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« L'orientation devient un boulot à temps plein ! » : témoignage d'une professeure de Philosophie – Studyrama

Le « Nouveau lycée » a pour objectif d’éviter les erreurs d’orientation post-bac et d’être un véritable « tremplin vers le supérieur ». Si les derniers rapports rendus au ministère de l’Éducation nationale dressent un bilan positif, les avis des enseignants sont moins enthousiastes. Nous avons rencontré Sophie, professeure de philosophie, qui nous fait part de son désarroi.
Propos recueillis par Orane Dorr
En 2019, les anciennes séries (S, ES et L) disparaissaient au profit d’un « Nouveau lycée » : un tronc commun et des enseignements de spécialité « pour que chacun approfondisse ses connaissances et affine son projet d’avenir dans les domaines choisis », selon le ministère.
La réforme suppose que les enseignements de spécialité soient déterminants pour l’avenir des élèves qui en font le choix, dès la fin de la Seconde. Les rapports de l’IGÉSR (Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche) et du SIES (Syndicat Indépendant de l’Enseignement Supérieur), dressent un bilan montrant l’impact positif de la réforme sur l’orientation des élèves. Pour en savoir un peu plus, nous avons tendu notre micro à Sophie, professeure de philosophie dans un lycée parisien qui nous éclaire de son expérience du terrain sur ces questions d’orientation.
istock 1278445184« Précisément, ça ne l’est pas pour moi. Je trouve que ça va à l’encontre de ce qui est censé être une perspective d’éducation qui, jusqu’à la Terminale, doit pouvoir envisager les multiples facettes de l’instruction. Donc je ne vois pas comment on pourrait déjà sélectionner en Seconde quelque chose qu’on ignore totalement.
En fait, ce qui se passe aujourd’hui est totalement en contradiction avec ce qui attend les jeunes : la nécessité, contrairement à leurs aînés, de devoir changer de métier, de se former à nouveau, de se déplacer énormément mais qui rétrécit leurs possibilités dès le départ. Dès la 3e ils sont dans un stress, une angoisse pour la plupart. On leur demande de décider de leur avenir à 15 ans en choisissant 3 spécialités, c’est une pression terrible sur des épaules si jeunes ! Et en Terminale c’est aussi un gros problème de décider d’un parcours dans l’enseignement supérieur. Tout cela ne suscite que stress et angoisse et rend l’apprentissage d’autant plus difficile. »
« Sur la base de mon observation et des statistiques, tout montre que ce n’est pas le cas.
Je reviens sur ce Parcoursup qui est devenu déterminant dans une classe de Terminale. On incite les élèves à prendre en considération cette plateforme dès la Première, à préciser leur projet professionnel. Cette échéance arrive au mois de mars de Terminale. Cela suppose que les universités, les écoles post-bac auront, pour juger la qualité des candidats, seulement 2 trimestres. Dans ma matière, j’ai 9 mois d’enseignement, le temps d’une gestation. Et au bout de 6 mois, forcément c’est un avorton qu’on met au monde… En mettant les spécialités en mars, on évalue les élèves sur les acquis des deux premiers trimestres et sur l’année de Première. Autant dire que leur avenir post-bac se joue uniquement sur 2 trimestres, sans compter les connaissances et les progrès qu’ils auraient pu faire le reste de l’année…
Les universités, les Grandes écoles, l’enseignement supérieur en général ne s’y retrouvent pas non plus dans ces critères de sélection qui sont confus. Chacun agit à sa manière, envisage ses propres prérequis. Il y a par ailleurs une sélection sur les zones géographiques et sociales. On est dans un accroissement des inégalités, les facs n’étant plus ouvertes à tous, même les filières non-sélectives le sont devenues puisqu’il n’y a pas de possibilité d’accueil suffisant. Et ceux qui ont choisi la voie technologique ou professionnelle en pâtissent le plus car ils n’ont pas la possibilité de se raccorder sur d’autres types d’études. L’inégalité de classe s’accroît davantage  ! »
Pour en savoir plus sur les spécialités du Bac les plus adaptées à votre future formation, sur Parcoursup et sur les études supérieures en général, nous vous donnons RDV sur nos salons Studyrama des Études Supérieures organisés à travers toute la France.
Une occasion unique de découvrir les établissements et d’échanger avec les responsables pédagogiques pour leur poser toutes vos questions !
« J’ai bénéficié d’une formation à l’époque d’APB, il y a donc 5 ans. Depuis, non. Cette année il n’y en a pas eu de proposée : les néo profs principaux n’ont donc pas été formés.
En ce qui concerne le doublement du prof principal, oui c’est dans les textes. Dans les faits, je n’en ai pas profité car les seules disciplines pouvant assurer une présence et connaître les 35 élèves d’un groupe (car on ne dit plus « classe »), ce sont l’histoire-géographie et la philosophie. Les spécialités ont fait éclater les classes traditionnelles, tous les élèves sont mélangés. Si des profs d’histoire ou de philo déclinent l’invitation à être prof principal – et on peut le comprendre – on reste seuls face à 35 élèves. Sachant que mon emploi du temps n’a pas été organisé pour accueillir des heures de vie de classe ; je dois donc prendre sur mes propres cours. Alors je pourrais faire des heures supplémentaires (sachant qu’elles sont bien moins payées que les heures normales…) mais encore faut-il trouver le temps avec les élèves d’avoir une disponibilité commune… Par exemple dans l’emploi du temps de ma classe de Terminale c’est impossible ! »
istock 1278975817« Si on voulait faire les choses bien, si tout avait été mis à notre disposition (2 professeurs principaux, heures de vie de classe etc.), on devrait faire passer un entretien aux élèves 2 fois dans l’année : en début d’année pour les motiver, voir s’ils ont un projet ou pas. Ensuite, être le relais, pendant l’année, des « psyEN » (c’est-à-dire les conseillers d’orientation-psy dans les établissements scolaires) qui sont, dans mon lycée, 2 pour 8 Terminales de 35 élèves et qui travaillent aussi dans les CIO (qui tendent à disparaître…)
Il faut aussi être derrière eux pour qu’ils s’inscrivent. Ce matin encore, à 6h du matin j’étais sur Parcoursup pour voir qui s’était inscrit ou pas pour envisager éventuellement une inscription prise sur mes heures de cours pour m’assurer qu’ils aient au moins ouvert le site.
La tâche devient terriblement lourde d’autant plus qu’elle nous affecte en tant qu’enseignants car on voit ces jeunes en difficulté. On doit déjà envisager de les intéresser et de les motiver en cours mais ils sont absorbés, 3 mois durant – si ce n’est plus– par cette histoire de Parcoursup !
Ensuite, ils seront forcément inquiets par les résultats. Ils ont l’impression en fait, une fois qu’ils ont eu un résultat positif, qu’ils ont eu le Bac ! C’est un vrai leurre parce que s’ils n’ont pas leur Bac à l’arrivée, ils n’auront pas non plus leurs vœux Parcoursup ! Ce qui suppose un autre défi du côté des enseignants que de les maintenir dans une logique de travail… Et si les épreuves de spécialités de mars se passent bien, qu’ils ont eu des réponses favorables de leurs vœux Parcoursup, et que le contrôle continu est correct ; ils se disent : « à quoi bon la philo et le Grand oral en juin ? » .
«Dans le contexte d’un maintien de la réforme, oui il était raisonnable de repousser les épreuves de spécialités, car cela engendrait une situation trop inégalitaire face aux problèmes sanitaires. J’ai par exemple un élève qui n’est pas venu en cours durant tout le mois de janvier. Entre les contaminés et les cas-contacts, les absences peuvent être très longues, cela ajouté aux vacances de Noël
D’autre part, les profs sont aussi des êtres humains, pouvant eux aussi être malades, ce ne sont pas seulement des fainéants (rires) ! Et, à cet égard il y a des absences aussi de leurs côtés. Il y a eu d’énormes perturbations dans les cours et notamment ceux de spécialités du Bac. Je voyais mes collègues dans un état d’épuisement, pris dans une course effrénée pour essayer de compenser, de boucler le programme, finalement au détriment d’une bonne compréhension qui réclame le temps… Le stress est permanent depuis la réforme. Rien n’est fait pour nous mettre dans des dispositions d’enseignement correctes. Les élèves sont réduits à une hyper-évaluation qui est permanente. C’est au détriment de l’instruction et surtout sur la capacité de comprendre pour les élèves. »
fille etudie« Le seul conseil que je puisse donner c’est de justement prendre en considération qu’il s’agit de leur vie et qu’elle leur appartient. Ils sont souvent angoissés du fait de ne pas s’inscrire et sont grandement démunis. On voit aussi les inégalités se creuser car il y a les familles qui accompagnent mais il y a celles qui n’ont pas les moyens d’accompagner. Bien entendu, c’est aussi le rôle de l’institution mais encore faut-il avoir le temps pour le faire ! Parce que l’orientation devient un boulot à temps plein.
Les élèves sont en souffrance et de fait, les professeurs souffrent de les voir dans cet état et de ne pas pouvoir vraiment avoir ces moyens d’accompagnement. Je les incite à se rendre aux différents salons d’orientation, dans les centres d’information aussi, à s’inscrire, à faire des choix, des tests d’orientation, à essayer de déterminer une orientation post-bac en fin de compte, mais j’ai aussi envie de les amener à penser que leurs choix de spécialités ne les engage pas pour toute la vie, que rien n’est définitif et qu’ils ont aussi un peu le droit à l’errance. Il faut qu’il y ait du désir pour qu’il y ait de l’élan ! »
studybac   philosophie
A LIRE : PHILOSOPHIE – TRONC COMMUN – TERMINALE
• L’essentiel du cours à retenir
• Des jeux pour s’entraîner et mémoriser
• Une synthèse graphique ou carte mentale pour retenir les fondamentaux
Conformes aux programmes du nouveau Bac, ces cahiers ont été conçus par des professeurs sensibles à une méthode d’apprentissage issue de la pédagogie positive.
Ils comprennent l’essentiel à connaître, et proposent de nombreux jeux et exercices, ainsi que des cartes mentales ou des synthèses visuelles propices à la stimulation, la motivation et la concentration.
À vous de jouer

Disponibles en librairie (FNAC, Amazon, Cultura…) ou sur la librairie Studyrama.
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