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Ce peuple migrateur est à peine visible. Ni gilet de sauvetage, ni rafiot de fortune ou d’homme à la mer. Amer, ses membres l’ont tous été de devoir quitter leur nid. Trop petit, trop cher et dont ils n’étaient, parfois, pas propriétaires. Pour concilier les trois, les voici contraints à l’exil. Des réfugiés économiques d’un autre genre. Deux particularités les distinguent: ils ont déjà un emploi et rejoignent une terre plus pauvre que la leur.
«Née à Dudelange, j’ai quitté mon pays en 97. J’avais 20 ans et travaillais comme secrétaire médicale. Malgré un bon salaire, j’étais dans l’incapacité d’acheter quelque chose. Alors, je suis partie. Pas très loin. À 500m de chez moi. Enfin, de chez mes parents. À Volmerange-les-Mines. J’ai toujours eu ce profond désir de revenir au Luxembourg, mais ça ne s’est pas fait. Je n’ai pas pu…» Près de 25 ans après son départ, Laure (45 ans), désormais commerciale au discours affirmé, dit s’être fait «une raison», des «amis», mais est toujours imprégnée de cette colère «en tant que Luxembourgeoise, de ne pas pouvoir vivre dans [son] propre pays, mais de devoir aller de l’autre côté de la frontière pour [s’en] sortir…»
«Je ne peux pas dire que je ne suis pas bien en France, mais il y a des choses que je ne retrouve pas», dit celle dont la madeleine de Proust prend la forme d’une Mettwurst. Ce souvenir, si fort, la pousse d’ailleurs à «faire (ses) courses au Luxembourg». «Bien sûr, on peut en trouver en France, mais que voulez-vous, la charcuterie n’a pas le même goût en bouche…» Sa langue, elle s’évertue de la transmettre à sa progéniture: deux jumelles (25 ans), une fille (23) et un garçon (21). «Même s’ils se sentent français, je les force à parler un minimum luxembourgeois parce que leur mère reste luxembourgeoise, qu’ils le sont donc à moitié et qu’ils travaillent au Grand-Duché…»
L’envie d’y retourner est belle et bien là car, au fond de moi, je reste luxembourgeoise, mais la qualité de vie prime.
Sa patrie, Laure aimerait dans l’absolu la rejoindre, et faire le chemin inverse de celui de ses parents contraints, il y a quelques années et pour des raisons immobilières, de s’exiler à Perl (Allemagne). «L’envie d’y retourner est bel et bien là car, au fond de moi, je reste luxembourgeoise, mais la qualité de vie prime. Il y a quelques mois, j’ai acheté à Kanfen une grande maison au prix d’un studio au Luxembourg…»
Ottange, 38, rue Principale. Borbiconi Immobilier. Fondée par Stéphane et Christophe, deux anciens footballeurs professionnels, cette société compte trois agences: deux en France, une au Luxembourg (Avantis Immo). L’évolution du marché pourrait se résumer par cette anecdote de Christophe: «En 2015, une vieille dame a vendu sa maison pour 80.000 euros. Aujourd’hui, elle en vaudrait 180.000!»
Cette envolée des prix s’explique, certes, par l’important contingent de travailleurs frontaliers sur le secteur, mais aussi par cette immigration venue du Grand-Duché que l’ex-défenseur découpe en deux grandes populations. «Une première, majoritairement d’origine portugaise, intéressée par des maisons à rénover; une seconde, au fort pouvoir d’achat, qui se tourne vers des biens dont la valeur oscille entre 500.000 et 800.000 euros. Pour le marché français, c’est un gros prix. Mais dans tous les cas, la priorité est donnée à «la première ceinture frontalière» qui s’étend de Mont Saint-Martin à Sierck-les-Bains en passant par Longwy, Ottange, Volmerange-les-Mines et, bien sûr, Audun-le-Tiche.
Selon l’Institut national de la statistique des études économiques (Insee), Audun-le-Tiche est la ville de plus 5.000 habitants la plus prisée des expatriés luxembourgeois en activité. Ainsi, en 2019, ils étaient «203 de nationalité luxembourgeoise» à y résider. Peu évidente au premier abord, cette attirance de ces enfants de la Place financière pour cette cité, placée sous le marteau et l’enclume durant 42 ans (1965-2007) – et dirigée depuis 2020 par Viviane Fattorelli (Divers gauche), elle même frontalière puisque professeur au Lycée de Schengen -, s’explique par sa grande proximité (deux kilomètres) avec le Grand-Duché.
Des Luxembourgeois installés dans la commune, Gilles Blasi-Toccareli, son 1er adjoint, dit ne pas en connaître: «En tant qu’élu, ce n’est pas un sujet sur lequel on a travaillé. En revanche, il y a une forte population portugaise, et de nationalité portugaise, qui s’installe…»
Les jeunes qui ont grandi dans ces villages, mais qui ne sont pas frontaliers, ne peuvent plus accéder à la propriété et sont obligés de partir plus loin.
Cette immigration lusophone ne se concentre pas uniquement sur Audun-le-Tiche. Ainsi, dans son rapport publié en octobre dernier, l’Agence d’urbanisme et de développement durable (Agape) Lorraine Nord indique qu’entre 2013 et 2018, «le flux s’est complètement transformé». Ainsi, «les ressortissants français (NDLR: en provenance du Luxembourg) ne constituent plus que 37% de ce flux, sous l’effet d’une très forte hausse des autres nationalités: +74% pour les Luxembourgeois, +76% pour les autres nationalités mais surtout +134% pour les ressortissants portugais.»
Dans ce même rapport de l’Agape, on s’aperçoit que le Pays Haut-Val d’Alzette (communauté de communes regroupant Audun-le-Tiche, Aumetz, Boulange, Ottange, Russange et Rédange) a vu son flux migratoire depuis le Luxembourg augmenter, entre 2013 et 2018, de 90%! Soit 63,9% de son flux migratoire total.
En attendant la sortie de terre des 8.300 logements à Micheville, des terrains constructibles dans le secteur, sur cette zone minière, se font rares. Et donc précieux. S’il souligne que «cette valorisation du patrimoine a permis de compenser le retard qu’il y avait avec le Grand-Duché», Christophe Borbiconi considère «disproportionnée» une constante augmentation devenue néfaste pour une tranche de la population locale. «Les jeunes qui ont grandi dans ces villages, mais qui ne sont pas frontaliers, ne peuvent plus accéder à la propriété et sont obligés de partir plus loin.» Bref, de s’exiler à leur tour.
Été dernier. Employée dans le domaine de la finance («la voix royale au Luxembourg») et propriétaire d’une maison de maître de 165m2 habitable à Luxembourg-ville, Amélie* (52 ans) quitte un Grand-Duché où elle a posé ses bagages à 24 ans. Son départ ne s’explique pas prioritairement par l’inflation immobilière dont elle a, d’ailleurs, bénéficié pour franchir le pas et gagner en qualité de vie. Ainsi, la revente de sa maison, «cinq fois plus chère que son prix d’origine», lui a permis se dégoter «un superbe appartement avec une terrasse de 100m2» dans la vallée de la Fensch. «Je l’ai payé 360.000 euros. Au Luxembourg, il vaudrait 2,5 millions…»
Malgré la route, je ne retournerai pas vivre à Luxembourg. J’avais besoin de retrouver ma culture, son humour
Ce départ lui permet aussi de découvrir les «joies» des bouchons sur l’A31, des trains bondés et autres aléas de la SNCF. Toutefois, elle dit ne pas regretter sa vie d’avant. Ni ce pays dont elle n’apprécie guère l’évolution et dans lequel elle s’est toujours «sentie comme la ”französe”». Célibataire, et mère d’un enfant de 10 ans, en proie à quelques difficultés d’apprentissage de l’allemand, Amélie songea un temps à l’inscrire à Vauban, mais s’y résigna très vite. «Entre la scolarité, la cantine et les deux options, ça me revenait quasiment à 800 euros par mois. Pour un enfant qui est encore en primaire, c’est délirant…»
Mary* (44 ans) a vécu durant douze ans à Kopstal. En 2012, suite à son divorce, elle tente de se trouver un studio. Dans la capitale, à Bonnevoie, mais aussi Bettembourg. «J’en ai vu quelques-uns, mais à chaque fois, il y avait pas mal de travaux et c’était assez glauque», raconte cette commerciale qui met le cap sur Thionville «pour ne pas être dans un bled paumé».
La troisième visite est la bonne: un appartement de 80m2. «Malgré la route, je ne retournerai pas vivre à Luxembourg. J’avais besoin de retrouver ma culture, son humour», assure celle qui, tout comme Amélie, dit ne s’être jamais réellement sentie intégrée au Grand-Duché. «Pourtant, j’étais mariée à un Luxembourgeois. Mais voilà, c’était difficile d’établir des contacts. Même avec les voisins ou la boulangère… Dans ces conditions, c’est difficile de créer des liens. Après, ce n’est que mon avis, qui est très personnel…»
Notre combat est de ne pas devenir une ville dortoir
À Audun-le-Tiche, l’intégration de ces migrants n’est pas sans heurts et suscite parfois quelques conflits de voisinage en raison, comme l’estime Gilles Blasi-Toccareli, d’une «approche culturellement différente». Mais la véritable problématique réside dans la capacité de la commune à absorber cette vague.
«Actuellement, on a dépassé les 7.000 habitants et nous sommes dans une courbe ascendante. Cela veut dire que d’ici 10 ou 15 ans, Audun-le-Tiche aura doublé sa population. Pareil sur l’intercommunalité, on sera à 30 ou 35.000 habitants.» Cette projection le conduit au constat suivant: «Nous devenons la grande banlieue de la métropole luxembourgeoise. Or, notre combat est de ne pas devenir une ville dortoir. Il nous faut donc développer des activités économiques, artisanales, culturelles…»
«La distance, c’est un avantage en termes d’emplois. Mais, si on rentre dans le débat politique-économique-fiscal, on loge les gens sans être capables d’assurer les services derrière : éclairage, voiries, crèches, écoles…» À ce propos, bon nombre de «réfugiés» préfèrent laisser leurs enfants suivre leur scolarité au Luxembourg. Ainsi, selon nos informations, beaucoup de parents déclarent leurs enfants à l’adresse des grands-parents afin de leur permettre de poursuivre leur scolarité au Grand-Duché.
Ce choix, qui s’étend à la majeure partie des communes frontalières, reflète-t-il les limites d’absorption de cette vague migratoire? Gilles Blasi-Toccareli rappelle que son «périmètre ne cesse d’augmenter», et souligne que l’opération d’intérêt national Alzette-Belval doit permettre à Audun-le-Tiche et aux sept autres communes françaises membres (Boulange, Ottange, Villerupt, Thill, Aumetz, Russange et Rédange) de s’intégrer dans le paysage transfrontalier. Dans ce cadre, le projet de Micheville doit permettre la réhabilitation de friches industrielles et la création de 8.600 logements.
513 personnes sur une population de 30.000 habitants, ce n’est pas grand-chose.
Giles Blasi-Toccareli rappelle que l’argent reste le nerf de la guerre. «Nous sommes des communes très pauvres. On ne bénéficie pas du retour escompté, en termes de fiscalité, de résidents qui travaillent à l’étranger. La compensation fiscale reste un grand débat», estime cet ancien employé dans le bâtiment à la retraite. «La Belgique a renégocié récemment une rétrocession fiscale à l’ensemble des communes du territoire belge. On parle de plusieurs millions. Or, la France n’est pas dans cette démarche…»
À Arlon, le bourgmestre Vincent Magnus (68 ans) relativise l’impact dans sa commune de l’immigration luxembourgeoise: «513 personnes sur une population de 30.000 habitants, ce n’est pas grand-chose.» Selon lui, 60% de ses concitoyens actifs sont frontaliers. Ce qui a permis à Arlon de percevoir en 2022 quelque 8.657.412,45 euros de compensation.
Question compensation, les réfugiés économiques venus du Grand-Duché ont su trouver la parade à l’explosion immobilière. «On commence même à avoir des demandes de Luxembourgeois qui veulent s’installer dans la Meuse ou y avoir une maison secondaire, confie Christophe Borbiconi. Bon, c’est vrai que là-bas, tu peux avoir une maison avec 10 ares de terrain pour 30 ou 50.000 euros…»
*Prénom d’emprunt.
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