Quelles montres choisir pour commencer une collection? Nos conseils aux amateurs pour faire des placements judicieux tout en n’oubliant pas de se faire plaisir.
Tous les conseils et astuces pour bien commencer sa collection de montres.
L'Express
Lorsque la plupart des amateurs parlent de leur collection de montres, ils font souvent référence aux modèles acquis au fil des ans ou hérités de la famille, réunis dans un écrin, lui-même souvent enfermé dans un coffre. Et il suffit de les écouter pour distinguer les débutants des adeptes avertis. Si le vrai collectionneur est discret, voire secret, le néophyte sera intarissable sur les quelques pièces qu’il aura acquises au gré de ses envies pour réaliser son rêve: disposer de montres fondamentales à même de lui assurer -croit-il- la reconnaissance d’une caste à laquelle il aspire à appartenir.
On constate souvent que ce néo converti, avide de connaissances et désireux de faire partie de la grande famille des collectionneurs actifs, est un zélateur assidu des communautés électroniques. À défaut d’apprendre à bâtir sa collection, à sélectionner les produits ou à partager les bons filons, il glose sur des nouveautés, discute avec les uns et les autres pour, au final, n’exister que virtuellement. Mais son action n’est pas sans effet car le temps passé sur la Toile bénéficie au “grand gourou” du forum sur lequel il poste. Lequel, en commerçant avisé et en collectionneur sachant ce que lui coûte sa passion, ne manque pas une occasion de vendre aux marques le potentiel de l’univers que ses fans dévoués enrichissent gratuitement.
On l’aura compris, collectionner demande un apprentissage où l’humilité le dispute à la patience et à l’opiniâtreté, l’acquisition raisonnée de garde-temps étant un chemin semé d’embûches. Il faudra donc prendre pour ce qu’elles valent les informations, le plus souvent fournies par les marques, vantant la hausse régulière de la valeur de leurs pièces, dispersées par des maisons spécialisées en salles de ventes. À coups de communiqués, les amateurs finissent par croire en une possible spéculation horlogère. Pareille conviction a quelque chose de foncièrement désinhibant, bien qu’infondée dans la majorité des cas. À moins d’être un expert en horlogerie, il faudra, autant que possible, éviter de succomber à l’ancien même si cela donne une connotation culturelle à sa collection. Exit donc les montres d’antan mises à l’encan par les grandes maisons de ventes aux enchères, habituées aux coups médiatiques destinés à focaliser l’attention des amateurs sur le potentiel “collector” de quelques marques connues.
Le fan, lucide sur ses compétences, commencera par se faire la main sur des produits réputés qui, en conformité avec sa personnalité, pourront être portés sans risques… Pourquoi? Parce que les sortir permet de se faire connaître, de rencontrer d’autres passionnés et de se créer un réseau d’amis susceptibles de racheter ces instruments dont tout collectionneur est amené un jour à se débarrasser, pour d’autres modèles encore plus cotés.
Acheter avec raison
Et d’achat, parlons-en! Tout collectionneur averti doit penser et agir comme un marchand: il doit acheter, en fonction de ses goûts, les produits les plus recherchés par le marché et au meilleur prix pour espérer, le jour où il voudra faire évoluer sa collection, les revendre d’occasion sans trop y perdre. Pour parvenir à un équilibre entre plaisir et dépense, il est donc préférable de se concentrer, dans un premier temps, sur des modèles réputés pour leur bonne tenue sur le marché de la collection et reconnus du grand public. Quitte à dépenser un peu plus que prévu. De toutes les grandes marques, Rolex arrive largement en tête du palmarès, suivie de Patek Philippe, Breguet et Vacheron Constantin. Si toute la production de la manufacture à la couronne tient une belle cote, les chronographes Daytona, et plus généralement les versions techniques en acier, sont les plus briguées. De fait, la nouvelle Oyster Perpetual Submariner sans date a tous les atouts pour faire partie des standards, et on devrait pouvoir garantir que la nouvelle Sky-Dweller, avec sa complication de quantième annuel, soit elle aussi promise à un bel avenir. Mais tout le monde n’a pas un peu plus de 36 000 euros pour commencer une collection. Le plus difficile n’est pas de se lancer avec beaucoup de moyens, mais de se constituer une belle collection avec une somme relativement modeste.
Pour éviter de se tromper, il faudra se pencher d’emblée sur des modèles édités en série limitée, et de marques réputées bien sûr. Parmi celles susceptibles de répondre à ces critères, on retiendra la jeune manufacture Frédérique Constant dont les garde-temps “maison”, équipés de mouvements mécaniques développés à l’interne, sont appelés à s’imposer dans l’univers de la collection. Cela pourra sembler anodin aux néophytes, mais ce détail contribue justement à garantir dans le temps la valeur du produit. Pour concurrencer pareil potentiel de départ, il faudra à la montre équipée d’un calibre générique réputé pour sa fiabilité (ETA 2824 ou ETA 2892 ou Selita) porter une belle signature et être éditée en série limitée. Parmi les pièces disponibles, les novices pourront se pencher sur le régulateur de plongée Oris Tubbataha proposé en titane à 2 000 exemplaires pour le monde. Les amateurs d’instruments plus urbains s’attarderont avec intérêt sur le modèle Hamilton Khaki Navy Pioneer Edition Limitée dont le boîtier permet de transformer la montre en pendulette de table. Quant aux puristes, ils pourront se pencher sur les créations de la maison Longines, en particulier sur le chronographe de la collection Saint-Imier. Éditée pour les 180 ans de la manufacture, cette référence classique emporte un joli calibre exclusif doté d’une roue à colonne. Et que dire du modèle Tissot automatique commémorant la victoire du modèle au dernier concours de chronométrie? Efficace et raisonnable, il trouvera sans conteste des adeptes qui, fiers de posséder une montre traditionnelle, seront par ailleurs certains d’avoir l’heure juste au meilleur prix. Cela ne se discute pas. Durant ces dernières années, du fait de l’augmentation croissante du prix des mouvements génériques, les marques encore abordables hier sont devenues de plus en plus inaccessibles, rendant du même coup difficile la collection dans le neuf pour les jeunes avec des montres premier prix, fort rares. Raison de plus pour les collectionner avec avidité.
Il est également possible de spéculer sur l’avenir de produits dont la bonne tenue en collection est quasiment garantie par leur esthétique vintage. Tous ceux qui ont acquis une Monaco de TAG Heuer il y a quelques années ne s’en plaindront pas. En effet, l’instrument, toutes déclinaisons confondues, tient une forme resplendissante. Il y a donc fort à parier que le modèle, orné du logo de l’Automobile Club de Monaco suite au retour de TAG Heuer sur le circuit de F1 de Monaco, fasse un malheur et soit d’emblée très recherché. On notera également comme garde-temps à fort potentiel, l’incontournable Omega Speedmaster. Proposée cette année dans une finition correspondant à celle que portait Walter M. Schirra lors de son vol spatial, elle embarque le fameux calibre 1861 à remontage manuel, très proche du calibre de 1968 et du boîtier de première génération (le plus beau car sans épaulement pour protéger les poussoirs). Ceux qui parviendront à l’acheter sont pratiquement certains de pouvoir la revendre au même prix dans quelques années, si tant est qu’elle soit toujours en parfait état. Ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes, l’engin étant d’une rare robustesse. On en dira autant de la sportive Tudor Black Bay. Efficace avec son calibre automatique, cette montre de plongée inspirée d’un modèle historique séduira les inconditionnels de références à la fois sobres et identifiables, et dont l’excellent rapport qualité/prix permet de commencer une collection sans se ruiner. Un peu plus chère il est vrai, la Grande Reverso Ultra Thin Rouge de la manufacture Jaeger-LeCoultre. Elle répondra en tous points aux attentes des adeptes ayant fait le choix de posséder une montre de forme dans leur collection. Seulement, cette montre réversible a une concurrente au sein même de la manufacture, destinée à passer à la postérité: l’Ultra Thin Réserve de Marche. Une petite merveille de sobriété inscrite dans la collection Master Control qui fête cette année ses 20 ans d’existence. Toutefois, les fans de pièces commémoratives hésiteront entre la belle Jaeger-LeCoultre et l’incontournable Royal Oak de 39 mm de diamètre, en acier, animée par le calibre automatique extra-plat (cal. 2121). Proposée par Audemars Piguet pour célébrer les 40 ans de ce modèle iconique, elle n’a pas de réelle concurrente; d’autant que son dessin, parfaitement d’actualité, fait de cette pièce un placement sans risques et au rendement pratiquement garanti.
De tous les axes de collections possibles, et ils sont nombreux, le choix le plus évident pour un débutant consiste à réunir les modèles les plus représentatifs de chaque marque de renom. Simple et efficace, cette thématique a pour elle d’être aisément compréhensible par les béotiens et de poser son propriétaire comme un initié ayant tout compris à l’esprit même de la collection. À condition toutefois d’en avoir les moyens. Collectionner les icônes est un sport de luxe, mais ce qui est à son prix n’est jamais cher!
Pour obtenir l’assentiment de ses pairs, le nouvel adepte sélectionnera donc, pour commencer, un produit emblématique de l’un des ténors du marché. Les débutants ambitieux -et fortunés!- soucieux de célébrer avec faste leur entrée dans l’univers de l’horlogerie se pencheront sur le dernier QP 5940 J de la manufacture Patek Philippe. Autrement dit, et en clair pour les non initiés, la nouvelle montre coussin équipée d’un calibre automatique (à micro rotor) couplé à un quantième perpétuel extra-plat donnant les informations calendaires complètes avec affichage des phases de lune et lecture des 24 heures. D’autres choisiront, pour sa facilité de réglage et son dessin contemporain, la Rotonde Quantième Annuel de chez Cartier, pilotée par le calibre automatique 9908MC. Les purs esthètes préfèreront sans doute se laisser tenter par l’une des pièces de la collection des Métiers d’Art de chez Vacheron Constantin. Ces tenants d’une fine mécanique, sublimée par un travail équilibré, ont de la chance car cette année les modèles présentés, comme faisant partie d’une même collection, sont à présent accessibles à l’unité. Une économie qui permettra aux plus mordus d’accéder à d’autres références incontournables, comme la dernière Breguet Classique Chronométrie 7727. Un équilibre parfait pour cette pièce, fondé sur une juste partition graphique associant, sans fausse note, classicisme et modernité. Sages, voire trop sages, ces créations -dont fait partie la nouvelle Gouverneur de chez Piaget- ne conviendront peut-être pas à tout le monde. Les plus extravertis, ceux qui voudront exprimer leur jeune passion (et leurs moyens) avec faste et ostentation ont, cette année encore, l’embarras du choix. Pour les sportifs en mal de reconnaissance, ils pourront passer à leur poignet la X Fathoms de Blancpain, une redoutable sportive aux fonctions utiles en plongée et au diamètre à même de s’imposer au regard d’autrui. Adaptés pour répondre aux souhaits des nouvelles élites, ces garde-temps contemporains doivent occuper tous les segments du luxe. Ainsi, Hublot a pris le parti de s’adresser aux passionnés d’automobile en leur proposant des garde-temps siglés Ferrari, dont le caractère démonstratif répond de toute évidence aux attentes d’une population émergeante, soucieuse de célébrer sa réussite avec faste, et au goût parfois discutable. Et puis, le monde étant fait de contrastes, certains des nouveaux entrants se refuseront à tout compromis. Ils se pencheront sur les propositions des acteurs de la nouvelle horlogerie, parce que ces pièces incarnent au mieux leur vision du monde. Quand les uns fantasmeront sur les déclinaisons horlogères d’Hautlence, d’autres opteront pour les créations de la jeune marque MB&F ou pour les délires mécaniques de Christophe Claret, voire les projections futuristes de la manufacture De Bethune.
On retiendra que dans ce monde éclectique où sont présentes plus de 250 marques horlogères, il est possible de trouver tout et son contraire; des montres les plus simples aux montres les plus compliquées; des jouets pour adultes susceptibles d’afficher l’heure, mais également de donner une image assez juste des motivations et du compte en banque de son porteur. Alors, c’est d’accord, tout le monde ne sera pas collectionneur. Et si beaucoup avouent être sensibles aux instruments de mesure du temps, ils doivent bien garder à l’esprit que c’est la première acquisition qui compte. Ensuite, la question est de savoir si la raison sera plus forte que la passion. Mais pour le savoir, il faut essayer!
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