa insiste notamment sur les bienfaits de l’immersion. « Quand on n’a pas travaillé depuis plusieurs mois, il y a parfois la peur de ne plus savoir faire. »
Dans le détail, au 7 novembre, à travers l’Oise, le Plan tension inclut 460 offres à pourvoir (soit 27 % de la totalité des offres disponibles dans le département !) dans le secteur des services à la personne, qu’il s’agisse de soins à domicile ou d’aide ménagère. L’hôtellerie-restauration, elle, cherche environ 120 personnes, employés polyvalents ou serveurs. Le transport, enfin, recrute de Beauvais à Compiègne, en passant par Méru, Chambly, etc. : 151 emplois sont proposés.
« Les choses allant très vite, c’est en constante évolution, précise Estelle Charles. Et si trois branches sont pour le moment concernées, d’autres pourraient s’ajouter au dispositif dans les prochains mois. » Pourquoi pas l’industrie, également grande pourvoyeuse d’emplois dans le département (215 offres au 7 novembre), qui peine également à recruter ? Les discussions se font à l’échelle nationale. Car si les demandeurs d’emploi, de manière classique, s’engagent à ne pas refuser plus de trois propositions cohérentes, les entreprises ont également des obligations.
« Principalement celle de former et de faire monter en compétence les personnes recrutées, poursuit la responsable. C’est d’ailleurs aussi leur intérêt et nous, de notre côté, nous les accompagnons en nous appuyant notamment sur les politiques publiques existantes, comme les emplois francs, qui permettent d’obtenir une aide de 15 000 euros sur trois ans pour l’embauche en CDI d’une personne originaire d’un quartier prioritaire dépendant de la politique de la ville. »
Rémy (le prénom a été modifié), un quadragénaire compiégnois sans travail depuis plus de six mois, apprécie l’idée du Plan tension, mais s’interroge : « Dans les trois critères, il y a la compétence, mais qu’est-ce qu’on entend par là ? Qui en juge ? » Ancien employé de banque, vu les branches concernées, il ne pense pas pouvoir faire partie « des heureux élus ». Eh bien, pas si sûr.
« C’est un dispositif assez souple, affirme Estelle Charles. Aujourd’hui, la motivation prend souvent le pas sur le CV. » La responsable prend l’exemple « d’une dame qui était fleuriste de métier ». Pour diverses raisons, cette dernière a dû changer de voie. « Il se trouve qu’elle a un mari chasseur et qu’elle cuisine tous les dimanches du gibier pour de grandes tablées, détaille-t-elle. Eh bien, elle a pu transformer ce qui était une passion en travail. »
Ce mardi, les professionnels interrogés n’étaient pas encore bien informés sur l’ensemble du dispositif. « Sur le papier, c’est très bien, si on ajoute de l’efficacité dans le processus, je dis oui », commente le responsable d’une entreprise de transport. « Encore faut-il que ça marche, conclut un restaurateur. Il faut voir les moyens alloués et en tirer un bilan dans quelques mois. »
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