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De temps en temps, un jeu arrive qui est en développement depuis si longtemps que vous commencez à perdre confiance en sa sortie. Il y a cinq ans, je me souviens que Scorn sponsorisait un podcast que j’écoutais à l’époque. Le jeu a ensuite été décrit comme un projet stylistique avec une atmosphère morne et grossière. Maintenant, ayant enfin joué à Scorn, je peux dire que la description était assez fidèle. Scorn est une expérience plutôt unique, et il est facile de comprendre pourquoi il a fallu si longtemps au développeur, Ebb Software, pour terminer le jeu.
Scorn est très minimaliste dans la façon dont il raconte son histoire, et après avoir joué à travers le jeu, je ne suis toujours pas tout à fait sûr de ce que j’ai vécu. Vous êtes une créature semblable à un humain qui ouvre les yeux, puis vous devez découvrir ce qui se passe sans aucune sorte de récit, autre que ce que le monde et les énigmes que vous devez résoudre fournissent. D’une part, cela fonctionne plutôt bien parce que c’est votre propre interprétation qui crée l’histoire, mais d’autre part, tout cela semble un peu inutile, car votre avatar dans le jeu n’a pas de personnalité qui vous donne envie de savoir ce qui se passe.
J’ai donc dû me forcer à traverser les premières heures car le jeu n’a fait aucune tentative pour m’aider. En substance, les puzzles sont l’histoire, et sans eux, vous courez simplement dans des pièces grises et brunes, qui se ressemblent toutes. Dès le début, j’ai également eu du mal à trouver le bon déclencheur pour lancer le bal, car toutes les autres énigmes dans ce premier domaine dépendaient de la résolution d’un puzzle initial spécifique. Heureusement, je l’ai trouvé à la fin, et une fois qu’il a été résolu, les autres énigmes ont commencé à avoir un sens.
Ce qui me manquait, c’était une chose ressemblant à un œuf (les objets sont souvent grotesques ou défigurés dans Scorn) contenant un berceau avec une créature estropiée et gémissante. Après l’avoir utilisé pour plusieurs énigmes, vous pouvez tuer ou libérer la créature. Vous avez ensuite dû passer par plusieurs énigmes, selon que vous l’avez libéré ou tué. Quelle que soit l’option que vous choisissez, vous finissez par utiliser le bras de cette créature pour ouvrir la première grande porte, qui était auparavant verrouillée.
C’est aussi un exemple de la narration dans le jeu, car vous commencez immédiatement à vous demander ce qu’est la créature étrange et pourquoi c’est un œuf? Comme je l’ai dit, même après avoir terminé le jeu, je ne suis pas tout à fait sûr. C’est aussi pourquoi je pense que Scorn est très polarisant parce qu’il n’y a pas de réponse définitive, autre que sa propre interprétation des nombreux événements étranges.
Cela pourrait plaire à certains, mais personnellement, j’ai eu du mal à explorer le monde grotesque sans une histoire pour me conduire, car le monde est très, très déprimant et pas particulièrement amusant à habiter. Je comprends ce qu’Ebb Software essaie de faire, mais en termes pratiques, je détestais chaque minute, et j’ai dû prendre beaucoup de pauses car cela affectait en fait mon humeur si j’étais dans le monde trop longtemps. C’est un choix stylistique, et je respecte cela, mais l’ambiance a rendu toute l’expérience assez déprimante pour moi. Mais si ce genre de morosité extrême vous plaît, c’est certainement efficace. Ce qui m’a permis de continuer, ce sont les énigmes qui sont assez inventives et qui commencent à avoir un sens une fois que vous vous êtes habitué au genre de logique étrange qui régit le monde de Scorn. La difficulté augmente progressivement mais elle ne devient jamais trop difficile.
Scorn est visuellement une belle bouillie de brun foncé et de gris, et la musique inquiétante renforce l’atmosphère morne. Bien que certainement assez distinctif, il existe plusieurs puzzles où vous devez trouver différentes pièces, où un interrupteur doit être pressé ou un puzzle doit être résolu, ce qui n’est bien sûr pas inhabituel pour le genre. Le problème était que je passais plus de temps à naviguer dans les labyrinthes gris-brun parfois assez alambiqués qu’à résoudre les énigmes. Ebb Software a essayé de résoudre ce problème en mettant en évidence les zones interactives avec du rouge, mais lorsque vous ne pouvez pas trouver les pièces en premier lieu, il commence vraiment à tester votre patience. Cela ne s’améliore pas plus tard dans le jeu, où vous devrez également faire face à des ennemis qui réapparaissent un certain temps après les avoir vaincus. Avec tous les allers-retours, cela est rapidement devenu une véritable nuisance.
Au début du jeu, votre seule arme est une lance qui peut être utilisée pour poignarder les ennemis, mais plus tard, vous pouvez améliorer vos pouvoirs, il est donc possible de tirer des grenades, entre autres choses. Ne vous y trompez pas, ce n’est en aucun cas un jeu de tir. Oui, vous devez tirer sur les créatures méchantes qui veulent vous blesser, mais les armes sont principalement utilisées pour résoudre des énigmes. Il y a, par exemple, un combat de boss où le lance-grenades doit être utilisé stratégiquement afin de vaincre le boss. Après le boss, le lance-grenades doit également être utilisé à plusieurs endroits pour résoudre les énigmes régulières, ce qui est une caractéristique assez inventive. Cela ajoute également à la construction du monde car tout dans Scorns semble interconnecté – parfois dans un sens très méchant et corporel.
Comme mentionné, Scorn n’est pas un jeu très coloré ou joyeux. Le monde est brun, industriel et laid, et l’atmosphère est oppressante et déprimante. De plus, tout est extrêmement sombre et il y a un brouillard gris maladif qui plane sur la majeure partie du monde. Vous avez rapidement le sentiment inconfortable d’être pris au piège dans le ventre d’une bête car tout est organique, et il y a des murs palpitants couverts de boue et pire. Au début du jeu, vous obtenez un gadget sur votre bras qui vous permet d’interagir avec les énigmes, et afin d’ouvrir des portes et autres, vous devez coller vos doigts ou vos mains dans des trous qui ressemblent à diverses ouvertures corporelles. C’est très grossier mais ça va bien avec l’ambiance générale du jeu. Comme déjà mentionné, ce n’est pas pour tout le monde, mais c’est impressionnant dans toute sa répulsion.
Scorn est un jeu étrange. Tout en étant stylisé visuellement, il exige beaucoup du joueur, et vous n’obtiendrez aucune aide des développeurs. La seule façon d’avancer est de vous laisser absorber par l’atmosphère méchante, mais aussi quelque peu hypnotique, du jeu, qui vous aidera à saisir la logique des énigmes. Ce n’est certainement pas un jeu avec lequel vous vous asseyez pour vous détendre, car il nécessite beaucoup de dévouement. J’ai beaucoup apprécié certaines parties du jeu, et je ne me souciais pas du tout des autres parties, mais vous ne pouvez pas enlever à Ebb Software qu’ils avaient une vision claire du jeu, et ils ont choisi de s’y tenir jusqu’au bout.
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