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Malaise dans les lycées professionnels en Limousin – lepopulaire.fr

Publié le 18/10/2022 à 07h40
Florence Clavaud-Parant
Si la journée d’action de ce 18 octobre a pris l’ampleur d’une mobilisation sociale intersectorielle, l’appel à la grève émane à l’origine des lycées professionnels. Car c’est au sein de ces établissements, autrefois vecteurs d’ascension sociale, que se prépare une énième réforme, peut-être l’une des plus lourdes de conséquences depuis des décennies dans l’Éducation nationale.
Plus de 5.000 élèves, en moyenne chaque année (5.481 inscrits cette année) sont concernés dans l’académie de Limoges. Si ce projet aboutit, ils verront la durée de leurs stages augmenter de 50 %. Mais ils verront aussi leurs heures d’enseignement général et culturel (français, histoire, géographie…) fondre comme neige au soleil, tout comme leurs heures d’atelier. Ils seront un peu mieux rémunérés lorsqu’ils seront en entreprise. Mais par l’État, et vraisemblablement moins que des apprentis. Enfin, ils devront choisir une filière adaptée aux besoins économiques du territoire où ils vivent, ou seront condamnés à s’expatrier (dans la limite des places disponibles ailleurs).
Pour Olivier Maratrat, qui enseigne la maintenance automobile au lycée Saint-Exupéry à Limoges, c’est la réforme de trop. « On avait d’abord eu le bac pro en trois ans qui avait supprimé une année d’enseignement. Puis une nouvelle réforme, avec les fameuses “familles de métiers” que l’on impose aux élèves de seconde et qui leur font perdre une année entière. Sans oublier ce verbiage sans intérêt, comme la « co-intervention », ou encore le fameux « chef-d’œuvre » que les élèves sont censés réaliser, mais qui ne rime à rien sinon à créer des inégalités… Et maintenant, on a un projet qui brise, ni plus ni moins, la philosophie même de l’enseignement professionnel. »
« Dans l’apprentissage, l’entreprise sélectionne ses apprentis?; les lycées professionnels, eux, accueillent  tout le monde »
Christophe Tristan (secrétaire académique du Snuep-FSU et enseignant au lycée hôtelier Jean Monnet)

En clair, une révolution sur le modèle de l’apprentissage peut-elle fonctionner en lycée pro?? Pour les syndicats enseignants, la réponse est clairement non. Et les réactions sont unanimes (*), ce qui est inédit pour ce segment trop souvent méconnu de l’Éducation nationale.
Dans les tiroirs du gouvernement depuis un certain temps déjà, le projet a été présenté il y a quelques semaines par Emmanuel Macron lui-même, dans un lycée professionnel des Sables d’Olonne. Enseignants et personnels redoutent avant tout ses conséquences sociales. « Chez nous, 60 % des élèves sont boursiers, et 23 % viennent de REP ou REP + (secteurs défavorisés), sans oublier les élèves issus d’Ulis, explique Sophie Amblard, enseignante en Lettres-histoire au lycée Marcel Pagnol à Limoges, spécialisé dans les filières tertiaires. Nous avons des élèves extrêmement fragiles, et souvent très jeunes. Comment va-t-on leur trouver un stage?? Quelles entreprises vont les accepter?? »
Le principal argument avancé par les artisans de cette nouvelle réforme : une insertion plus rapide dans le monde professionnel. « Emmanuel Macron estime que les lycées insèrent moins bien les jeunes. Il oublie un élément essentiel : en apprentissage, l’entreprise sélectionne les apprentis?; les lycées professionnels, eux, accueillent tout le monde. Nous avons des élèves qui ne seraient jamais pris comme apprentis, le gouvernement le sait pertinemment », déplore Christophe Tristan, secrétaire académique du SNUEP-FSU et enseignant en filière boucherie-charcuterie au lycée Jean-Monnet à Limoges.
La question de la rémunération des jeunes stagiaires fait aussi débat. Pour Olivier Maratrat, la bonne volonté affichée par Emmanuel Macron est un trompe-l’œil.  « L’idée serait bien de donner un petit pécule au jeune pendant son stage, mais financé par l’État, précise l’enseignant. Autrement dit, si l’État met la main à la poche, ce sera avec nos impôts, et pour les entreprises, ce sera tout bénéfice, car elles auront de la main-d’œuvre gratuite. »
Mais ce qui choque aussi les enseignants, c’est la perspective d’une baisse significative du nombre d’heures d’enseignement général alors que le public accueilli dans les LP a des besoins immenses et est très souvent très demandeur. « En français, en histoire, en maths, on apprend aux élèves à réfléchir, à argumenter, à débattre, explique Sophie Amblard. C’est valable en bac pro, mais aussi beaucoup en CAP. Avec mon collègue de maths, on se pose la question : de quoi auront-ils besoin dans leur vie future?? Notre mission, c’est aussi de leur apprendre à défendre un point de vue dans une lettre, à comprendre l’actualité, à exprimer leur ressenti, ou même des choses basiques comme déjouer les pièges d’un crédit à la consommation. Quand ils seront en entreprise au lieu d’être en cours, qui leur apprendra tout cela??  »
Une problématique particulièrement criante au lycée Saint-Exupéry. « Il y a beaucoup de misère sociale, explique Olivier Maratrat. Beaucoup d’élèves ne maîtrisent pas les codes de l’école et les codes de la société : on a beaucoup à leur transmettre en termes de savoir être. Les entreprises n’ont pas été formées pour cela, ce n’est pas leur boulot. »
Enfin, la refonte probable de la carte des formations, dans le contexte d’une autonomie quasi-complète des établissements, inquiète également, tout particulièrement en Limousin. « On ne sait pas ce qu’ils vont nous proposer, s’interroge Christophe Tristan. Dans notre tissu économique la filière industrielle est quasi-inexistante, et il y a de fortes chances pour que l’on voit des spécialités de bac pro fermer les unes après les autres. »
C’est vraisemblablement le cas des spécialités tertiaires, dont la moitié serait vouée à disparaître faute de débouchés et faute de places suffisantes dans les BTS correspondants. A l’inverse, la spécialité “Services et aide à la personne” semble avoir le vent en poupe. Mais sa structure est d’ores et déjà destinée à s’adapter au tissu local, un avant-goût peut-être de l’esprit de la future réforme. « Cette année, nous n’avons plus l’option “service à domicile”, déplore Hamid Chmourrane, qui enseigne les maths et les sciences aux futurs bacheliers ASSP du lycée Valadon à Limoges. Les établissements de la région ont de tels besoins en personnels et aides-soignants que toute la partie social/animation de notre spécialité est peu à peu mise de côté. »
Alors que la future réforme devrait entrer en application dès la rentrée de septembre, l’ensemble des syndicats de l’enseignement professionnel (*) appelle à un rassemblement ce matin devant le rectorat de Limoges, puis à la manifestation interpro prévue à 14 heures. « Nos politiques sont incapables de faire le moindre bilan de leurs réformes successives, regrette Hamid Chmourrane. Ce n’est pas étonnant que les gens soient excédés. »
(*) La CGT, FO, la FSU, l’Unsa, le Sgen-CFDT, le Snalc, Sud.
 
Florence Clavaud-Parant
 
Journée de colère, ce mardi 18 octobre, dans les rues de Limoges
Une nouvelle carte scolaire, des fermetures, des reconversions ?
Alors que la carte des formations devra vraisemblablement être entièrement renégociée afin, selon Emmanuel Macron, de « coller aux besoins locaux », des fermetures de spécialités apparaissent dès lors inévitables. Elles devraient s’accompagner, pour les enseignants et les personnels concernés, de suppressions de postes et de reconversions, ce que redoutent aussi les syndicats.  En Limousin, les craintes concernent les filières industrielles mais aussi les filières tertiaires qui offrent peu de débouchés mais ausis peu de possibilités de pourusites d’études en raison d’un nombre de places insuffisant en BTS.
 C’est vraisemblablement parce que ce sujet est particulièrement délicat et qu’il pourrait générer des tensions sur le terrain que le président de la République a précisé que la mise en place de la réforme serait « progressive ». On peut alors imaginer des fermetures négociées avec la région et étalées sur plusieurs rentrées, ce qui pourrait les rendre, du moins en apparence, plus indolores donc plus politiquement acceptables…
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