Dans ce récit graphique, Marion Fayolle met en scène trois personnages marginaux ayant un goût pour l’auto-sabotage, qui décident de s’installer en colocation dans une maison promise à la démolition. Il s’en dégage une réflexion sur les douleurs qu’on s’inflige à soi-même, sur la beauté de la mélancolie, l’attrait pour les gouffres et la peur d’être seul.
Au micro de Mathilde Wagman, Marion Fayolle nous explique en quoi le verbe “casser” est le moteur de sa bande dessinée :
“Je ne savais pas vraiment ce que je voulais raconter et la plupart du temps, je conçois mes livres de cette façon. Là, j’ai eu envie de réfléchir au thème de la déconstruction. Je suis partie de l’idée de mettre dans une maison des personnages qui ont un lien avec cette action d’être cassé, et qui se questionnent. De plus, j’associe très souvent la maison à la pensée ou à la tête. Dans mes livres il y a fréquemment trois personnages qui ont bien sûr une histoire, mais qui sont surtout trois façons d’aborder un problème et de faire avancer une réflexion. Je les fais cohabiter et dialoguer, jusqu’à ce que les cloisons qui les séparent s’effondrent.”
L’autrice nous explique également la raison pour laquelle elle ne caractérise pas ses personnages :
“Dans mon travail, il y a toujours un lien avec le jeu. Mes personnages sont très peu caractérisés, ils sont comme des petites figurines avec lesquelles je m’amuse. Ce qui m’intéresse, c’est que mes personnages en soient vraiment. Je ne dessine pas des humains, je dessine des petits bonshommes qui sont presque comme des écrans qui me permettent de laisser de la place aux lecteurs. Les définir le moins possible, c’est laisser plus d’espace à celui qui lit pour se glisser dans ces personnages. De plus, j’aime qu’on puisse circuler d’un personnage à l’autre, ce qui est plus compliqué s’ils sont trop caractérisés. Je cherche à susciter chez le lecteur, une reconnaissance intime et morale et non physique. En fait, mes personnages ne représentent pas des humains, ils représentent des pensées et des idées dans lesquelles le lecteur peut se plonger.” :
En fin d’émission, Marion Fayolle nous dévoile sa méthodologie :
“Je me sens très proche de la gravure, j’aime graphiquement ce que ça crée. Je pense que ça dit quelque chose de ma méthodologie, de mon rapport à la couleur, au dessin et à ma façon de raconter des histoires. Je dessine sur calque, cela me permet de faire bouger mes personnages. Je n’ai pas de storyboard, je ne structure pas, je prends juste mes dessins, je les fais bouger et je remplis petit à petit la page. Quand je vois que je suis arrivée au bout de la ligne, comme dans un texte, je fais un retour à la ligne et je continue. Mes albums s’écrivent par le mouvement et le déplacement.”
René Magritte, émission Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?, Gilbert Ganne, RTF, 25/09/1960
Jérôme Mulot, émission Mauvais genres, François Angelier, France Culture, 25/09/2021
Emilie Plateau, émission Les carnets de la création, Aude Lavigne, France Culture, 14/03/2016
Roland Topor, émission Le bon plaisir, Noël Simsolo, France Culture, 1986
Memotone, Wrapped one within the other
Arandel, Interlude (variation en section 6)
Laurie Anderson, Born, never asked
Marion Rampal, Sans toi
Spill tab, Calvaire
L’équipe