Annie (1) ne reconnaît plus son fils. « Il est dans un état déplorable, amaigri et fatigué. Un homme est en train de souffrir et ce n’est plus possible. » Il a été définitivement condamné à quatre ans de prison en avril, pour violences aggravées. L’homme de 56 ans est incarcéré à la maison d’arrêt de Bayonne depuis septembre 2019…
Annie (1) ne reconnaît plus son fils. « Il est dans un état déplorable, amaigri et fatigué. Un homme est en train de souffrir et ce n’est plus possible. » Il a été définitivement condamné à quatre ans de prison en avril, pour violences aggravées. L’homme de 56 ans est incarcéré à la maison d’arrêt de Bayonne depuis septembre 2019. Sa santé n’a cessé de dépérir. L’héritage d’un violent accident de voiture, survenu il y a trente ans. Les séquelles ont été diagnostiquées en 2021. La partie droite de son cerveau est irrémédiablement endommagée. Ce détenu est cérébrolésé.
« C’est un handicap qui ne se voit pas », résume Annie. « Son état nécessiterait des soins quotidiens en hôpital de jour. » Une liberté impossible en milieu carcéral. À 78 ans, elle tente tout pour le faire sortir. Outre un courrier à l’Observatoire international des prisons, elle accompagne son fils dans son parcours judiciaire. Une nouvelle audience doit avoir lieu le 9 janvier, devant le juge des libertés et de la détention. Chaque jour passé est définitivement perdu.
« Toute tentative de rééducation à visée de récupération des fonctions est malheureusement illusoire. En revanche, une prise en charge cognitive à visée de réadaptation et d’entretien pourrait être considérée à la sortie du patient, afin d’éviter un vieillissement prématuré du handicap », écrivait déjà un médecin spécialiste du Centre hospitalier de la Côte basque, le 25 mars 2021.
Le même s’interrogeait, lors d’une nouvelle consultation en juillet 2022, « sur la pertinence du mode d’application de la peine (l’incarcération) chez ce patient en situation de handicap lourd et multifactoriel, retenu avec un taux d’incapacité permanente partielle à plus de 80 % ». Face au « cortège de symptômes physiques, cognitifs et psychiques », le professionnel de santé demandait alors la réalisation d’un bilan. Il est intervenu cinq mois plus tard.
Après une semaine d’hospitalisation du 7 au 17 novembre, les conclusions de l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de Bordeaux sont à l’avenant. Face à la baisse de ses facultés, le détenu confesse aux médecins sa crainte de « perdre la boule ». Ces derniers notent, parmi d’autres séquelles, « des difficultés à se concentrer, à comprendre les autres, à se remémorer les événements récents, à élaborer des stratégies efficaces, à penser rapidement ».
Son discours décousu est bien connu à la maison d’arrêt de Bayonne. Comme son comportement exemplaire. Selon nos informations, sa situation est prise en compte. Dans un contexte de surpopulation record, l’homme bénéficie d’une cellule individuelle, à l’abri du bruit, de laquelle il sort peu en dehors des parloirs. L’équipe soignante lui accorde une attention particulière. Reste le lien avec sa mère. Un coup de fil tous les soirs. « Il n’a plus que moi, explique Annie. J’ai tout fait jusqu’à maintenant. Je vais aller jusqu’au bout pour lui. »
(1) Le prénom a été modifié.
